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ORIENTATION n. f.

L'orientation est l'art de déterminer les points cardinaux du lieu où l'on se trouve, de disposer une chose suivant la position qu'elle doit avoir par rapport aux points cardinaux. Pour s'orienter et se diriger à la surface de la Terre, on a déterminé sur l'horizon quatre points nommés cardinaux, qui sont : l'Est, Levant ou Orient, côté de l'horizon où le soleil paraît se lever ; l'Ouest, Couchant ou Occident, côté où il paraît se coucher ; le Sud ou Midi, point où nous le voyons à midi ; le Nord ou Septentrion, à l'opposé du Sud.

Il y a trois manières principales de s'orienter : 1° Le jour, on s'oriente au moyen du soleil qui occupe toujours aux mêmes heures, à peu près la même région du ciel, le matin l'est ; à midi, le sud ; le soir, l'ouest ; 2° La nuit, on s'oriente au moyen des astres et surtout de l'étoile polaire (alpha de la Petite Ourse) qui se trouve toujours dans la direction du nord et qui est visible toute l'année dans à peu près la même région du ciel ; 3° En tout temps, au moyen de la boussole, instrument composé d'une aiguille aimantée mobile sur un pivot ; cette aiguille tourne constamment une de ses pointes à peu près vers le nord. Il suffit donc de connaître un seul des points cardinaux pour que l'orientation soit immédiatement fixée. Quand on connaît le méridien du lieu où l'on se trouve, on est orienté, puisque le plan de la méridienne passe par le nord et le sud. De même, à midi vrai, heure du jour où l'ombre est la plus courte, l'observateur qui regarde l'astre du jour, regarde en même temps la direction du sud.

S'appelle encore orientation, l'opération qui a pour but d'inscrire sur un plan ou sur une carte, la direction des points cardinaux, ou de placer l'axe d'un instrument dans le plan du méridien. En topographie, les procédés élémentaires sont insuffisants pour établir l'orientation exacte d'un point. Il faut, pour y parvenir, nécessairement déterminer l'angle que fait un des côtés du polygone topographique avec la méridienne du lieu. Lorsqu'on ne veut que connaître l'angle d'orientation, on se sert de la boussole que l'on place à l'une des extrémités d'un des côtés du polygone qui représente le plan, de manière que ce côté soit parallèle à la ligne de foi de la boussole. L'écart de l'aiguille aimantée indique l'angle que la projection horizontale de la droite fait avec le méridien magnétique et comme celui-ci fait un angle connu, pour chaque lieu, avec le méridien astronomique, il est alors facile de trouver l'angle fait par le côté envisagé avec la méridienne du lieu. Sur les plans, la direction de la méridienne est indiquée par une flèche ou par une droite parallèle à l'un des côtés du cadre.

Les édifices religieux ont longtemps été orientés de façon que les rayons du soleil levant, pénétrant par la porte ou la fenêtre ouverte, viennent frapper la statue du dieu ou le sanctuaire où il était renfermé. C'est pourquoi l'entrée des temples et des églises regarde souvent vers l'Orient. Depuis le Vème siècle jusqu'à la Renaissance, l'orientation des églises a été généralement observée en Europe. Parmi les multiples raisons invoquées par les croyants pour justifier pareille disposition, figurent les suivantes (aussi puériles les unes que les autres) : Jésus-Christ, en croix, avait le visage tourné vers l'occident ; lorsque les chrétiens se mettent en prière, ils s'agenouillent la tête tournée vers l'orient, pour ainsi mieux voir la face de leur dieu. Autres motifs : le Sauveur est appelé, souventes fois, dans les livres saints : l'Orient, et c'est de cette région du ciel qu'ils espèrent voir apparaître Jésus-Christ le jour du jugement dernier. De plus, cette pratique établit entre les chrétiens et les non-chrétiens (juifs, hérétiques) une différence capitale : ces derniers se tournant vers l'Occident pour prier leur divinité, tandis que d'autres regardaient vers le nord. Cette règle d'orientation a été généralement suivie pendant la période entière du moyen-âge par l'église catholique et l'église grecque. Elle a néanmoins souffert quelques exceptions. Ajoutons que jusqu'au XVème siècle, l'orientation des tombes a été faite de la même manière.

Orientation (fig.) : Direction, impulsion : orienter vers une carrière, guider, étudier les circonstances. (Voir Orientation professionnelle). 

- Ch. ALEXANDRE.

