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ATELIER n. m.

L’atelier est un des lieux où s’exécute le travail. Il y a de très nombreuses formes d’ateliers, selon que le travail s’effectue en commun ou isolément. Les autres lieux de travail sont le chantier, le bureau, le magasin, le comptoir, la gare, le port, etc., etc.

De nos jours, le mot atelier a pris une signification plus sociale qu’autrefois. C’est généralement dans l’atelier que la matière est transformée ou employée à l’infini dans tous les domaines de la, production.

L’atelier comme tout ce qui nous entoure a évolué, s’est modifié. Aujourd’hui, l’atelier évoque une ruche bourdonnante, assourdissante où s’exerce l’effort industriel des hommes.

Sans doute, il subsiste bien dans presque toutes les professions des ateliers où le producteur-artisan, aidé parfois des siens, exerce son métier, mais il n’empêche que l’atelier est bien, avec son caractère actuel, un centre industriel, ayant un fonctionnement compliqué, dont l’activité est liée étroitement, pour la fabrication, avec d’autres ateliers. L’ensemble des ateliers dans une même branche d’industrie forme l’usine, centre complet de fabrication dans une spécialité déterminée.

L’atelier est donc, en fait, le lieu où s’effectue un certain travail sérié dans une industrie. spécialisée. Chaque atelier joue un rôle particulier, possède un outillage différent de l’atelier voisin.

La matière passe par toute une série de transformations qui sont l’oeuvre d’ateliers différents avant d’être livrée, finie, en produit au consommateur.

L’interdépendance des ateliers, leurs spécialisations, ont eu pour résultat de créer, sur le lieu même du travail, un esprit de collaboration entre les ouvriers, en même temps que de donner naissance à toute une série de « sans-métier » qui, réunis, forment la profession. Il n’y a presque plus, aujourd’hui, d’ouvriers complets, ce sont des « spécialistes » qui prennent souvent le nom de « manoeuvres spécialisés » qui, généralement, n’ont pas fait, au préalable, un « apprentissage » de leur métier. Les ouvriers complets sont, par rapport aux « manoeuvres spécialisés », appelés « ouvriers qualifiés », comme aux Etats-Unis, en Angleterre, par exemple. Ces ouvriers qualifiés dirigent le travail des manœuvres spécialisés. Ce sont les chefs de brigade, les chefs et sous-chefs d’équipe qui sont responsables vis-à-vis du contremaître et celui-ci vis-à-vis du chef d’atelier ou de fabrication.

Il y a donc dans l’atelier toute une hiérarchie capitaliste du travail qui obéit à un maître occulte, anonyme, le Bureau, qui commande tout, dirige tout. Chaque atelier possède son bureau particulier, mais celui-ci dépend en toutes circonstances d’un Bureau central qui reçoit, lui, les ordres directs du patron ou du Conseil d’Administration, cette autre force anonyme, que l’ouvrier ne voit jamais, qui commande de loin, en accord avec tous les autres Conseils d’administration des firmes similaires, lesquels régissent en fait toute l’industrie d’un même pays et, souvent, de tous les pays, par leurs Trusts ou Cartels.

Une telle transformation de la cellule de base de la production qu’est l’atelier a fait de ce dernier un centre d’activité tant au point de vue industriel qu’au point de vue social.

Dans ce dernier domaine, les ouvriers ont compris - très incomplètement encore - qu’ils devaient modifier profondément le caractère de leurs organismes de défense ou de pénétration de classe.

C’est ainsi qu’est née l’idée des Conseils d’Ateliers, appelés à leur origine, en Allemagne, en 1891, « Conseils d’entreprises ».

On retrouvera à ce sujet une documentation précise en se référant à l’ouvrage écrit par M. Marcel Berthelot en février 1924 (Série D, n° 13, des Etudes et Documents du Bureau International du Travail.) Diverses expériences furent faites aussi en France, pendant la guerre ; en Italie, en 1921 ; en Hongrie et aussi en Russie où ces organismes sont censés constituer la cellule de base de la vie industrielle.

Une étude précise et complète autant que possible sera d’ailleurs faite à ce sujet. Elle prendra place à son rang dans cette encyclopédie.

