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ECLAIRAGE n. m.

Action d'éclairer, de provoquer un éclat lumineux, de remplacer l'obscurité par la clarté. Un éclairage vif ; un éclairage douteux ; un puissant éclairage. Le meilleur éclairage est celui qui nous est fourni par le soleil; mais, pour la nuit, le génie humain a dû avoir recours à la lumière artificielle.


Depuis le jour où Prométhée déroba le feu du ciel pour animer l'homme formé du limon de la terre, le mode d'éclairage a bien changé et même nos ascendants les plus directs resteraient interdits devant le flot de lumière qui inonde la vie moderne.


Les anciens utilisaient pour s'éclairer des torches de bois enduites de poix ou de résine, ou encore des lampes de formes diverses, en argile, en bronze, et parfois en argent ou en or, alimentées avec de l'huile. Bien que de forme différente, la lampe à huile et les chandelles de suif furent pendant de longs siècles les uniques modes d'éclairage, et il faut attendre le XVIIIème siècle pour voir apparaître une lampe à éclairage un peu plus intense. C'est en 1784 que le physicien suisse, Argand, inventa la lampe à double courant d'air, où la mèche plate est remplacée par une mèche cylindrique, au centre de laquelle peut passer l'air pour activer la flamme. Cette lampe fut plus connue sous le nom de Quinquet, nom du fabricant, que sous celui de l'inventeur.


Bien que la lampe à pétrole fut introduite en Europe vers 1860, ce n'est que cinquante ans plus tard que I'on vit disparaître la lampe à huile.


La lampe à pétrole est encore en usage de nos jours. Mais, dans les grandes villes, elle cède de plus en plus la place à l'éclairage au gaz et à l'électricité. C'est l'électricité qui triomphera de tous les autres modes d'éclairage, car il est le plus propre, le plus pratique et le moins coûteux. D'autre part, l'électricité se transporte .avec une facilité remarquable et ne nécessite pas comme le gaz des conduits coûteux ; c'est ce qui permet aux grandes entreprises de fournir de l'énergie et de la lumière dans les petites communes, ce qui est presque impossible en ce qui concerne le gaz.


L'électricité nous donne différents genres de lumière:

la lampe à arc, composée de deux charbons juxtaposés, maintenus à égale distance par un mouvement d'horlogerie, produit une lumière éclatante, et est surtout utilisée par les grands magasins ou encore dans certaines industries, telles l'industrie photographique ou cinématographique. La lampe à incandescence est d'usage courant ; elle est composée d'un filament de charbon porté à l'incandescence dans une ampoule de verre dans laquelle on a fait le vide ; cette dernière lampe tend à disparaître, remplacée par la lampe à filament de platine, d'osmium ou par les lampes demi-watt qui donnent un éclairage plus brillant. Enfin, au service de la publicité, l'électricité met les lampes à gaz raréfiés, azote ou non, basées sur la fluorescence des vapeurs au passage d'un courant électrique. Nous voilà donc bien loin de la lampe à huile préhistorique et de la modeste chandelle de suif. Et pourtant, à nos yeux, le progrès, ou plutôt l'application des progrès de la science, ne sont pas assez rapides.


Certes, nous n'en sommes plus au temps où Paris n'était pas éclairé et où la capitale était plongée dans la plus complète obscurité sitôt que sonnait le couvre-feu. Aujourd'hui, les rues et les boulevards sont éclairés et le flot de lumière qui se répand à la façade des magasins attire le regard en passant. Ce n'est pas suffisant. Nous savons que certaines contrées par exemple sont privées de lumière électrique parce que les intérêts de quelques parasites seraient lésés si on changeait le mode d'éclairage. Et les habitants de cette contrée sont, en conséquence, privés de lumière.


Et il en est, hélas, ainsi de tout. On refuse d'éclairer le peuple ; on ne veut pas lui donner la lumière ; on tient à le conserver dans l'ombre et dans l'obscurité. Or, notre siècle est un siècle d'éclairage intense. Le peuple a droit d'en profiter. Il doit avoir le droit d'éclairer son corps et son esprit. Mais, ce droit, il ne faut pas qu'il le demande, mais qu'il le prenne.


Que les reflets de toutes les lumières qui sillonnent le monde pénètrent en lui; qu'il s'éclaire enfin, car de la clarté lumineuse produite par son émancipation dépend tout l'avenir des collectivités humaines.