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POPULATION

Ensemble des habitants d'une agglomération, d'une contrée, de la terre. Même si l'on ne considère que le nombre des humains, que leur répartition, leurs migrations et, en général, que les faits statistiques de l'anthropogéographie, la question de population est une des plus vastes qu'on puisse examiner.

C'est une des plus graves, et peut-être la plus grave, si on l'envisage du point de vue physiologique, psychologique, économique et social. Il s'agit alors des deux grands actes de l'existence, vivre et se reproduire. C'est alors une question biologique, la suprême question du développement de la vie humaine à la surface du globe.

A la vérité, jamais les potentats ne se sont intéressés autrement à la population que pour l'accroître d'une façon hasardeuse, sans se soucier de savoir si cet accroissement pouvait provoquer et entretenir le malheur des sujets.

Sauf chez les Grecs, on ne rencontre nulle part, à aucune époque, ni dans la littérature, ni dans l'histoire, ni chez les philosophes, encore moins, si possible, dans les codes, la moindre indication d'une règle limitant le nombre des membres d’un groupement, ni le moindre doute quant à cette idée que, pour la prospérité d’un pays, il est indispensable que s'accroisse sans arrêt le nombre de ses habitants.

Platon opine cependant que l'on doit « arrêter ou encourager la propagation » selon le besoin, « par les honneurs, la honte et les avertissements des vieillards ». Il veut même, dit Montesquieu, « que l'on règle le nombre des mariages de manière que le peuple se répare sans que la république soit surchargée » (Lois, liv. V). Il prescrit expressément que le « nombre des maisons et des lots de terre ne dépasse jamais cinq mille quarante, comme celui des guerriers » ! Quand au nombre des enfants il dit qu'en cas de surabondance, on peut « interdire la génération ou favoriser l'émigration ».

Aristote, selon Montesquieu, exprime que « si la loi du pays défend d'exposer les enfants, il faudra borner le nombre de ceux que chacun doit engendrer », que « si l'on a des enfants au-delà du nombre défini par la loi il faut faire avorter la femme avant que le fœtus ait vie » (Politique Liv. V).

« C'est un grand tort, dit encore Aristote, quand on va jusqu'à partager les biens en parties égales de ne rien statuer sur le nombre des citoyens, et de les laisser procréer sans limite, s'en remettant au hasard pour que le nombre des unions stériles compense celui des naissances, quel qu'il soit, sous prétexte que, dans l'état actuel des choses, cette balance semble s’établir tout naturellement. Il s'en faut que le rapprochement soit le moins du monde exact… Le parti le plus sage serait de limiter la population et non la propriété, et d'assigner un maximum qu'on ne dépasserait pas, en ayant à la fois égard, pour le fixer, et à la proportion éventuelle des enfants qui meurent, et à la stérilité des mariages... S'en rapporter au hasard, comme dans la plupart des états serait une cause inévitable de misère dans la république de Socrate ; et la misère engendre les discordes civiles et les crimes... » Aristote va jusqu'à permettre l'abandon et l'avortement.

Mais ce ne sont là que des vues théoriques. Toutes les lois anciennes et modernes cherchent à multiplier les mariages pour accroître la population. On connaît l'effort d'Auguste, par les lois Julia et Papia Poppea, en vue de combattre le célibat et la diminution du nombre des citoyens romains.

Le christianisme, un moment, réagit, en dehors de toute préoccupation économique, contre les encouragements au mariage. Partant d'un principe religieux, moral, saint Paul recommanda le célibat. Il ne resta guère des conseils d'abstinence de l'église catholique primitive que la pratique du célibat chez les prêtres, que les anathèmes dom elle frappa, notamment au concile de Trente l'opinion que l'état conjugal doit être préféré à l’état de virginité ou de célibat. En fait l'Eglise impose le célibat aux prêtres parce qu'il est une force pour sa défense et sa domination, pour La propagation de la foi. Mais elle a toujours provoqué la multitude au mariage, à la procréation et a fait une loi aux fidèles du cresette et multiplicamini. Les prêtres, les écrivains catholiques, casuistes ou non, par tous les moyens, y compris la confession ont poussé à la reproduction irréfléchie, à l'accroissement humain désordonné.