ORIENTATION (PROFESSIONNELLE)

« L'orientation professionnelle, est-il dit dans une circulaire de mai 1921 du Sous-Secrétariat d'Etat de l'Enseignement technique, a pour but de diriger l'enfant, au sortir de l'école primaire, vers une profession qui réponde le mieux à ses goûts particuliers, à ses intérêts dominants, à ses connaissances - scolaires et extra-scolaires, - à ses aptitudes diverses, tant physiques que morales, tant intellectuelles que sociales, tout compte tenu de la situation de la famille et de l'état du marché du travail. »

Cette définition nous montre clairement que l'Orientation professionnelle n'est point révolutionnaire. Si nous résumons, nous pouvons dire qu'elle a pour but le choix d'une carrière pour un individu. Au contraire, s'il s'agit de choisir l'individu qui convient à une carrière donnée, on doit faire de la sélection professionnelle. En pratique, l'orientation et la sélection professionnelles se confondent souvent.

Autrefois, le problème de l'orientation professionnelle ne se posait pas, l'enfant voyait les artisans de son village au travail, il les aidait à l'occasion, il allait en liberté (liberté relative, car il y avait aussi les goûts et les possibilités de ses parents avec lesquels il devait compter) où il trouvait son plaisir et pouvait réussir. Maintenant, les enfants ne peuvent pas visiter les usines, et les grands établissements commerciaux ; ils ne savent où aller et ceux qui dirigent ces usines, ces établissements ne sont pas moins embarrassés pour choisir les personnes les plus aptes aux tâches variées, qui exigent souvent des aptitudes spéciales, dont ils ont besoin.

Pour les fils de riches bourgeois qui continuent leurs études, même s'ils sont des cancres, le problème de l'orientation professionnelle a beaucoup moins d'importance.

L'expression « orientation professionnelle » aurait, nous dit Claparède, été employée pour la première fois par Bovet, en 1916. Déjà, auparavant, on s'était occupé de 1a chose, surtout en Amérique, où des efforts étaient faits en faveur du taylorisme et de la rationalisation.

La guerre a accru le mouvement en faveur de l'orientation et de la sélection professionnelles. Lorsque l'Amérique prit part au conflit, elle n'avait pour ainsi dire pas d'armée, et surtout elle manquait d'officiers. Pour sélectionner des individus capables de remplir ce rôle, on imagina des épreuves, adoptées de celles que Binet avait employées en France avec des enfants, des tests. L'aviation, en se développant, posa aussi le problème du choix des aviateurs. « A un moment donné, les pertes de l'aviation étaient dues pour 2 % aux observateurs, pour 18 % aux appareils, pour 80 % à des fautes des pilotes. On appliqua alors de sévères et scientifiques méthodes de laboratoire avant d'admettre les candidats à l'aviation ; ces méthodes sont admises aujourd'hui par des conventions internationales, tant pour l'aviation civile que pour les services militaires. Le chiffre des accidents est abaissé dans de notables proportions. »

Enfin, l'après-guerre légua à toutes les nations une armée de mutilés qu'il importait d'autant plus d'utiliser, suivant leurs possibilités, que la main-d'œuvre avait été raréfiée par les pertes subies, alors que les besoins de la reconstruction, le souci de reconstituer les stocks épuisés exigeaient une production accrue. « On sent, écrivait Julien Fontègne, que le monde s'est, pour ainsi dire, désaxé ; les valeurs de quelque nature qu'elles soient, sont appréciées diversement : on court à l'argent auquel tous ou presque tous se sont accoutumés durant près de cinq ans ; on recherche la vie facile qui, pendant ce même laps de temps, a échappé à la majorité ; on fuit l'occupation tenace, persévérante et ... la jeunesse suit. »

On a pu constater :

1° Que certains métiers, certaines professions n'attirent plus la jeunesse ;

Qu'il en est d'autres, au contraire qui l'attirent en excès ;

3° Que les parents et les enfants préfèrent, en général, les occupations qui n'exigent pas d'apprentissage ou un bref apprentissage et assurent un gain immédiat.

Les industriels, les commerçants, les dirigeants des grandes administrations se sont alarmés, lorsqu'ils ont manqué de la main-d'œuvre qualifiée qui leur était nécessaire. Ils se sont alarmés aussi lorsque cette main-d'œuvre s'est offerte en trop grande abondance, car si cette abondance leur a permis d'obtenir des prix moins élevés, elle leur a fait craindre que la constitution d'une armée de chômeurs, de « mal contents » ne voue le pays « au désordre et à l'anarchie ».

