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NEVROPATHIE n. f. (du grec neuros, nerf, et pathos, souffrance)

Il n'est pas possible de rencontrer dans la langue médicale un mot plus imprécis, ni plus difficile à définir, dans ses origines et dans son objet. Une telle appréciation est toujours un indice d'ignorance. Le médecin, dans son langage courant qui ne tarde pas à déborder du côté profane, use de termes très généraux pour étiqueter des tiroirs où il emmagasine au petit bonheur dans l'attente de mieux faire tout ce qui reste en deçà de sa connaissance.

Il ne faut pas en vouloir aux sciences expérimentales d'être imparfaites. Ne pouvant bénéficier de l'intuition ni surtout de la révélation réservée aux mystiques, elles regardent fatalement l'avenir et leurs précisions sont en proportion de leurs conquêtes sur l'inconnu.

Tout cc qui touche au fonctionnement normal ou pathologique du système nerveux sort à peine des limbes. Ce système, qui est à coup sûr le plus compliqué de ceux qui constituent les organismes animaux dont il représente le perfectionnement maximum actuel est assez bien connu dans son anatomie, mais sa physiologie laisse encore grandement à désirer. Quant à sa pathologie, elle est plus vague encore. Physiologie et pathologie sont corrélatifs. C'est par le morbide que l'on accède le plus souvent au physiologique et l'on sait que ce fut le cas dans la sphère nerveuse. Un grand progrès vit le jour quand Charcot tenta de jeter un peu de lumière sur la vie de la Psyché en partant des observations cliniques recueillies dans le vaste laboratoire de la Salpêtrière. C'est par la lésion cérébrale qu'il parvint à la découverte des localisations. Encore est-il qu'aujourd'hui nombre d'entre-elles sont contestées. Le célèbre centre de Broca relatif au langage articulé, localisation dont on fut longtemps si fier, n'est-il pas aujourd'hui battu en brèche ? Tout semble à recommencer. Et il s'agissait là de cas ou l'objet observé tombait, en quelque sorte, sous les sens. Que dire alors du domaine de la folie ou de ces névroses que nous allons rencontrer plus loin ?

Ici n'existe aucun point d'appui matériel dans la plupart des cas. C'est le triomphe de ce qu'on a appelé les maladies sine materia, ce qui est logiquement une absurdité, mais c'est tout au moins l'aveu d'une profonde ignorance.

Nous abordons en conséquence un chapitre où, tant du point de vue physiologique que du point de vue pathologique, nous serons obligé de disserter dans l'inconnu. Mais une encyclopédie est une étape et non pas une conclusion : une étape dans la marche à l'étoile de vérité ; c'est malgré tout quelque chose.

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Dans le langage banal le mot névropathe désigne un sujet qui souffre des nerfs. Névropathie englobera tous les états pathologiques frappant le système nerveux. C'est formidable et cela demande tout de même à être un peu délimité.

Le système nerveux comprend trois parties : 1° centre, lequel comporte lui-même l'écorce cérébrale, la moelle et ce qui les relie, le mésencéphale ;

2° les nerfs périphériques ou voies de communications. centrifuges et centripètes entre le centre et le dehors.

le système sympathique qui tend à jouer un rôle de plus en plus prépondérant dans la compréhension de la vie nerveuse. C'est le système de la vie végétative ; ce sera le vaste territoire des émotions, celui que sous la dénomination de névropathie nous étudions surtout ici.

Eliminons d'emblée les affections des nerfs périphériques en tant qu'elles se traduisent par des désordres anatomiques connus, telles que les névrites (toxiques, syphilitiques, etc.), les névralgies (sciatique). Ces nerfs pourront être mêlés à l'histoire des névropathies, mais à titre secondaire.

Eliminons ensuite les maladies du système nerveux central dont les lésions anatomiques sont connues ou en voie de l'être, comme l'ataxie locomotrice, la sclérose en plaques, les hémorragies cérébrales, la paralysie générale. Cantonnées dans la moelle (myélopathie) ou dans le cerveau (cérébropathie), elles forment un ensemble assez délimité par l'existence même d'une base matérielle.

