Accueil


MARCHANDISE n. f. (rad. marchand)

Tout objet, tout produit qui donne ou peut donner lieu à négoce entre individus est considéré comme marchandise. L'utilité des marchandises consiste à satisfaire les besoins des consommateurs et à leur procurer le plus de satisfactions possibles.

Dans notre société, s'il y a des marchandises au delà des besoins des riches, la consommation générale, qui comprend riches et pauvres non satisfaits, les repousse et ne peut les utiliser. Dès lors, les marchandises se détériorent, s'anéantissent sans que la collectivité générale en ait profité. La production des marchandises est chaotique et indifférente aux nécessités.

Les marchandises se consomment en raison des ressources que l'homme possède et non en raison des besoins que tout producteur ressent, ce qui est illogique. (Voir production, besoin, consommation, travail, société, etc.).

Par extension, on peut d'une manière générale, appliquer la loi qui règle la consommation des marchandises, à l'utilisation des prolétaires par les classes possédantes. Si les prolétaires se présentent en surnombre pour les besoins des riches ceux-ci font des travailleurs ce qu'ils font des marchandises qu'ils ne peuvent consommer après avoir satisfait leurs besoins, c'est-à-dire qu'ils ne les emploient pas ou mal, par suite les renvoient et dès lors les prolétaires dépérissent rapidement.

D'une manière ou d'une autre, le capitalisme hâte toujours la fin des prolétaires. Quand on réfléchit à une pareille situation, on se demande comment il est possible qu'un état social où les masses laborieuses ne figurent que comme marchandise-travail de quelques privilégiés, puisse perdurer et même se fortifier, alors qu'il serait possible et même facile aux prolétaires de faire cesser cet esclavage économique.

Pour arriver à ce résultat, il faudrait que d'une part la portion la plus éclairée de l'humanité, se préoccupant un peu moins d'elle-même et s'intéressant à la libération du travail de l'emprise du capital, activât une régénération sociale de liberté, de bien-être et de justice. Et que d'autre part, une concertation avisée et vigoureuse des intéressés, pénétrés de leur dignité humaine et résolus à briser le faisceau d'iniquités que leur passivité consacre, permît l'édification de modalités sociales enfin rationnelles.

Pour si lent que soit le progrès, il faudra bien que la marchandise humaine disparaisse un jour du contrat social : la justice l'exige. 

‒ E. S.