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INFIDÈLE, INFIDÉLITÉ adj. et subst. (in, privatif, et fidelis, fidelitas)

En leurs acceptions les plus répandues, ces mots s’opposent à fidèle, fidélité (v. ce dernier mot). C’est la négation ou le contraire des pratiques et des vertus (tantôt désirables, parfois purement conventionnelles et même tyranniques) dont ces vocables désignent l’état ou l’exercice. Un ami, un employé infidèles ; une femme « infidèle » ; une nation infidèle aux traités, ces « chiffons de papier » de l’histoire ; une narration (ou le narrateur) infidèle : « Qui peut avoir fait ce récit infidèle ? » (Racine). Une mémoire, des souvenirs infidèles : qui trahissent, qui se dérobent au rappel. La fortune est souvent infidèle (la chance et notamment, surtout autrefois, le sort des armes). « Le destin des combats peut vous être infidèle. » (C. Delavigne). Par rapport à une foi religieuse, regardée comme l’expression d’une irréfragable vérité, sont infidèles les individus et les peuples contestants ou réfractaires. C’est pour réduire les peuples infidèles, c’est pour arracher des mains des Infidèles le tombeau du « Sauveur des hommes » que les croisés entreprirent en Terre Sainte de fanatiques expéditions. Pour la théologie est infidèle (négatif) le non-initié aux lumières de l’Évangile, et infidèle aussi (positif) celui qui refuse d’accorder crédit absolu aux textes sacrés. Il y a, parmi les chrétiens, tels infidèles qui sont ainsi sur le chemin du schisme, au moins de l’hérésie...

Le terme infidélité correspond substantivement à la plupart des sens sus-énoncés : l’infidélité de l’ami, du dépositaire, du miroir, du traducteur, etc. L’infidélité aussi de 1’amant, du mari ou de la femme (incartades ou variations passionnelles, transgression, inobservance des règles que le mariage impose aux contractants dans la vie conjugale). Avec la conception de l’amour affranchi de la contrainte et des moralités hypocrites, s’évanouissent en tant qu’anomalies les attitudes et les élans aujourd’hui flétris du nom d’infidélité. Dans « l’infidélité » normale où s’épanouissent le sentiment libéré, les unions loyales, les attaches sincères, les attractions désentravées, disparaissent, faute d’objet, les « infidélités » qui, dans une société fausse, se traînent de la fourberie au scandale... En matière religieuse, l’infidélité - ou les infidélités - ont le caractère de détachement ou d’ignorance évoqués plus haut. Ainsi : « les infidélités du peuple juif » ou... « Ces filles de Tyr vivant dans l’infidélité. » (Massillon).

L.