La transformation subie par l’atelier industriel moderne, son caractère, son rôle, son fonctionnement, exigent impérieusement que le monde ouvrier modifie profondément ses organes d’attaque et de défense. C’est, pour lui, une question de vie ou de mort. Tout retard est utilisé su maximum par l’adversaire qui, lui, ne perd pas un instant.

Aujourd’hui, il s’agit non seulement de saisir le fonctionnement de l’atelier, d’en pénétrer la gestion dans tous les rouages, mais encore d’opposer, su sein même de l’atelier, la force ouvrière à la force patronale. Les Conseils d’ateliers, sous le contrôle syndicat, doivent devenir les citadelles prolétariennes pour l’attaque ou la défense.

C’est par la pénétration constante, méthodique, tenace, de la force syndicale dans l’atelier, c’est par l’institution des Conseils d’ateliers, des délégués d’ateliers qu’on fera naître et se développer, sur le lieu même du travail, la solidarité et la cohésion plue grandes des ouvriers.

C’est par le fonctionnement rationnel des Conseils d’ateliers et l’action de leurs délégués que s’exercera réellement, sans compromission aucune avec le patronat ; le contrôle syndical de la production, la revendication la plus complète de la classe ouvrière puisqu’elle va du droit de regard à la prise de possession de l’usine en passant par l’apprentissage de la gestion.

A titre documentaire, nous signalons qu’il y eu, en 1848, après la Révolution, des Ateliers nationaux qui furent constitués dans le but de fournir du travail aux chômeurs, dont le nombre était énorme pour l’époque. Mal dirigés, ils donnèrent de mauvais résultats. Ils furent supprimés après quelques jours d’existence par la loi Falloux.

Il y a encore des ateliers d’un genre particulier qui sont des lieux d’abominables souffrances, où l’on enferme de pauvres soldats pour des peccadilles, ce sont les Ateliers des Travaux Publics.

Avec les Compagnies de discipliné, les Bataillons d’Afrique, les Ateliers des Travaux publics, situés en Algérie et Tunisie, forment l’ensemble de cet appareil de répression militaire connu sous le nom général de Biribi. La suppression vient d’en être décidée, en Afrique, par le gouvernement. Puisse-t-on, bientôt, passer des paroles aux actes ! Et les supprimer en France. Voir Conseil d’Atelier, délégué d’atelier, contrôle syndical de la production, usine, Conseil d’usine, chantier, délégué de chantier, magasin, délégué de magasin, Bureau, délégué de Bureau.

P. Besnard

ATELIER n. m.

L’atelier est le lieu où travaillent des ouvriers, des artistes, etc. De nos jours où l’artisanat a presque totalement disparu, ce sont des ateliers immenses qui alimentent généralement l’industrie. Ces ateliers où les ouvriers restent parqués pendant de longues journées sont presque toujours malsains et incommodes. Le patron, ne se souciant pas de la santé de ses employés, économise la place autant qu’il lui est possible. Aussi n’hésite-t-il pas à faire travailler son personnel dans des locaux pitoyables. Il existe bien des mesures législatives réglementant l’hygiène et la sécurité des travailleurs dans les ateliers, mais on oublie toujours d’appliquer ces sages mesures : les loups ne se mangent pas entre eux, les loups de la politique se gardent bien d’inquiéter les loups de l’industrie. Pourtant, l’atelier étant un lieu où des hommes fournissent un labeur utile et cela pendant de longues heures, il est intolérable que celui qui y travaille n’y puisse trouver toutes les commodités et la salubrité désirables. Les ateliers devraient être vastes, hauts de plafond, toujours tenus très propres, bien aérés, bien éclairés. Dans les cas où il se dégage des gaz asphyxiants ou toxiques (phosphore, oxyde de carbone) il faudrait, soit au moyen de cheminées d’appel, soit au moyen d’appareils clos et étanches, empêcher la diffusion de ces gaz. Il faudrait, en outre, éliminer les poussières dégagées par certaines industries et prévenir leur pénétration dans les voies respiratoires. Il faudrait aussi prendre beaucoup d’autres mesures. Mais cela ne sera possible que le jour où les ateliers n’appartiendront plus à des industriels rapaces qui préfèrent sacrifier la vie et la santé de leurs ouvriers à l’accroissement de leurs dividendes. C’est cette tâche - entre mille autres - que les anarchistes auront à coeur de mener à bien au lendemain de la Révolution sociale.