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GRADE n. m. (du latin gradus, degré)

Dignité ; chacun des échelons d'une hiérarchie. Obtenir des grades universitaires. C'est surtout à l'armée que le grade signale le chef à ses inférieurs. Dans la carrière militaire on distingue deux sortes de grades : les grades inférieurs et les grades supérieurs. En France, seuls les hommes titulaires de grades supérieurs ont le titre d'officier, et l'appellation de leur grade doit être précédée du terme : mon. On dit : mon colonel, mon commandant, mon général ; mais on dit : sergent, caporal, ces derniers n'étant titulaires que de grades inférieurs. Par contre, on dit : Monsieur le maréchal, monsieur le médecin-major, etc., etc. Est-il besoin de dire que le grade - et à l'armée plus qu'ailleurs - confère à celui qui en est pourvu une autorité arbitraire sur ses semblables ? Si l'on peut admettre que les grades universitaires supposent de ceux qui les détiennent des connaissances supérieures et que, de ce fait, ils peuvent exercer une certaine autorité morale sur ceux qui les entourent, il n'en est pas de même en ce qui concerne les grades militaires, et surtout pour ce qui est des grades inférieurs. Cependant, à l'armée, le gradé est un petit roi dont les ordres ne doivent pas être discutés et sont exécutés sans la moindre protestation ou la moindre critique. Que de malheureux ont payé de leur liberté et, parfois, de leur vie, leur geste de révolte contre la bêtise et la méchanceté des gradés ! Nous avons dit, par ailleurs, ce que nous pensons de l'armée ; nous avons souligné tout ce qu'avait de ridicule cette discipline devant laquelle devait se courber, sans broncher, des milliers et des milliers d'êtres humains ; le respect du galon, du grade, est le fondement de toute discipline. Qu'importe, si celui qui possède un grade est un dégénéré ou un ignorant, le grade lui confère l'intelligence, la clairvoyance, et sa supériorité devient incontestable. C'est ainsi qu'est constituée notre belle société qui se prétend démocratique.

Combien de temps devrons-nous lutter encore pour détruire, dans l'esprit du peuple, le respect des titres, des galons et des grades. Ce n'est, en vérité, que lorsque les hommes se seront libérés de toute admiration pour les héros d'opéra-comique, portant sur leurs manches ou sur leur poitrine leurs distinctions honorifiques, qu'une égalité saine et bienfaisante pourra régénérer l'humanité.