Pour une autre raison encore, les industriels devaient favoriser le mouvement en faveur de l'orientation professionnelle. « Signalons, écrit Fontègne, l'impérieuse nécessité qu'il y a à réduire le plus possible les accidents du travail. L' « Association des industriels de France contre les accidents du travail » estime que, chez nous, trois mille personnes par jour sont victimes d'accidents et que la seule catégorie des accidents du travail coûte à l'industrie plus d'un milliard annuellement. » « A Paris, à la Société des Transports en Commun, où M. Lahy a introduit les méthodes de sélection psychotechnique, une enquête a montré que les wattmen admis sans examen psychotechnique préalable avaient causé, au cours d'une année, un nombre d'accidents de 16 % supérieur à ceux qui ont été causés par les agents sélectionnés. »

Enfin, le mouvement en faveur de l'orientation professionnelle a eu l'appui des chercheurs et des savants. Certes, il y a eu des pseudo-savants, peu sérieux. Wintsch nous cite un « conseiller de professions qui juge des capacités psycho-techniques d'un futur apprenti en lui faisant dessiner un chat. » Cependant, la plupart, plus sérieux, reconnaissent qu'on en est aux travaux de début et sont beaucoup plus modestes en leurs prétentions. Ajoutons qu'ils sont, en général, plus désintéressés, qu'ils ne craignent pas, à l'occasion, de se mettre en travers des prétentions de certains employeurs qui ne voient que leur intérêt immédiat et se soucient peu de ceux des futurs apprentis comme aussi de ceux de la société.

Comme résultat de ces diverses influences, des offices d'orientation professionnelle ont été créés. En 1928, l'action de ces offices s'est exercée sur 18.425 enfants ; il s'agit de la France seulement, bien entendu. Il existe un Institut National d'Orientation Professionnelle qui publie un bulletin mensuel dans lequel on peut trouver d'assez nombreuses informations concernant non seulement la France, mais aussi l'étranger. Et la classe ouvrière ? Malgré un rapport de la Commission de l'Enseignement de la C. G. T., il nous semble qu'elle s'est encore peu souciée de la question.

Ainsi donc, l'orientation et la sélection professionnelles ont été utilisées surtout par le capitalisme et l'ont été tout naturellement à son profit.

Elles ont également été des instruments aux mains des divers nationalismes, non seulement dans la période de guerre, mais aussi en dehors de la guerre. On sait que divers gouvernements, et en particulier les Etats-Unis, ont pris des mesures pour limiter et régulariser l'immigration.

A d'autres égards, ce mouvement peut ne pas être sans danger pour la classe ouvrière. Il est clair que les classes dirigeantes seraient heureuses de la diviser en classes hostiles et il semble bien qu'elles y soient parvenues dans une certaine mesure aux Etats-Unis.

Il est à craindre, aussi, que l'on ne se préoccupe trop des besoins du moment et que, par souci utilitaire, on ne forme des apprentis en vue d'un travail en série et d'une production intensive, mais non point capables de s'adapter. « L'ouvrier, écrit M. Maisonneuve, ne doit pas être à la merci d'une industrie qu'une invention, une crise économique, une modification douanière, un caprice de la mode peuvent faire disparaître. Son éducation générale doit lui permettre de s'adapter avec un minimum de temps et d'efforts à une nouvelle profession.

Enfin, n'oublions pas que tout progrès dans le machinisme et l'organisation scientifique du travail sera dangereux s'il n'est accompagné d'un progrès dans l'organisation sociale, car il aura pour résultats l'avilissement du prix de la main-d'oeuvre, le chômage, la misère et les guerres qu'amènent la surproduction et la concurrence économique.

Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a des millions de chômeurs dans le monde. Cependant des enfants qui devraient encore aller à l'école pour s'instruire doivent travailler, des femmes chargées de famille et des vieillards travaillent. La question du choix du métier se pose à l'enfant, alors qu'il est en pleine évolution de puberté. L'orientation professionnelle est alors illusoire parce que la personnalité physique et la personnalité morale ne sont pas formées. L'époque de la puberté, dit Wintsch, est une période de déséquilibre physique et mental, et c'est le moment où l'on met les enfants devant les chemins de la vie. Ce n'est qu'un des aspects du désordre social.