Tout le reste, comprenant les affections centrales sans lésions connues, par conséquent simplement fonctionnelles jusqu'à nouvel ordre, et tout ce qui rentre dans le territoire du sympathique, constituera le domaine de la névropathie. Ce sont, autrement dit, des états morbides atteignant le système nerveux dans son ensemble. Bien que le mot de névropathie indique que l'élément morbide principal est le « nerf » il apparaît déjà clairement qu'il s'agit d'états ressortissant par essence au fonctionnement psychique et que le terme qui conviendrait mieux serait celui de cérébropathie.

Disons que, si nous envisageons l'élément purement nerveux, il s'agira ici de ce qu'on a appelé nécroses et, si nous visons aussi le cerveau, il s'agira de ce qu'on a appelé psychonévroses et cérébropsychoses, états essentiellement chroniques où cerveau et sympathique sont intéressés ensemble.

C'est tout ce que nous pouvons dire en l'état de la science neuro-psychiatirique.

Pour' objectiver pratiquement le sujet, je passerai en revue les plus communs de ces états.

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Les nerveux. - Rien n'exprime mieux que ce mot qui fait partie du langage courant l'état névropathique dans sa forme impalpable, état qui se sent qui se devine, mieux qu'il ne se définit. Le flair et l'observation populaire suffisent à bien des cas. A nous de préciser si faire se peut.

Ce qu'entend le vulgaire par nerveux est l'état de celui qui réagit en toutes circonstances par des manifestations où les fonctions nerveuses jouent le principal rôle. Acceptons comme antonyme l'apathique, l'homme mou, naturellement inactif, l'insensible, le difficile à ébranler. Le nerveux sera vif, impétueux, susceptible, irritable, violent, bavard, désordonné, déséquilibré, ultra-sensible.

L'un et l'autre état évoquent, des tableaux très nets du point de vue intellectuel. Le premier sera l'état de l'individu équilibré, réfléchi, mais parfois aussi d'une intelligence peu vive ; l'apathique est souvent un esprit inerte et pauvre.

Le second donne l'impression de l'agité, parfois insupportable, mais dont la nervosité le dispose, comme tous les expansifs, à des opérations cérébrales d'une envergure importante, à des sensations d'art, à des sentiments exaltés, On se représente mal un génie apathique. La nervosité le caractérise plutôt.

On pressent qu'il est fort difficile de décrire ici le type parfait tenant le milieu entre les deux extrêmes. Mais on conçoit que la nervosité est déjà quelque chose de morbide. Elle constitue en fait la prédisposition, le tempérament.

Il y a un tempérament nerveux dont les manifestations exagérées seront précisément la névropathie. Celle-ci aura comme signes essentiels des troubles de l' humeur et du caractère, de la sensibilité morale, un déterminisme reposant presque exclusivement sur des facteurs d'ordre sentimental, passionnels on sensitifs et beaucoup moins le raisonnement et la logique, La vie moderne, entraînant par ses excès multiples un détraquement du système nerveux, est justement l'âge d'or de la névropathie. Rien n'escompte plus que le surmenage les divers modes de la sensibilité. La névropathie sera, par essence, la grande névrose de la sensibilité. Le commerce avec le névropathe, continuons à dire le nerveux, est l'une des conjonctures les plus pénibles de la vie en commun. La nervosité est un état qui se multiplie de jour en jour. Il est un humus sur lequel viendront germer d'autres états aux contours cliniquement plus déterminés, déjà étiquetés soit par le médecin soit par le profane.

La névropathie n'est donc pas le fait de quelques victimes seulement ; on peut dire qu'elle est une maladie collective et caractéristique de la régression des masses. Ce qu'on a appelé dégénérescence et qui existe sans conteste, a pour syndrome dominant la névropathie, prélude, on le conçoit, des grandes névroses cérébrales qui sont sur le chemin de la démence, laquelle démence équivaut à la mort. Sociale.

Toutes les complications de la vie sociale qui rendent celle-ci insupportable parce qu'elle traduisent une impuissance absolue d'adaptation, ont pour terrain commun un système nerveux spécifiquement irritable. Ce qu'on y voit dominer, c'est la puissance exagérée du réflexe : d'abord des centres sensitifs presque -douloureusement hyper-esthésiques, puis un temps de réaction très court qui donne l'impression de l'impulsivité où l'inhibition volontaire n'a pas le temps d'intervenir ou intervient trop tard..

