Accueil


ADMINISTRATION n. f. 

Action de diriger, de conduire, de coordonner dans l'ensemble les affaires publiques ou particulières. Dans le privé, chacun administre ses affaires comme il lui plaît, quitte à encourir les sanctions que comporte toute dérogation aux lois et règlements. Du point de vue national et international, l'Administration publique est, dans son acception la plus large, l'ensemble des pouvoirs et fonctions qui gèrent la commune, le département, la nation et qui fixent les rapports d'un pays avec les autres pays. C'est cet ensemble de dispositions, de manières d'être, d'attitudes, de relations qui déterminent ce qu'on appelle couramment la politique intérieure et extérieure d'un Etat. En principe, chaque administration a pour objet de diriger, en vue de l'intérêt de tous, les grands services publics : état civil, finances, police, justice, armée, enseignements, travaux publics, commerce, postes, transports, agriculture, etc., etc. En réalité, l'Administration - qui se confond avec la bureaucratie (voir ce mot), laquelle en est l'expression pratique, fait peser sur tous le poids écrasant des impôts, des tracasseries, des inquisitions, de la surveillance et des condamnations. Toutes les administrations sont hiérarchisées à l'excès, en descendant d'un ministère et d'une direction générale jusqu'aux agents subalternes. L'administration est la forme anonyme que prend le Pouvoir central pour réduire, sous couleur de protection, à la plus minutieuse servitude tous les habitants d'un pays. Voici ce qu'en dit, sous la signature d'André Girard, le dictionnaire La Châtre : 

"Quand le pouvoir autocratique déclina, la puissance de l'administration s'accrut. Elle est la réalisation de cette puissance despotique qui s'appelle l'Etat. Elle n'est que la marque hypocrite de la tyrannie ; car elle se revendique, en démocratie, de la volonté nationale, tandis qu'elle n'est que l'ensemble des rouages qui broient et annihilent cette volonté. On ne peut faire un pas dans la vie sans être tributaire de cette administration : la naissance, le mariage ; la paternité, la mort sont, pour celle-ci, l'occasion d'autant d'actes signés, paraphés, légalisés, authentifiés, enregistrés, que l'on prétend réclamés par l'intérêt de la Société. A quelque rang de l'échelle sociale qu'on se trouve placé, quelque profession, commerce ou industrie que l'on exerce : agriculteur, manufacturier, commerçant, elle se trouve constamment devant nous, derrière nous, ou à côté de nous, enserrant dans les milles rets dans lesquels elle immobilise les énergies et paralyse les initiatives. Le préjugé qui fait d'un état civil rigoureux le critérium de la civilisation est une des pires aberrations qui aient jamais frappé l'esprit humain. L'Etat Civil n'a d'autre effet que d'enchaîner l'individu, plus étroitement qu'il ne l'a jamais été, d'en faire un numéro, un rouage à la merci du pouvoir, lequel n'est, lui-même, que le serviteur de la ploutocratie. Avec leur enregistrement méticuleux, leur état civil, leur administration indiscrète et tracassière, les sociétés modernes étouffent l'individualité au profit d'une classe d'oppresseurs. Il y a lieu de s'étonner que tant de personnes croient indispensable au bon fonctionnement de la société cette lourde machine qui écrase les forces vives d'un peuple. Cependant, l'administration et les fonctionnaires et agents qui la composent n'accomplissent rien de surnaturel ou de particulièrement spécial. Tout ce qu'ils font ne pourrait-il être fait, en chaque ordre de choses, directement par les intéressés eux-mêmes? La suppression de l'Etat - qui n'est qu'une répartition sur une foule de têtes du pouvoir royal d'autrefois, ce qui en augmente considérablement le poids - aurait l'immense avantage, tout en nous débarrassant d'une foule d'oisifs et d'inutiles, de remettre entre les mains de chacun la gestion de ses propres intérêts. Or, ne sommes-nous pas, chacun en ce qui le concerne, plus aptes que qui que ce soit, à discerner ce qui nous est le plus profitable? En nous débarrassant de ce joug écrasant, nous réaliserions d'immenses économies et nous verrions nos affaires opérées désormais dans le sens de nos véritables intérêts. "

On confond assez souvent, à tort, les mots : Administration, Gouvernement, Régime. Le Gouvernement dirige la chose publique : il ordonne. Le Régime est la règle, la ligne de conduite définie, fixée par le Gouvernement, le mode politique sous lequel on vit : par exemple, le régime républicain, monarchique, constitutionnel, libéral, dictatorial, socialiste. L'administration est la manière de mettre pratiquement à exécution ce qui est ordonné par le Gouvernement et édicté par le Régime.