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MANNE n. f. (de l'hébreu man ou mah ou de l'égyptien man)

Un des livres de la Bible (l'Exode, Ch. XVI) raconte que les israélites, sous la conduite de Moïse, traversant le désert de Sin et manquant de vivres, murmurèrent contre Moïse et Aaron, disant regretter le pays des Égyptiens et leurs potées de chair. Alors l'Éternel entendit leurs murmures et leur envoya d'abord un plein camp de cailles rôties, puis il leur désigna comme du pain « une petite chose ronde, menue, comme de la blanche gelée sur la terre » et qui avait fait place, tout autour du camp, à une couche de rosée. Cette masse comestible (ce pain), fut appelé Manne : « et elle était comme de la semence de coriandre : elle était blanche et elle avait le goût des beignets au miel ». Selon la légende et les livres sacrés, les israélites s'en nourrirent pendant les quarante ans qu'ils restèrent au désert.

Cet aliment miraculeux et gratuit a donné son nom, par extension, à tout aliment abondant et peu coûteux ex. : La datte est la manne de l'arabe. La pomme de terre est la manne des ouvriers.

La manne est un suc découlant spontanément ou par incision de l'écorce de certains frênes. Les caractères en sont les suivants : couleur blanche jaunâtre, odeur particulière et nauséabonde, saveur sucrée, miellée, et cependant désagréable. Elle est composée d'un principe

doux et cristallisable, qui est : la mannite, et d'une matière extractive et incristallisable ; mais ces principes varient suivant les diverses espèces de mannes, qui sont au nombre de quatre : la manne en larmes, la manne qéraci, la manne grasse et la manne de Calabre. La première, est la plus sucrée. La manne est employée dans l'art médical comme purgatif.

Manne de Briançon : très faiblement purgative, qui exsude des feuilles de mélèze, pendant les étés chauds, dans une partie des Haute-Alpes. Manne d'Alhagi, manne en petits grains, qui exsude d'une espèce de sainfoin de Perse. Manne liquide, matière gluante assez semblable à du miel blanc, que l'on récolte en Perse et en Égypte, sur les feuilles de divers arbrisseaux. (Faudrait-il voir là la source de cette manne dont parle la Bible ?). Même dans nos contrées, pendant la saison chaude, dans certaines conditions de température, les arbres de nos forêts : chênes, frênes, bouleaux, noisetiers, etc., produisent dans les premières heures du jour une matière sucrée qui apparaît sur les feuilles et que recueillent les abeilles. Cette sécrétion dite miellée, parfois assez abondante pour que les insectes y trouvent un appréciable butin, mais insuffisante pour que l'homme en puisse profiter directement, est vraisemblablement le correspond de cette « manne liquide » exotique. Manne d'encens : Encens choisi qui a la couleur de la belle manne.

Au figuré : se dit des aliments de l'esprit : La liberté est la manne des peuples.


MANNE n. f. 

Grand panier de forme rectangulaire ou cylindrique, à fond plat, en osier ou bois et dans lequel on transporte des marchandises : pain, pâtisserie, fruits, poisson, vaisselle, etc. Manne (la) : Tableau de Nicolas Poussin, au musée du Louvre, représentant la scène biblique : ensemble d'épisodes rendus avec une maîtrise et une harmonie magistrales. 

‒ A. LAPEYRE.