Ces sensibilités morbides sont à la base de tous les états passionnels qui défraient les chroniques de la vie journalière. C'est le terrain où germent tous les attentats à la paix publics ou privés. Que Ile situations internationales, nationales, familiales, dépendent des nerfs de ceux qui tiennent le volant de notre char !

La névropathie est une complication des civilisations ou de ce que l'on désigne sous ce nom. C'est dire qu'elle engendre les situations les plus contraires : splendides dans le cadre des arts et des sciences ; absurdes clans le cadre des créations de l'imagination ; magnanimes ou atroces dans le cadre de la vie sociale. De l'exaltation charitable de certains mystiques aux atrocités de la guerre il y a toute une gamme, vers le milieu de laquelle trouvera place l'homme moyen, conventionnellement normal. Il y a des héros dans tous les sens.

La névropathie, alliée fréquemment à d'autres manifestations d'une biologie morbide est bien une maladie héréditaire, constitutionnelle. La famille névropathique compte tous les ralentis et déséquilibres de la nutrition, tous les sujets à métabolisme perturbé : les arthritiques (mot aussi vague que névropathie), obèses, goutteux, diabétiques, eczémateux, lithiasiques, etc., etc.

Où localiser un tel mal ? Partout et nulle part. C'est toute la mécanique qui souffre, sous l'empire cependant d'un système nerveux central qui souffre davantage. Plus spécialement le système sympathique semble devoir être l'irrégulateur de cette désorganisation.

La cause ? Elle est lointaine et polymorphe, car elle ressortit à toute les influence pernicieuses qui s'abattent sur l'ensemble de la population : tuberculose, syphilis ; surtout les grandes intoxications alimentaires ou autres.

Les alcooliques, les nicotinisés, les coktailisés, les opiomanes, les carnivores font souche de névropathes.

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Emotivité. - Le terrain commun étant déblayé, voyons quelques végétations.

Les émotifs forment un groupe à part. La constitution émotive si joliment décrite par le docteur Dupré après le docteur Morel qui a fait en 1860 du délire émotif une maladie autonome, dont il localisa même l'origine, en vertu d'une intuition clinique tout à fait géniale, dans le système des ganglions sympathiques viscéraux, cette constitution est une des formes les plus répandue de la névropathie. Elle est essentiellement caractérisée par une prédominance des états émotionnels qui gouvernent tout le psychisme.

On sait le rôle énorme que jouent les les émotions dans la vie morale. Normalement subjuguées, sauf rares exceptions, par la raison qui les canalise, les règle, les inhibe et les maintient dans un juste équilibre. Les émotions peuvent inversement devenir tyranniques. Autant elle pimentent et charment la vie quand elles sont le reflet d'un bonne santé morale, autant leur dérèglement peut devenir une torture. Ce n'est pas seulement dans les circonstances solennelles de la vie qu'elles débordent et qu'elles déchaînent les passions les plus redoutables, mais il advient qu'elles empoisonnent la vie mentale pour des futilités. Elles prennent très vite la forme très pénible de l'obsession. On sait combien ce phénomène est tyrannique. Il est justement harmonie avec l'état de la conscience dont la lucidité permet au sujet, à son grand désarroi, de se sentir en quelque sorte dédoublé. Il assiste impuissant à la répétition automatique de l'obsession (voir ce mot), qu'il ne saurait vaincre de par sa volonté libre et dont il est obligé, haletant, d'attendre l'épuisement.

Le nombre des servitudes que les névropathes se créent ainsi est fabuleux. L'obsession est un tic mental dont très peu de sujets sont affranchis. Ils résistent de façon variable : c'est entre tous les hommes la seule différence. En temps normal, l'obsédé ne fait que sourire de ce phénomène qui le possède quelques instants sans le faire souffrir ; mais, dès que le terrain émotif existe, la lutte devient fatale avec son corollaire, la souffrance physique et morale, et la blessure d'amour-propre née de la défaite.

Certains obsédés ont la vie littéralement hachée par des troubles de cet ordre, au point qu'ils n'ont plus de répit, hantent les consultations des charlatans, car les émotifs sont, par surcroît, des superstitieux. Leurs pratiques ne font, en général, qu'aggraver leur cas et la névropathie sous toutes ses formes est une vraie infirmité.

L'émotivité minimum se traduit par la disposition qu'offrent les sujets à sentir violemment et à être profondément affectés par des conjonctures d'importance minuscule. Les impressions sont de longue durée ; joies ou peines prennent des proportions exagérées et les sujets ne sont préoccupés que de se tenir en garde contre eux-mêmes.

