COTERIE
n. f.
On appelle coterie un nombre d’individus qui s’associent pour soutenir
ou discréditer une œuvre, un individu ou un groupe d’individus. Il y a
des coteries politiques, sociales, commerciales, littéraires.
D’ordinaire la Coterie ne s’embarrasse pas de vains « préjugés » et
emploie tous les moyens qui sont susceptibles de lui assurer le succès.
« La fin justifie les moyens » pourrait lui être appliquée comme devise.
La coterie est dangereuse car elle n’agit pas franchement et cherche
des chemins détournés pour arriver à son but ; elle est un adversaire
redoutable qui se cache parfois sous le masque de l’amitié. I1 faut
donc s’en méfier.
De tous les temps les hommes de réelle valeur furent victimes des
coteries et cela dans toutes les branches de l’activité humaine. En
littérature comme en politique lorsque un artiste ou un homme sincère
se signale à l’attention du public, immédiatement il est entouré des
ambitieux et des incapables qui cabalent contre lui, et cherchent à
l’écraser. On pardonne tout à un individu, sauf son intelligence ; car
c’est une chose qui ne peut s’acheter et c’est sans doute la raison
pour laquelle les hommes de valeur sont les victimes des coteries.
« Que diantre me poussait à vouloir être de l’Académie, moi qui m’étais
moqué quarante ans des coteries littéraires. » (P.-L. Courrier.) On
peut regretter que ce ne fut que lorsqu’il se vit refuser l’entrée de
l’Académie à laquelle il avait posé sa candidature que Paul-Louis
Courrier s’aperçut que cette association de vieillards était une
coterie chargée de veiller au respect de la tradition, et qui rejetait
tout ce qui semblait être imprégné des idées de progrès.
La Coterie, c’est presque l’histoire du monde, nous dit Lachâtre ; et
c’est, hélas ! vrai.
Jusqu’à présent nous avons toujours été gouvernés par des coteries qui
se fichent du bonheur du peuple et ne s’intéressent qu’aux jouissances
de la faible minorité qui nous exploite ; coterie financière, coterie
politique, artistique, littéraire, s’entendent pour asservir notre
corps, notre cerveau et notre cœur. Peut-être est-il temps que cela
change.
Les opprimés n’en ont-ils pas assez d’être depuis toujours soumis à ces
coteries qui font régner leur dictature sur les humains et retardent la
marche des civilisations ? La coterie ne peut être maîtresse du monde
que grâce à la passivité des peuples qui se refusent à penser et à agir
par eux-mêmes et si les hommes avaient un peu plus soin de leurs
propres affaires et un peu moins de lâcheté, les coteries d’incapables
et de profiteurs auraient bientôt fait de nous débarrasser de leur
présence.