Accueil


LAPALISSADE n. f. (de La Palice ou La Palisse, n. p.)

Vérité d'une évidence niaise dont s'adornent les écrits des auteurs médiocres, la conversation des pédants échauffés et des bavards dans l'embarras. Le journalisme en abuse comme aussi les orateurs vulgaires.

C'est un remplissage sans valeur et souvent de sottise éclatante, qui s'apparente à la chanson fameuse à laquelle La Palice a prêté son nom et qui se répand sur cinquante et un couplets. A l'origine, après la mort du capitaine « devant Pavie », la dite chanson tenait vraisemblablement tout entière dans le couplet connu :

Monsieur d' La Palice est mort,

Mort devant Pavie ;

Un quart d'heure avant sa mort,

Il était encore en vie.

L'auteur de cette oraison y témoignait sans doute de plus de naïveté que de malice, mais l'ébauche se prêtait à des développements drolatiques et chaque âge y ajouta, semble-t-il, quelque richesse. Le corps de la chanson, rajeunie et étendue, se composait, en effet, au XVIIIème siècle, avec La Monnoye, d'une douzaine de couplets. Mais sur le thème offert, les générations suivantes ont brodé et les chercheurs ont ainsi rassemblé plus de cinquante couplets. En voici, à titre de curiosité, quelques passages caractéristiques

Il ne mettait son chapeau

Qu'il ne se couvrit la tête…

Sitôt qu'il fut son mari

Elle devint sont épouse…

Il n'eût pas eu son pareil

S'il eût été seul au monde…

Tout homme qui l'entendit

N'avait pas perdu l'ouïe…

Sitôt qu'il eut les yeux clos

A l'instant il n'y vit goutte…

Il mourut le vendredi,

Le dernier jour de son âge

S'il fût, mort le samedi,

Il eût vécu davantange…

C'est là, évidemment, une « littérature » de tout repos Mais elle a le mérite d'être inoffensive… Et bien des délayages, en définitive, ne l'emportent sur elle que par la prétention, l'aigreur ou la perfide méchanceté…