L'émotion morbide a des signes physiques qui accusent nettement la participation du sympathique. Ces signes sont l'exagération des signes normaux de l'émotion ; pâleur, rougeur de la face, tachycardie, sentiment d'oppression, sentiment d'inquiétude, affolement, rires et pleurs faciles, etc ...

L'exagération peut aller jusqu'à produire l'angoisse. Les anxieux sont des sur-émotifs. Il suffit d' avoir, dans une circonstance dramatique quelconque, éprouvé la sensation de l'angoisse pour imaginer les souffrances du névropathe émotif, voué par nature à l'anxiété.

Les terreurs morbides, le trac des artistes et des orateurs, troubles émotionnels parfois insurmontables, brisent certaines carrières.

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Les mélancoliques et les hypocondriaques forment une autre catégorie de névropathes qui, unis aux précédents, constituent le grand groupe de ce que le vulgaire englobe sous la rubrique de neurasthénie ou de psychasthénie.

La surémotivité, le déséquilibre émotionnel, si coquettement porté par une rare collection de nerveux, dissimulant sous le terme avoué de neurasthénie de véritables psychoses, peuvent aller jusqu'à produire un état, habituel ou périodique, de tristesse invincible. Il est même admis aujourd'hui que cette dépression morale, expression d'une fonction sympathique déviée, préexiste à la mélancolie. Cette psychonévrose ne serait point primitive, mais secondaire. On ne pleure pas parce qu'on voit les choses en noir ; on pleure d'abord et c'est parce qu'on pleure qu'on voit les choses en noir. Ainsi en va-t-il de l'émotion contraire, celle de la joie : on rit d'abord, on est joyeux ensuite.

La mélancolie est un état objectivement psychique, mais subjectivement sensitif. Le triste échafaude tout un délire de misère physique et morale sur un fond d'émotivité et sur des troubles de l'innervation sympathique. La mélancolie est volontiers périodique, alternant même avec des états d'expansion euphorique. Cela constitue la folie à double forme et la folie circulaire.

Mais une mention toute spéciale doit être accordée à la mélancolie affectant la forme de l'hypocondrie. Cette forme de l'émotivité basée sur des états morbides imaginaires des différentes parties du corps nous fournit le tableau bien connu du malade imaginaire. On le rencontre à tous les coins de rue, chez tous ces malades de salon qui, n'ayant rien à faire, tournent sans cesse leur attention du côté de leur organisation physique, pensent y découvrir maintes irrégularités à la moindre sensation qui leur paraîtra anormale et, désormais, deviennent les esclaves du moindre bobo, dont la manie encourage les réclames pharmaceutiques, peuple les officines de tous les diseurs de bonne aventure et de tous les rebouteurs.

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La grande hystérie. - C'est le triomphe de la névropathie. Elle a occupé dans l'histoire une place phénoménale par son immixtion dans la vie politique ou religieuse. Elle a été la psychonévrose des grands drames du Moyen âge, Elle a valu le supplice et la mort à une foule de malheureux surcroyants, mystiques dans le sens précaire du mot (voir Mysticisme).

L'hystérie est, en fait, une maladie mentale à manifestations extérieures protéiformes, relevant toutes de la suggestion, de l'auto-suggestion et de l'imitation ; Elle suppose, par conséquent, une sensibilité physique tout à fait anormale et une imagination désordonnée, disons même délirante. La mythomanie résume toute l'histoire clinique de l'hystérie, ainsi que le besoin de mentir, de tromper et de se tromper soi-même, avec croyance folle à ce que l'on dit et fait.

L'hystérie s'exprime par des crises convulsives à grand spectacle, excentricités en grande partie combinées pour intéresser la galerie. Elles cessent quand la galerie disparaît. On éduque un hystérique à volonté et tout hystérique est prêt à la représentation théâtrale. C'est une maladie suggérée qui suppose une suggestivité anormale et une passivité démesurée. La Salpétrière ressuscita, pendant le règne de Charcot, les grands drames du Moyen âge. Quand cette école d'entraînement ferma ses portes, la grande hystérie disparut comme par enchantement.