La littérature du moyen âge, la littérature moderne ne semblent pas avoir émis de profondes remarques sur la population. Les documents précis sur le nombre des hommes font défaut dans les ouvrages courants d’histoire ancienne, d'histoire du moyen âge et des temps modernes. Peut-être les érudits pourraient-ils éclairer sur ce point les chercheurs ? Sans doute trouverait-on qu'au cours des siècles les famines, les guerres, la misère permanente ont eu pour grande cause occulte et originelle un surcroît continuel de population par rapport aux produits. Si j'en crois Rambaud, par exemple, un des rares historiens qui aient eu quelque intuition de l'importance de cette question, les politiques ecclésiastiques du moyen âge semblent avoir préconisé l'idée de déverser sur d'autres pays le trop plein des populations de l'ouest européen, Les Croisades n'auraient été que la mise à exécution d'un plan d'émigration en masse. C'est au moins ce que laisse supposer un passage de la prédication du pape Urbain II au concile de Clermont où fut prêchée la première Croisade. Le pape exprima cette idée presque dans les mêmes termes que les économistes et les politiques actuels invitant les déshérités d'Europe à chercher fortune dans le nouveau monde ou aux colonies australiennes et africaines : « La terre que vous habitez, disait Urbain II, cette terre fermée de tous côtés par des mers et des montagnes, tient à l'étroit votre trop nombreuse population ; elle est dénuée de richesses et fournit à peine la nourriture de ceux qui la cultivent. C'est pour cela que vous vous déchirez et dévorez à l'envi, que vous vous combattez, que vous vous massacrez les uns les autres. Apaisez donc vos haines et prenez la route du Saint-Sépulcre... »

Quoi qu'il en soit, il semble que la question de population n'a pris, dans les préoccupations des hommes d'état et des philosophes, une place assez importante que vers le XVIIIe siècle.

Sauf des aperçus superficiels et ingénieux chez Vauban, par exemple, au XVIIe siècle, et toujours dans le sens de l'accroissement, il faut arriver à Mirabeau le père, à Quesnay, Adam Smith, Arthur Young, Dugald Stewart, au moine vénitien Ortes, à l'anglican Townsend, à bien d’autres, pour trouver des vues fugitives, des intuitions incomplètes sur la question.

Ce fut Malthus qui étudia le plus profondément le sujet et émit, le premier, des principes dont l’importance est telle qu'aujourd'hui encore ne sont pas closes les discussions qu’ils ont suscitées. Les recherches et les conclusions de cet économiste tendaient à démontrer, et, à mon sens, démontraient, que tout accroissement dans le chiffre de la population, que ne précède pas ou n'accompagne pas un accroissement correspondant des moyens de subsistance, ne peut engendrer que la misère, la guerre, un accroissement de la mortalité. Selon lui la difficulté ne consiste jamais à mettre au monde des êtres humains, mais à les nourrir, à les vêtir, à les loger comme il faut, à les élever lorsqu'ils sont nés. Réagissant contre le fameux aphorisme de J.-J. Rousseau, adopté, prôné par de nombreux disciples : il n'est pire disette pour un état que d'hommes, Malthus démontra qu'en tout lieu l’espèce humaine s'accroît tant que la multiplication n'est pas arrêtée par la difficulté de pourvoir à sa subsistance et par la pauvreté d'une portion de la société, et que, en conséquence, au lieu de favoriser l'accroissement on doit plutôt s'efforcer de le limiter, de le régler.

Nous n'analyserons pas ici son ouvrage, pas plus que les déductions qu'en ont tirées les purs malthusiens et les néo-malthusiens. On aura des vues sur ce point aux articles Malthusisme et Néo-Malthusisme, Naissances, Natalité, Eugénisme, etc. de cette encyclopédie. Nous nous bornerons à considérer la population au point de vue statistique laissant à chacun le soin de rechercher les causes dont les faits chiffrés découlent, sans envisager davantage les conséquences. Tout au plus ferons­ nous quelques remarques à la fin de cet article, et suggèrerons-nous une étude méthodique, arithmétique, sur la population et les subsistances.

