CHANTAGE
n. m.
Manœuvre qui consiste à abuser de la confiance de quelqu’un, et à lui
extorquer des fonds sous la menace de révéler des secrets qui peuvent
lui être préjudiciables. Le chantage est un acte indélicat au plus haut
point et avilit celui qui en use. Il est cependant entré dans les mœurs
de la vie courante, et s’il constitue un délit puni par les tribunaux,
il est surtout pratiqué sur une grande échelle par ceux qui prétendent
être les défenseurs de l’ordre et de la morale.
Toute la presse bourgeoise vit de chantage. Chantage individuel,
collectif, national, diplomatique, politique. Que de journaux puisent
le plus clair de leurs ressources dans le chantage ! Il leur suffit de
connaître ou de soupçonner les dessous d’une affaire financière
véreuse, un traité diplomatique de nation à nation que les gouvernants
intéressés veulent garder secret, les vices ou les travers d’un homme
politique influent, pour qu’immédiatement, sous la menace de
révélations scandaleuses, on fasse chanter les intéressés.
Que de drames, que de crimes, que de réputations salies, que de vies
brisées ont été déterminés par le chantage ! Il n’y a pas grand-chose à
faire pour se défendre contre lui, car le maître chanteur est un être
sans scrupule pour lequel la fin justifie les moyens, et l’oreille
populaire écoute plus facilement la calomnie que la raison. Engendré
par la boue capitaliste, le chantage exerce une puissance formidable et
pénètre partout. Il faut le combattre comme toutes les armes
jésuitiques et s’éloigner des individus assez malpropres pour s’en
servir.