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OBSERVATOIRE n. m.

Les observatoires, les astronomiques et les météorologiques surtout, à l’aide desquels on observe le ciel et enregistre le temps qu’il fait, remontent à la plus haute antiquité. On en trouve des traces remontant à des milliers d’années avant notre ère, en Chine et aux Indes. La tour de Belus, à Babylone et le tombeau d’Osymandias, en Egypte, ainsi qu’un bon nombre de pyramides servaient d’observatoires pour enregistrer les phénomènes célestes et les crues du Nil.

Au IIIe siècle avant Jésus-Christ Eratosthène établit l’observatoire d’Alexandrie qui subsiste jusqu’au Ve siècle. Mais l’ère des observatoires astronomiques ne prend son essor qu’avec la Renaissance et surtout après la découverte du télescope, par Galilée, en 1609.

Ici, nous citons de préférence l’observatoire de Cassel, construit en 1561, par le landgrave de Hesse Guillaume IV. Tycho Brahé fait élever ensuite, en 1576, l’observatoire d’Uranibourg dans l’île de Haven entre Elseneur et Copenhague.

L’observatoire de Paris fut construit de 1667 à 1672. Il devint célèbre sous la direction de l’Italien Cassini et par les travaux de Lalande qui répondit à Napoléon 1er, se plaignant qu’il n’était nulle part question de Dieu dans ses ouvrages : « Sire, la science n’a pas besoin de cette hypothèse ». Depuis, l’observatoire de Paris a été illustré par une innombrable pléiade de savants, tels Lemonier, Lacaille, Messier, Pingré, Delambre et, en tout premier lieu, par Laplace, l’auteur de la cosmologie moderne et Arago, le précurseur de Flammarion.

Au XIXe siècle, les observatoires sortent, pour ainsi dire, de terre en Europe et en Amérique. Nous citons, par mémoire, en confondant, comme équivalents, les travaux astronomiques des peuples et des nations : L’observatoire de Dorpat, en Esthonie, fondé en 1802 et devenu réputé par la mesure des étoiles doubles de F. Struve avec l’équatorial de Frauenhofer. L’observatoire de Strasbourg, fondé en 1804, perfectionné en 1881. L’observatoire de Munich (1809), de Kinigsbry (1811), illustré par les travaux de Jones de Bessel. L’observatoire de Glasgow, en Ecosse (1818), du Cap (1820). Les observatoires de La Caille, Gill et Finlay qui dressent la carte du ciel. Les observatoires de Bruxelles et de Ipres. Citons encore les observatoires de Cambridge, aux Etats-Unis, au Harvard Collège, un des observatoires les plus actifs du globe, sous la direction de E. Pickering, qui possède sa succursale à Azequipa, au Pérou, près du volcan Misti et qui s’occupe surtout de photographies du ciel. L’observatoire de Birr Castle, fondé en 1840, avec le fameux télescope de Lord Ross qui a découvert un grand nombre de nébuleuses. L’observatoire de Toulouse (1840), de Washington (1843), d’Athène (1843), Cordoba (1872), Meudon (1874), Lyon (1876), I’observatoire de Flammarion, à Juvisy, celui de Potsdam (1877, de Nice, en 1879 et de Dresde, en 1881.

Une mention spéciale de l’observatoire de Milan, à cause des fameux travaux de Sciaparelli sur les canaux de Mars.

Parmi les grands observatoires américains, méritent également une mention particulière ceux de Lick (lunette de 0 m. 91), Yerkis (lunette 1 m. 05), Louvel (télescope 1 m. 60), Mont Wilson (télescope 1 m. 52 et 2 m. 57), célèbres par leurs travaux photographiques.

Les observatoires les plus élevés de notre globe sont : ceux du Mont-Blanc, 4.810 mètres, Pikes Peak du Colorado, aux Etats-Unis, 4.322 mètres, Jansenblick, en Autriche 3.103, Etna 2.950, Pic du Midi 2.877, Sant’s (Appenzel en Suisse) 2.500, Monte Ginone (Apenins) 2.162, Mont Ventoux 1.960, le Pic d’Aigoul 1.567, Puy-de-Dôme 1.463 mètres.

Citons encore, pour conclure, l’essor merveilleux pris, depuis ces dernières années, par les sciences astronomiques dans la République des Soviets.

Les observatoires, avec leurs grands yeux braqués sur l’Infini, sont une véritable Révélation de l’Univers, de son unité constitutive. Aux « sportsmen » de l’astronomie qui nous parlent de voyages problématiques à travers notre système planétaire avec arrêts éventuels sur la Lune morte et sans atmosphère et sur Mars, planète vieillie et où l’air parait être aussi respirable que sur les sommets de l’Hymalaya, nous répondons : « Vos chevauchées sportives et vos fantasmagories d’un autre âge retardent sur le cadran de l’Uranographie. »

Olaf Roemer découvrit le premier, en 1675, que les éclipses des lunes de Jupiter retardent ou avancent d’environ 16 minutes et demie, selon que la planète géante de notre système se trouve en conjonction ou en opposition avec le Soleil. Cette constatation était la découverte de la rapidité du rayon lumineux, le diamètre de l’orbite terrestre étant d’environ 298 millions de kilomètres, il était, désormais, prouvé que la lumière parcourt 300.000 kilomètres par seconde. A cette donnée capitale vint s’ajouter, dès 1860, la découverte de l’analyse spectrale, qui assure définitivement la conquête scientifique de l’Univers en nous faisant toucher, pour ainsi dire, du doigt la constitution unitaire de l’Univers, qui exclue les miracles et les divagations enfantines des premiers âges de notre humanité. 

- Frédéric STACKELBERG.