ANATOMIE n. f. (du grec ana, à travers et tomé, section)
C'est l'étude de la structure des êtres organisés, à l'aide de la dissection. Dans un sens plus général et plus étendu, c'est l'étude des corps organisés, soit végétaux, soit animaux, pour nous faire connaître les organes et les parties élémentaires qui entrent dans la composition de ces êtres, non seulement au point de vue de leurs formes, de leur structure, de leurs connexions et de leurs propriétés physiques, mais encore sous celui de leur structure intime, de leurs propriétés chimiques, de leur développement et de leurs altérations. Cette science est la base de toutes celles qui ont pour objet les organismes vivants, telles que les sciences zoologique, physiologique et médicale qui lui sont redevables de tous leurs progrès. Considérée ainsi, l'anatomie embrasse un champ immense, dont les divisions et subdivisions forment tout autant de sciences qui portent des noms spéciaux composés du nom du sujet dont cette science s'occupe et du mot tomie, qui signifie section, ou bien encore, elles gardent le nom générique d'anatomie modifié par un terme spécial. L'anatomie est dite descriptive quand elle étudie et décrit les organes les uns après les autres et indique leur poids, leur forme, etc.; elle est dite générale, quand elle étudie les tissus et non les organes ; elle est pathologique quand elle étudie les lésions dues aux maladies ; topographique, quand elle se limite à une région déterminée. On la dénomme comparée, quand elle concerne l'étude d'un organe dans la série des êtres. Enfin, l'anatomie végétale s'occupe des tissus végétaux.
L'anatomie a été étudiée par les anciens.
Parmi les causes qui ont retardé ses progrès, on doit surtout citer les
préjugés religieux fort répandus dans l'antiquité et dont le
christianisme hérita (comme de tant d'autres choses). Il faut venir
jusqu'à Aristote pour trouver un véritable anatomiste ; encore n'est-on
pas certain qu'il ait disséqué des cadavres humains. Il est, toutefois,
le véritable créateur de la zoologie comparée et, en quelque sorte, le
fondateur de l'anatomie générale dont il jeta les fondements. Après
Aristote, c'est l'école d'Alexandrie qui, sous les Ptolérnées, enseigne
l'anatomie. C'est là que Protagoras va l'étudier et donner le nom
d'artères aux vaisseaux qui partent de l'aorte. Hérophile distingue les
nerfs des ligaments et découvre qu'ils président aux sensations et aux
mouvements. Deux siècles plus tard, les travaux de Galien de Pergame
témoignent d'immenses recherches et d'une remarquable sagacité. Mais
Galien n'opère que sur des singes ; de là, des erreurs qui entravent la
science aussi longtemps que persiste la foi dans le Maître : quatorze
siècles environ. Enfin, Vésale vint qui affranchit l'anatomie, en
ruinant la réputation de Galien. Depuis, elle a marché d'un pas rapide.
Au XVIe siècle, la Faculté de Médecine de Paris obtint le droit de
prendre le cadavre des suppliciés. Servet découvre la petite
circulation. En 1619, l'anglais Harvey découvre et démontre la
circulation du sang ; l'italien Aselli et le suédois Rudbeck font
connaître les vaisseaux lymphatiques et chylifères. En 1637, le
hollandais Swammerdam écrit la Bible de la Nature. En 1638, le
hollandais Leuwen-Loeck découvre le monde microscopique. Au
commencement du XIXe siècle, l'illustre Bichat publie l'Anatomie
générale appliquée à la physiologie et à la médecine, ouvrage conçu et
exécuté avec tant de maîtrise que, malgré quelques erreurs de détails,
c'est encore le meilleur qu'on connaisse. Puis, Cuvier étonna le monde
savant en démontrant que le globe avait été peuplé par des races
d'animaux éteintes et en reconstituant le squelette de ces animaux à
l'aide de débris dispersés. (Voir le mot « Paléontologie ».) L'anatomie
doit encore beaucoup et d'immenses progrès aux travaux des Geoffroy
Saint-Hilaire, Lamarck, Tenon, Béclard, Milne Edwards, Auzouk, Carl
Vogt, Owen, Malgaigne, etc.