DÉLÉGUÉ
adj. et nom
Qui a reçu une délégation ; un délégué syndical ; un délégué mineur ; «
Les délégués furent reçus par le ministre auquel ils présentèrent la
délégation dont les ouvriers les avaient investis ». Le délégué est
donc une personne à laquelle on a transmis ses pouvoirs et qui agit ou
qui devrait agir, non pas en son nom propre, mais en celui de ses
mandants. Les intérêts des délégués doivent s’effacer devant ceux des
groupes qui les ont nommés pour remplir une mission ou un travail
quelconque et ils se doivent d’oublier leur propre personnalité pour ne
songer qu’à l’organisation ou aux individus qui ont placé en eux leur
confiance. Il n’en est malheureusement pas ainsi et il arrive
fréquemment que les délégués trahissent la cause qu’ils étaient chargés
de défendre. Il n’est pas utile d’insister sur le rôle joué par les
délégués populaires qui siègent dans les assemblées législatives et qui
oublient leurs promesses sitôt qu’ils ont franchi le seuil du Forum ;
nous savons l’impuissance du parlementarisme (voir ce mot) et la
sincérité des hommes qui acceptent d’être délégués dans les parlements.
Mais dans la bataille quotidienne entre la bourgeoisie et la classe
ouvrière, dans les conflits d’ordre économique, il est presque
indispensable que le prolétariat entre en contact avec les
représentants du capitalisme et il le fait par l’internédiaire de ses
délégués. Il ne faut pas cacher le danger que présente une telle
méthode d’action car le capital et la bourgeoisie dans leurs rapports
avec les représentants de la classe ouvrière tentent l’impossible pour
détacher la tête du corps et dissocier les intérêts des délégués de
ceux qu’ils représentent. La corruption est une des armes les plus
terribles de la bourgeoisie et il arrive souvent que les délégués
ouvriers se laissent acheter et livrent le travailleur à son
adversaire. Les exemples sont hélas nombreux de chefs d’organisations
prolétariennes qui, tout en affirmant soutenir les intérêts des
ouvriers, manœuvrent de telle façon que ces derniers sont toujours
vaincus et restent les éternelles victimes dans la lutte sociale.
Il serait sage que la classe ouvrière avant de nommer des délégués à
une mission quelconque, s’assurât de leur capacité et de leur sincérité
et se gardât de leur donner des pouvoirs trop étendus. En n’accordant
aux délégués qu’une autorité limitée, en déterminant strictement leur
rôle et leur travail dans une action quelconque, le prolétariat
s’éviterait bien des désillusions et bien des trahisons.