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AGITATEUR n. m.

L’agitateur est celui qui, par la parole et par l’écrit, réveille les masses populaires, leur dénonce les iniquités dont elles sont victimes et leur enseigne la révolte consciente. Pour être un véritable agitateur, il faut souvent avoir un tempérament d’apôtre. Il faut ne craindre ni la misère ni les persécutions. Il faut être prêt à subir toutes les vexations et toutes les brimades. Il faut ne pas craindre de risquer sa liberté et sa vie au service des opprimés. C’est là, on le voit, un âpre apostolat. L’agitateur doit savoir répandre la bonne parole dans les villes et dans les campagnes, à l’atelier et aux champs, partout où peine la classe laborieuse. Mêlé à la masse anonyme des travailleurs, il doit éveiller chez les uns le désir de liberté et, chez les autres, ranimer l’esprit de lutte. Il doit dépenser son énergie à faire naître et se développer des consciences neuves. Il doit soutenir l’indignation justifiée des humbles et défendre sans répit les droits du travailleur. L’action d’un véritable agitateur peut être, en certaines circonstances, d’une portée considérable, car son rôle ne se borne pas à dénoncer publiquement les iniquités du Gouvernement, de la Magistrature, de l’Église qui, ouvertement ou hypocritement, sont toujours les complices des Puissances d’argent et les serviteurs des Maîtres politiques. Quand l’effervescence à laquelle, par la flamme de ses exhortations, il a contribué, prend une tournure grave, quand elle éclate sous la forme de grève, de manifestation sur la voie publique, d’émeute ou d’insurrection, il a pour devoir de payer de sa personne, de donner l’exemple, de stimuler les énergies défaillantes, d’entraîner à la bataille les hésitants, de relever les courages qui faiblissent, d’être parmi les plus vaillants et de se porter au cœur même de la mêlée.

L’agitateur qui, l’heure venue de mettre en pratique les conseils donnés par lui à ses camarades ou à ses frères de misère, se déroberait aux responsabilités, éviterait les risques et fuirait, le danger, se disqualifierait et se déshonorerait à jamais.

Telle est la tâche que doivent s’assigner les agitateurs révolutionnaires. Celui qui ne se sent pas la force d’aller jusque-là doit renoncer à devenir un agitateur.

Grand est le nombre des anarchistes qui ont été de puissants agitateurs ; plusieurs ont exercé sur la foule une influence énorme ; le courage allié au sang-froid, la promptitude dans les décisions à prendre et le coup d’œil qui se rend compte rapidement de l’action que réclament les événements d’une part, et l’état d’esprit des masses en proie à l’agitation sont les qualités essentielles de l’agitateur en période d’action révolutionnaire.

La classe ouvrière n’a pas de meilleurs amis ni de plus ardents défenseurs que les agitateurs anarchistes.

Georges VIDAL.