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BAGNE n. m. (de l’italien bagno : bain)

Lieu où étaient enfermés les forçats, dans un port. Lieu où, aujourd’hui, des condamnés subissent encore la peine des travaux forcés : Guyanne, Nouvelle Calédonie . - Notons ici quelques détails principaux sur l’historique des bagnes. Au XVII° siècle et pendant la première partie du XVIII°, une des peines criminelles était celle des galères, qui consistait à ramer sur les galères de l’État. Mais les progrès de la marine à voile firent abandonner les bâtiments à rames, et les galériens furent internés dans certains ports. Il y avait des bagnes à Toulon, Brest, Rochefort et Lorient, celui-ci réservé aux soldats et marins. Le forçat était marqué au fer rouge sur l’épaule, et vêtu d’une livrée spéciale : casquette rouge, pantalon jaune foncé, bonnet rouge ou vert, suivant qu’il était condamné à temps ou à perpétuité. De plus, on lui mettait au pied une manille ou anneau de fer, munie d’une chaîne. Ces bagnes furent supprimés de 1830 (Lorient) à 1873 (Toulon) . Et on transporta les forçats dans les colonies. Tous les esprits généreux se sont maintes fois élevés contre l’infamie des bagnes. Les anciens ont été décrits et dénoncés par Victor Hugo en des pages qui resteront. Les nouveaux ont indigné tous ceux qui ont pu être témoins des atrocités qui s’y déroulaient. Il n’est, en effet, pas de supplices que les gardes-chiourme n’aient inventés pour exercer leur cruauté sadique sur des malheureux qu’on abandonnait à leur bestialité. L’arbitraire le plus ignominieux s’est donné libre cours dans les bagnes coloniaux.

Deux journalistes, dans des campagnes de presse retentissantes : Jacques Dhur, avant la tuerie mondiale 1914-1918, Albert Londres ensuite, se sont efforcés d’émouvoir l’opinion publique. Devant cette attitude, le gouvernement a dû céder, et il a supprimé les bagnes coloniaux. Désormais, les forçats purgeront leur peine en France, dans les maisons centrales. Certes, ils ne seront plus, de cette façon, livrés à l’arbitraire odieux des gardes-chiourme, et c’est déjà un résultat. Mais c’est loin d’être suffisant, et les anarchistes n’auront de répit, que lorsque les portes des prisons - de toutes les prisons - s’ouvriront toutes grandes.