Ceci dit, quel est le nombre des hommes qui ont peuplé aux différentes époques, et qui peuplent aujourd'hui, notre planète ?

Dans les pays à recensements périodiques, comme la plupart des contrées européennes, quels que soient les erreurs, les omissions, les doubles emplois, le chiffre de la population est assez exactement connu. Mais partout ailleurs les évaluations remplacent les recensements et les chiffres, alors, varient quelquefois dans de fortes proportions. C'est ainsi, par exemple, qu'avant le premier recensement qui fixa la population de Madagascar à 2.500.000 habitants on l'évaluait diversement de 1 million à 6 millions d'habitants.

Pour la terre entière aux diverses époques les évaluations ont été fort différentes. En 1660, Riccioli évaluait la population de la terre à 1 milliard d'habitants. Süssmich, en 1742, indique le même chiffre. Voltaire donne 1 milliard 600 millions en 1753, et Volney cinquante ans plus tard, seulement 435 millions. C'est vers 1830-40 que l'on commence à avoir des chiffres moins fantaisistes. Bernoulli et Omalius d'Halloy évaluent à cette époque à 800 millions d'habitants la population de la terre, Kolb, en 1868, indique 1.250 millions, Bebm et Wagner, en 1882, 1.450 millions environ.

Voici les chiffres des évaluations, de 1880 à 1930, en millions d'habitants, chiffres fournis par les publications officielles, de la population de la terre (nombres ronds) :


1880

1900

1910

1930


Europe

328

420

450

530

Asie

800

850

800

1000

Afrique

110

130

140

145

Amérique

100

160

175

150

Océanie

5

5

6

10

Monde

1.343

1.565

1.571

1.935

On remarquera l'incertitude des chiffres pour l'Asie, notamment. C'est que, l'Inde et le Japon exceptés, les contrées de cette partie du monde sont sans recensements. Les chiffres de 1930 sont ceux, arrondis, de la Société des Nations (Annuaire Statistique 1930-31).

Le tableau suivant complète le précédent :



HABITANTS



1900

1930



Nombre

Nombre


Superficie en milliers de km²

En millions

Par km²

En millions

Par km²

Afrique

28.890

130

4,4

145

4,9

Amérique

40.945

160

3,9

250

6

Asie

41.970

850

20

1.000

25

Europe

11.425

420

36,6

530

46,5

Océanie

8.560

5

0,5

10

1,1

Monde

131.820

1.565

11,8

1.935

15,2

On voit que la population du globe s'accroît, que les lamentations sur la dépopulation sont vaines et ne peuvent en tout cas être prises en considération que par ceux qui regardent comme nécessaire la concurrence, la lutte, la guerre et toutes les misères qui s'en suivent.

Il n'est pas possible, dans le cadre de cette encyclopédie, de donner les chiffres des mouvements de la population de tous les pays sur de longues périodes, ce qui serait utile pourtant si l'on veut établir des comparaisons. Nous devrons nous borner aux quelques tableaux suivants qui concernent seulement les principales régions du monde en faisant remarquer que les événements politiques, les guerres, changent la physionomie géographique des divers pays et rendent leurs statistiques difficilement comparables :

I. - Superficie et population des principales parties du monde


1911-1914

1929

Etats et régions

Superficie en milliers de km²

Population en milliers d'habitants

Densité par km²

Superficie en milliers de km²

Population en milliers d'habitants

Densité par km²

AFRIQUE :







Egypte

930

11.300

12,1

1.000

14.200

14,2

Ethiopie

518

8.000

15,4

900

10.000

11,1

Liberia

95

1.500

15

120

2.500

20,8

Possessions :







Allemandes

2.700

15.000

5,6




Belges

2.400

10.000

0,5

2.400

10.000

0,5

Britanniques

7.100

37.150

5,2

9.200

41.700

4,5

Espagnoles

220

700

3,2

335

950

3

Françaises

9.200

30.900

3,3

10.500

35.600

3,5

Italiennes

1.550

1700

1

2.100

2.100

1

Portugaises

2.050

6.400

3

2.050

6.400

3

AMERIQUE :







