MACHINATION n. f. (rad. machiner)
Intrigues, menées secrètes pour faire réussir quelque complot, quelque mauvais dessein.
Dans une société où tout est à vendre et à acheter, l'agio, le commerce, ne sont le plus souvent qu'une vaste machination pour enrichir le vendeur aux dépens de l'acheteur. Un tel, veut-il acheter un « commerce » ? Tous les coups de bourse, le débinage auprès des clients, parfois intervention de la police, ou en tous cas d'agents véreux qui, par chantage couvert ou par un jalonnement tortueux de menées légales, mettent le commerçant dans la nécessité de vendre à n'importe quel prix. Ou bien, désirant lui-même se débarrasser d'une maison qui ne rapporte pas, et au plus haut prix, le marchand cherche une « poire d'acheteur », machine contre lui, intrigue, pour l'amener à acheter dans les conditions prévues. Des amis, des agences interviennent pour vanter « l'affaire »; des clients sont payés pour simuler un mouvement commercial qui n'existe pas, etc... D'autres fois, et presque en permanence, d'astucieux trafiquants font le vide sur le marché, machinant ainsi une hausse de denrées qu'ils ont en abondance et veulent écouler au tarif le plus élevé.
Des industriels pour obtenir des marchés, machinent de grandes hausses et baisses qui ruinent leurs concurrents. Ou bien, aidés des banquiers, contre leurs concurrents ils machinent une bonne petite guerre, appelant, au secours de leurs combinaisons, des principes qui ne sont eux-mêmes qu'une perpétuelle machination contre les peuples.
Tel homme est-il dangereux pour la tranquillité des privilégiés, vite, la police machine contre lui quelque traquenard où il faudra qu'il tombe coûte que coûte. L'histoire n'est qu'un long tissu de machinations, destinées à amener au pouvoir puis à y maintenir. Des guerriers, des forbans, des seigneurs, des rois, des politiciens, en usent tour à tour ou simultanément.
Les religions et les morales sont des machinations destinées à maintenir les peuples dans le servage, avec leurs sanctions extra-terrestres ; ciel, enfer ; ou terrestres : le gendarme.
Les lois sont des machinations concourant au même but. Et comme s'il n'était pas suffisant que religion et États trâmassent d'ignobles machinations contre les individus ceux-ci se rendent la vie plus atroce encore, en machinant sans-cesse contre la liberté.
Législ. Parmi les « machinations » que la loi frappe de durs châtiments, mentionnons au passage celles qui constituent, d'après le Code, les « intelligences avec l'ennemi ». Nos gouvernants les ont souvent invoquées au cours de la guerre de 1914-18 et elles leur ont permis, non seulement d'envoyer au poteau ou de tenir en prison, les « traîtres » avérés, les « agents de l'étranger », les « espions », mais aussi de se débarrasser de leurs adversaires politiques, en même temps que des hommes demeurés fidèles à leurs convictions antipatriotiques, ainsi que les adeptes trop clairvoyants du pacifisme, à point baptisés « défaitistes ».
A. L.