Résumant Wintsch, M. Pierrot écrit : « Pourquoi l'homme a-t-il fait des conquêtes si importantes dans le domaine technique ? Au point de vue logique (lequel ne correspond pas toujours, je l'avoue, avec la réalité), c'est afin d'avoir plus de sécurité et moins de peine ; moins de peine et plus de loisir pour l'adulte qui devrait avoir le temps de varier son activité et même tout simplement de rêver, moins de peine pour les vieux, pour les femmes chargées de famille, et point de travaux forcés pour les adolescents. Un des premiers bénéfices du machinisme, et le plus important au point de vue social, devrait être de donner à tous les enfants des hommes la possibilité d'une instruction complète (instruction professionnelle non étroitement spécialisée et culture générale), jusqu'à l'âge de 18 ans au moins, sans qu'ils soient forcés de gagner prématurément leur vie. L'avenir verra une orientation éducative, selon les aptitudes, plutôt que l'orientation professionnelle, telle qu'on la conçoit aujourd'hui.

Trop de techniciens, m'objectera-t-on. Mais le machinisme aura toujours besoin davantage de techniciens, et, d'autre part, la machine doit remplacer les manœuvres - pas complètement, c'est entendu. Or, il y aura toujours aussi (en moins grand nombre, sans doute, avec les progrès de l'hygiène), des débiles intellectuels qu'il faudra orienter dans les écoles spéciales vers des besognes simples et sans responsabilité ; il y aura aussi des gens pour qui la technique est rebutante, et qui préfèreront une activité sociale plus fantaisiste, ou même une activité monotone et subalterne, pourvu qu'elle soit de courte durée.

Sans doute, outre les manœuvres, la vie économique a besoin de travail manuel qualifié. Mais ce travail manuel qualifié nécessite la connaissance d'une technique artistique et scientifique. D'ailleurs, il ne s'agit pas de refouler le goût de beaucoup d'enfants pour les occupations manuelles et les occupations artistiques. Au contraire, une société où le travail serait au premier rang comme valeur morale, devrait accorder au travail manuel qualifié (horlogerie, bijouterie, ébénisterie, mécanique, ferblanterie, etc...) toute l'importance qu'il mérite. Il n'est pas mal, non plus, que le technicien proprement dit mette la main à la pâte. L'aptitude aux travaux manuels ne signifie pas du tout une infériorité intellectuelle, car une grande habileté manuelle s'accompagne d'une intelligence très développée ...

Il est d'ailleurs souhaitable que chacun connaisse le pourquoi de sa besogne, qu'il soit, non pas le serf de la machine mais son surveillant, qu'il puisse comprendre l'activité générale des rouages d'une usine, qu'il ait la possibilité et, par suite, l'ambition de prendre droit de regard sur l'usine elle-même et son fonctionnement. La classe ouvrière, avec sa petite instruction actuelle ne saurait s'affranchir seule ; elle peut conquérir de meilleures conditions de travail, mais elle est incapable de mettre la main sur les moyens de production et d'en diriger le fonctionnement (exemple, la Russie) ; elle est obligée de subir la domination des capitalistes. La classe des techniciens, de plus en plus nombreuse et de moins en moins privilégiée, n'acceptera pas éternellement sa subordination à la classe parasitaire des financiers. Dans la société de l'avenir, l'autorité de fait, c'est-à-dire l'autorité de domination, l'autorité de l'argent, ne gouvernera plus les hommes. » Aujourd'hui, la classe capitaliste s'efforce de faire miroiter, aux yeux de la classe ouvrière, tous les avantages que celle-ci retirera de l'orientation professionnelle et néglige de parler des motifs intéressés qui la poussent à favoriser ce mouvement.

En choisissant un métier qui correspond à vos aptitudes, vous aurez, dit-elle au futur apprenti, moins de chances de chômage que si vous restiez simple manœuvre, et des statistiques exactes prouvent que cette assertion n'est pas mensongère. Vous éviterez aussi d'entreprendre un métier pour lequel vous n'avez pas les qualités requises, qui serait malsain et dangereux pour vous. « La vertu, leur dit-on, consiste à n'être ni au-dessus, ni au-dessous de ce qu'on peut être : ce qu'on doit être. On se le doit à soi-même pour son bonheur, car si les gens sont inquiets, malades quand on leur demande un effort trop grand, on est également malheureux quand on n'est pas à même de donner tout ce qu'on peut donner. On est seulement heureux quand on est à sa place. »

Mais les classes dirigeantes n'admettent de mettre « the right man » à « the right place » que dans la mesure où ça ne trouble pas l'organisation capitaliste. Il ne lui vient pas à l'idée d'utiliser l'orientation professionnelle pour sélectionner des agents de change, des banquiers, des membres de conseils d'administration pour ses entreprises. Jusqu'à quand pourra-t-elle limiter l'application intégrale d'une meilleure organisation sociale qui n'obligera pas l'individu à exercer un métier pour lequel il n'a point de goût, mais qui ne lui permettra pas non plus d'occuper une fonction de direction, de contrôle, et que d'autres individus sont mieux capables de remplir ?