Canada

11.400

7.400

0,7

9.500

9.900

1

Etats-Unis

7.800

92.000

11,7

7.800

122.300

15,6

Mexique

2.000

15.000

7,5

2.000

16.350

8,1

Argentine

2.750

7.200

2,5

2.750

11.200

4,1

Bolivie

1.300

1.900

1,5

1.300

3.000

2,3

Brésil

8.500

20.500

2,4

8.500

40.300

4,7

Chili

750

3.250

4,3

750

4.200

5,6

Colombie

1.200

4.200

3,5

1.200

8.000

6,6

Equateur

310

1.300

4

310

2.000

6,4

Paraguay

250

630

2,5

450

900

2

Pérou

1.380

4.500

3,2

1.380

6.300

4,5

Uruguay

190

1.050

5,7

190

1.850

9,5

Venezuela

1.000

2.050

2,7

1.000

3.157

3

ASIE :







Asie russe (U.R.S.S.)

17.200

27.600

1,7

15.000

33.200

2,2

Afghanistan

560

5.000

8,9

650

7.000

10,7

Arab.

2.300

1.000

0,5

2.600

7.000

2,7

Chine

11.200

320.000

28,5

11.200

450.000

40,1

Japon

380

50.000

131,3

380

63.000

165,7

Perse

1.600

9.500

5,6

1.600

9.500

5,6

Empire ottoman

1.700

17.000

9,5

740

13.100

17,7

Possessions :







Britanniques

5.000

323.000

64

5.100

360.000

70,6

Françaises

750

17.200

21,5

750

25.000

33,3

Japonaises

300

17.000

56,6

300

25.600

88,6

Néerlandaises

1.900

37.700

19,7

1.900

60.000

31,8

Américaines

300

7.842

24,9

300

12.200

40,6

EUROPE :







Allemagne

540

65.000

120,3

469

64.100

137,1

Autriche

300

28.500

95

84

6.700

797

Belgique

29

7.400

255,1

30

8.000

266,6

Bulgarie

96

4.300

44,7

103

5.800

56,3

Danemark

39

2.700

69

43

3.500

81,3

Espagne

495

19.000

38,3

503

22.700

45,1

Estonie




48

1.100

22,9

Finlande




388

8.400

8,7

France

536

39.600

73,8

551

41.200

74,7

Grèce

65

2.600

40

130

6.300

48,4

Hongrie

325

20.800

64

93

8.000

38,7

Irlande

84

4.400

52,3

69

2.900

42

Italie

287

34.600

120,5

310

41.500

133,8

Lettonie




66

1.900

28,8

Lituanie




56

2.300

41

Luxembourg

3

260

86,6

3

295

98,3

Norvège

321

2.400

7,4

324

2.800

8,6

Pays-Bas

33

5.800

175,8

34

7.800

229,4

Pologne




388

30.700

79,1

Portugal

91

5.200

59,1

90

5.800

64,4

Roumanie

131

6.900

52,6

295

17.600

59,3

Royaume-Uni

131

6.900

54,6

295

17.600

59,3

Serbie

48

3.000

62,5




Suède

448

5.500

12,2

448

6.120

13,6

Suisse

41

3.700

90,2

41

4.000

97,5

Tchécoslov.




140

14.600

104,3

Turquie

170

6.200

36,4

24

1.000

41,7

U.R.S.S.

5.100

133.000

26

5.900

124.000

21

Yougoslavie




250

13.700

54,8

OCEANIE :







Australie

7.700

4.800

0,6

7.700

6.400

0,8

Nouvelle-Zélande

270

1.000

3,7

270

1.500

5,5

Quelques-uns de ces tableaux appellent des remarques très générales. Partout la population s'accroît, partout sa densité kilométrique s'accentue. La France elle-même « le pays qui se dépeuple » voit sa population passer en 25 ans de 39 millions à 40 millions (en ne tenant pas compte de l'Alsace-Lorraine) et sa densité s'accroître de 1 habitant par 2 kilomètres carrés.

