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APOLOGUE n. m. (du grec : apo, sur et logos, discours)

L’apologue est une fable, c’est-à-dire un récit allégorique, dont la fiction sert à voiler une moralité. Les fables de La Fontaine, que tout le monde connaît, sont des apologues. Il existe des apologues qui sont un véritable enseignement pour l’enfant et pour l’homme, mais il en existe peu. Car l’apologue, qui est une excellente arme de persuasion insidieuse, a été beaucoup trop employé par les castes dirigeantes, au mieux de leurs intérêts. Les éducateurs savent, en effet, la puissance de ces récits fictifs sur les cerveaux impressionnables des enfants. Par un usage savant de l’apologue, on peut facilement susciter chez l’enfant une admiration tenace pour certains gestes et certaines idées en même temps qu’une hostilité ou un dégoût non moins tenace pour les gestes et les idées que l’on veut discréditer. Les morales bourgeoises ont toujours fait grand cas de l’apologue et ont toujours su s’en servir méthodiquement. Les origines de l’apologue remontent aux temps les plus éloignés. La tradition attribue la paternité des fables dites indiennes à des auteurs légendaires tels que Pilpay et Lokman ; elles remontent à un original sanscrit : LePantchatantra (les cinq livres), œuvre de Vichnou Sarma. Chez les Grecs, on peut considérer Hésiode (VIIIe siècle avant J.-C.) comme un des premiers fabulistes - peut-être même le premier (Hésiode est l’auteur de la fable :L’Epervier et le Rossignol). Viennent ensuite les célèbres fables d’Esope, esclave phrygien du VI° siècle avant J.-C, qui, rédigées en prose, furent traduites en vers iambiques par Babrios (IIIe ou IIe siècle avant J.-C.). Chez les Latins, le fabuliste le plus connu est Phèdre, qui se borne à reprendre et à remanier les fables d’Esope. Ce dernier devient très populaire, grâce aux diverses traductions et adaptations latines : au Moyen-Age on appelle Ysopets les recueils de fables. Après les fables de Marie de France (XIIe siècle), nous arrivons à la Renaissance, où Clément Marot et Mathurin Régnier furent les véritables précurseurs de La Fontaine. Sur ce dernier, qui est considéré comme le maître du genre, nous n’insisterons pas. Citons après lui : Perrault, Senecé, Florian, etc... A ce moment la fable tend à devenir une forme de l’épigramme (notamment celles d’Arnault, Lachambeaudie, etc...). A l’étranger, citons les principaux fabulistes : Angleterre : Gay, Johnson, Moore ; Allemagne : Lessing, Gellert, Hagedorn, Pfeffel ; Hollande : Jacob, Katz ; Espagne : Ruyz de Hita, Yriarte, Samaniego ; Italie : Pignotti ; Russie : Krilov. (Voir le mot «  Fable  »).