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JUDÉO-CHRISTIANISME n.m.

Doctrine des pre­miers temps du christianisme, selon laquelle l'initiation à la loi de Moïse et l'adhésion au judaïsme était l'étape obligée pour les païens - en l'espèce, les non-juifs -­ qui voulaient se faire admettre dans l'Eglise du Christ. Les fondateurs de la religion chrétienne - juifs d'ori­gine - mêlaient en effet (d'accord en cela avec l'exem­ple de Jésus lui-même, si l'on en croit les textes sacrés) les pratiques du mosaïsme aux rites de la religion nouvelle. Cette confusion, due à l'indécision des premiers pas d'un culte informulé, mit aux prises diverses écoles de Jérusalem et d'Antioche, en désaccord sur les voies d'accès à imposer aux néophytes, profanes du judaïsme. Un compromis dispensa ces nouveaux adeptes de « la circoncision et de l'observation de la loi » et leur inter­dit « avec la fornication, l'usage des viandes offertes aux dieux dans les sacrifices »...

Mais un problème plus vaste que ce dosage puéril tourmenta bientôt l'esprit des docteurs du temps : « L'ère du Messie-Rédempteur effaçait-elle - en l'abro­geant - la loi de Moïse ? » La thèse affirmative tendit vite à prévaloir, servie par la fougue des nouveaux convertis et son radicalisme séduisit tous ceux - et au premier rang les païens - qui regardaient comme une entrave désuète « l'antichambre » mosaïque. Les chré­tiens judaïsants restèrent cependant fidèles à la tradi­tion dualiste. La destruction du temple de Jérusalem par les Romains (70), en rendant impraticable l'observation totale de la loi, réduisit pratiquement le conflit. Mais une opposition de principe survécut et continua à se manifester, vivace, dans certains groupes. Elle entretint divers schismes latents et les hérésiarques ébionites et elcésaïstes en révélèrent particulièrement l'influence.