II. - Population par groupes d'âge (Pourcentage de chaque groupe par rapport au total)

PAYS

Année de naissance

De 0 à  20 ans

20 à  59 ans, sexe masculin

20 à 59 ans, sexe féminin

Plus de 50 ans

Total

sexe masculin

Total

sexe féminin

Allemagne

1925

36,3

25,9

28,7

9,1

48,4

51,6

Angleterre

1921

37,1

24,9

28,6

9,4

47,7

52,3

Autriche

1920

35,8

25,4

28,8

10,0

48,8

51,2

Belgique

1920

34,7

27,1

28,0

10,2

49,2

50,8

Espagne

1920

41,9

23

25,3

9,8

48,5

51,5

France

1921

31,6

25,5

29

13,7

47,5

52,5

Hongrie

1920

41,2

23,5

26,3

9

48,5

51,5

Italie

1921

40,9

23,3

25

10,8

49,4

50,6

Norvège

1920

42,2

22,3

24,7

11

48,7

51,3

Pays-Bas

1920

42,4

23,9

24,9

8,8

49,7

50,3

Pologne

1921

47,5

21,1

23,8

7,6

48,3

51,7

Portugal

1920

43

21,4

25,7

9,4

47,3

52,7

Roumanie

1912

46,9

22,3

23,3

7,5

49,8

50,2

Suède

1920

38,6

24

23,2

12,2

49,1

50,9

U.R.S.S.