Ce temps n'est pas encore proche, l'orientation professionnelle est encore trop peu développée ; mais il viendra d'autant plus tôt que les ouvriers appuieront davantage les efforts des orienteurs. Ce fut un tort des révolutionnaires russes de vouloir faire leur révolution en traitant les techniciens en parias. Sans doute parmi les techniciens, ingénieurs, etc., y a-t-il des lèche-bottes, des conservateurs et des réactionnaires, mais il y a aussi des hommes de progrès. Dans le Bureau de l'Institut National d'Orientation Professionnelle, nous avons pu lire : « L'organisation sociale est bonne si les diverses fonctions sociales sont remplies par les hommes qui conviennent le mieux pour ces fonctions. » La classe ouvrière doit apporter son appui éclairé à un mouvement qui peut contribuer un jour à sa libération.

Examinons rapidement le problème et les méthodes de l'orientation professionnelle.

D'abord, il faut écarter l'enfant des professions pour lesquelles il n'a pas les aptitudes voulues.

Ensuite, il faut faciliter son choix d'une profession qui lui agrée et où il pense et peut réussir.

La première partie du problème est évidemment la plus aisée à résoudre, cependant, tout comme la seconde, elle nécessite : d'une part, la connaissance de l'enfant, d'autre part, la connaissance des divers métiers ou professions. Enfin, la connaissance des besoins sociaux ne saurait être négligée, non seulement dans l'intérêt de la société, dont toutes les fonctions - et par là nous entendons, non seulement les fonctions d'administration, qui exigent des fonctionnaires, mais aussi les fonctions de production qui exigent des ouvriers agricoles, d'industrie, etc., celles de circulation (ouvriers des transports, etc.), etc. - doivent être remplies, mais encore dans celui des individus.

Connaître l'enfant ! C'est d'abord le rôle de la famille, mais il faut dire que peu de parents sont aptes à bien juger leurs enfants. C'est ensuite le rôle des instituteurs, mais les instituteurs eux-mêmes n'ont ni les connaissances, ni les aptitudes nécessaires pour bien orienter un enfant. Ils peuvent fournir des indications précieuses, ce n'est pas suffisant.

Il faut : 1° des indications d'ordre physique (fiche du médecin) ;

2° Des indications d'ordre scolaire (fiche de l'instituteur ou des professeurs) ;

3° Des indications d'ordre psychologique (fiche des spécialistes d'un laboratoire de psychologie) ;

4° Des indications d'un établissement où l'enfant sera orienté progressivement, en tenant compte des données des fiches précédentes.

Connaître les exigences des professions ! Chose plus malaisée qu'on ne suppose, les individus sont peu qualifiés pour découvrir leurs propres qualités. Il faudra pourtant établir des monographies professionnelles. Il en existe déjà, mais leurs données sont souvent incomplètes. Les syndicats ouvriers pourraient aider à la préparation de ces monographies, ce serait bien, mais non suffisant dans beaucoup de cas. Ici encore, il faudra faire appel à des techniciens (médecins, psychologues, etc., etc...).

Connaître la situation sociale du moment, savoir quels sont les métiers encombrés, ceux pour lesquels il y a manque de main-d'œuvre. Prévoir aussi, dans la mesure du possible, les transformations qui ne cessent de se produire et les possibilités de réadaptation à d'autres métiers lorsque les besoins de l'un d'eux diminuent (inventions nouvelles, tarifs douaniers, etc., etc...).

Nous n'entrons pas dans les détails. Ces détails sont affaire des spécialistes qui ont, d'ailleurs, à perfectionner un outil de progrès social encore bien imparfait aujourd'hui. Ce que nous voulions, c'était, avant tout, expliquer à nos lecteurs en quoi consistait l'orientation professionnelle et comment cette orientation, mise d'abord au service des capitalismes et des nationalismes, pouvait devenir un instrument de libération et de progrès. A la condition qu'ils le sachent et le veuillent. 

- E. DELAUNAY.