Convulsions, somnambulisme, attitudes passionnelles, léthargie, catalepsie, dédoublement de la personnalité, délire hallucinatoire, voilà pour le mental ; paralysies diverses, sensorielles ou autres, contractures, hyperesthésies, voilà pour le côté physique. Le programme est vaste et l'on pourrait dire an gré de l'opérateur.

Greffons sur ce paragraphe de l'hystérie tout ce qui ressortit à l'hypnotisme, au magnétisme, à la suggestion physiologique ou morbide, et nous aurons facilement grossi le bagage de la névropathie, car tous ces phénomènes sont amplement favorisés par le terrain foncier décrit plus haut.

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Hystéro-traumatisme, sinistrose. - Sans prétendre être complet, il faut toutefois greffer sur cette description une des manifestations les plus modernes de la névropathie, qui donne bien la preuve que cette maladie git tout entière dans un terrain spécial d'où l'on voit sortir des végétations multiples, richement variées. Elles n'existeraient pas sans ce terrain.

Je vise ici maints incidents morbides nés du machinisme moderne, maints accidents professionnels et plus spécialement les traumatismes issus de là grande guerre.

Qui dit machinisme dit multiplication de circonstances où se rencontrent fortuitement une possibilité de traumatismes et un sujet traumatisable, qui sera, dans l'espèce, le travailleur. Cette rencontre sera l'accident, avec ses suites ordinaires, mais aussi avec ses suites extraordinaires, s'il advient que l'accident affecte un sujet prédisposé, un nerveux, un névropathe.

Tout accident produit un choc matériel, mais aussi un choc moral, une émotion-choc. D'importance négligeable chez un sujet bien équilibré et quasi normal, cette émotion produit des désordres inattendus chez le prédisposé, désordres qui entraînent chaque jour des conflits entre blessés, assureurs, médecins, magistrats et qu'on a dénommés hyétro-traumatisme ou sinistrose.

A l'occasion d'une blessure, voici un malade nerveux, réagissant par des symptômes qui n'ont aucun rapport direct avec la blessure, mais qui sont l'œuvre d'un psychisme malade. traumatisé lui-même. puisque l'émotion est un choc. Ces séquelles, complications inusitées du traumatisme sont toutes à porter au compte de la névropathie. Elles sont du domaine exclusif de l'auto-suggestion et des maladies imaginaires, Méconnues comme telles, elles entraînent des conséquences déplorables et coûteuses tant pour le blessé que pour son assurance. Démasquées, au contraire, elles guérissent comme au souffle du vent, au grand ébahissement de la foule, aussi naïve ici qu'elle l'est à Lourdes.

J'en dirai autant des séquelles imaginaires. des traumatismes de guerre qui, par milliers, sont, venus encombrer la clinique nerveuse et chirurgicale. Souvent prises pour des faits de simulation intentionnelle pour échapper aux affres du front. elles furent le plus souvent sincères et filles de terribles circonstances qui exaltèrent bien naturellement une grande émotivité congénitale que les blessés eux-mêmes ignoraient de bonne foi.

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CONCLUSION. - On le voit ; la névropathie est un vaste domaine. On peut dire que, en général, quand elle est bien diagnostiquée, elle n'est grave que par ses manifestations toujours récidivantes et par sa signification dégénérative.

On pourrait compliquer ce chapitre en mentionnant bien d'autres syndromes nettement étiquetés déjà, comme l'épilepsie, la chorée, où fourmillent les névropathes, mais il est mieux de renvoyer le lecteur aux articles de cette Encyclopédie, où ces sujets sont traités.

Je ne puis clore cette monographie sans signaler les rapports, tout récemment découverts entre la névropathie et l'endocrinologie. La surémotivité, l'anxiété, les obsessions, etc ..., en fonction des troubles des glandes à sécrétions internes, telles que les glandes génitales, la surrénale, la thyroïde. la pituitaire. etc ... , ont ouvert un vaste champ à la thérapeutique et il est certain que beaucoup d'états névropathiques cèdent en tout ou partie à une opothérapie bien dirigée.

Mais n'oublions pas que le vrai moyen de guérir les infirmités de cet ordre est encore de les prévenir et de suivre, à cet effet, les prescriptions rigoureuses de l'hygiène nerveuse et mentale que la science tout à fait moderne a tracées (naturisme, élimination de tous les poisons du système nerveux, hydro et héliothérapie, etc .. .). Prévenir, c'est ici guérir.


- Dr LEGRAIN