1926

48,7

21,1

23,5

6,7

48,3

51,7

Canada

1921

43,4

25,7

23,2

7,5

51,5

48,5

Etats-Unis

1920

40,7

26,7

25,1

7,5

51

49

Inde

1921

47,7

24,3

23,5

5,3

51,4

48,6

Japon

1925

46,6

23,3

22,4

7,7

50,2

49,8

Australie

1921

40,1

26,5

23,8

7,5

50,8

49,2

Nouvelle-Zélande

1926

39,1

26,9

25,9

8,1

51

49

III. - Population par professions - Pourcentage de chaque groupe

PAYS

Année

Agriculture Pêche

Bât. carrières

Industrie

Commerce

Marine marchande

Autres transports commerciaux

Armée

Admin. publique

Prof. libérales

Services

Autres

Allemagne

1909

35,2

4,3

35,8

8,7

3,7

2,3

1,4

2,5

5,6

0,5


1925

30,5

3,2

38,1

11,7

0,5

4,2

0,4

2

4,1

4,4

0,9

Royaume-Uni

1911

7,7

6,9

38,7

13,4

1,7

5,2

4,4

4,2

15,1

2,7


1921

6,8

7,5

39,7

13,9

1,9

5,1

6,6

4,4

11,8

2,4

Belgique

1910

22,5

5,7

40,4

11,9

0,6

4,9

1,1

2

3,4

5,9

1,6


1920

19,1

6,6

39,9

10,7

0,8

6,8

2,2

3,3

3,6

5

2

Espagne

1920

56,1

1,6

19,3

5

2,8

2,6

0,9

3,1

3,7

4,9

France

1911

41

1,2

31,9

9,8



1,6

2,6

3,5

4



1926

38,3

2

31,2

11,4

0,3

3,1

3

1,4

3,9

4,4


Italie

1911

55,4

0,7

25,9

5,6

3,3

1,5

1,3

2,7

3

0,6


1921

56,1

0,6

24

6,4

4

2

1,5

3

2


U.R.S.S

1926

86,7

6,1

1,4

1,6


2,3

1,9

Canada

1911

37,1

2,3

27,1

10,4

0,9

7,1


2,8

4,4

7,9



1925

35

1,6

26,9

13

0,7

7,1

0,2

2,8

6

6,7


Etats-Unis

1910

33,2

2,5

27,9

9,5

0,4

6,6

0,2

0,9

4,4

9,9

4,5


1920

26,3

2,6

30,8

10,2

0,4

7

0,5

1,3

5,2

8,2

7,5

Inde

1911

71,7

0,1

12,2

5,9

0,3

1,3

0,3

1,2

1,6

1,9

3,5


1921

72,3

0,3

11,2

5,9

0,2

1,2

0,3

1,1

1,5

1,8

4,2

Australie

1911

24,2

5,3

28,4

14,5

2,2

5,8

0,3

1,1

5,9

10,1

2,2


1921

22,9

2,9

31,2

15,3

2,1

6,9

0,4

1,7

6,5

9

2,1

Le tableau II montre que c'est, de tous les pays du monde, la France qui a le moins de jeunes de 0 à 20 ans : 32 p. 100 contre 36 en Allemagne, 49 en URSS, etc. En revanche, de toutes les grandes nations européennes, c'est elle qui a le plus d'adultes producteurs de 20 à 60 ans et surtout le plus de femmes de 20 à 60 ans. C'est aussi la France qui a le plus de vieillards de plus de 60 ans. Cela est considéré par les surpeupleurs comme une faiblesse. J'estime que c'est une preuve que la vie est moins difficile, moins dure, en France que partout ailleurs.

Il est assez curieux que le nombre des femmes soit, en Europe, supérieur à celui des hommes et que ce soit le contraire au Canada, aux Etats-Unis, en Inde et au Japon.

Le tableau IV indique que le taux de la natalité baisse dans toutes les nations, que la nuptialité « légale » est en baisse presque partout et que l'excédent des naissances, partout constaté, ne s'accroît que dans quelques pays à forte natalité, Espagne, Italie, URSS, Japon. La baisse de la natalité, il convient de le rappeler, n'implique pas la diminution de la population, mais seulement la diminution de son accroissement. La mortalité diminue également partout. Il est remarquable qu'elle soit relativement élevée en France. C'est peut-être l'abondance des vieillards qui accentue la mortalité.

IV. - Natalité, Mortalité, Augmentation de la population, Nuptialité

Taux annuel par 1.000 habitants

Pays

Année

Natalité

Mortalité

Excédent

Nuptialité

Allemagne

1921-25

22,1

13,3

8,8

9,4


1930

17,5

11,1

6,4

8,7

Royaume-Uni

1921-25

20,3

12,4

7,9

7,7


1929

16,8

11,7

5,1

7,7

Belgique

1921-25

20,4

13,4

7

10,6


1929

18,2

15

3,2

8,9

Espagne

1921-25

30,1

20,3

9,8

7,4


1930

28,8

17,3

10,8

8,4

France

1921-25

19,3

17,2

2,1

9,5


1930

18,1

15,7

2,4

8,3

Italie

1921-25

28,9

17

11,9

8,3


1930

26

13,7

12,3

7,1

URSS

1921-25

44,1

24,1

20

9,7


1928

42,7

18,8

23,9

10,7

Inde

1921-25

32,6

25,9

6,7



1928

34,3

23,9

10,4


Japon

1921-25

34,5

21,8

12,7

8,8


1929

32,7

19,8

12,9

7,8

Australie

1921-25

23,9

9,5

14,4

8


1929

20,3

9,5

10,8

7,5

Canada

1921-25

27,4

11,2

16,2

7,3


1929

24

11,6

12,4

7,9

Etats-Unis

1921-25

22,6

11,9

10,7

10,6


1929

18,9

11,9

7

8,9

V. - Mortalité infantile

Décès au-dessous d'un an pour 1.000 naissances


1921

1926

1929

Allemagne

134

102

96

Autriche


123

113

Belgique

115

97

104

Bulgarie

183

127

153

Danemark

77

84

83

Espagne

147

125

123

Finlande

95

86

98

France

115

97

95

Grèce

68

75


Hongrie

193

167

179

Irlande

73

74

70

Italie

129

127


Lettonie

93

88

101

Lituanie


146

176

Luxembourg

111

126

121

Norvège

54

48

49

Pays-Bas

85

61

49

Roumanie


194

197

Royaume-Uni

80

72

76

Suède

64

56

60

Suisse

74

57

52

Tchécoslovaquie

173

154

143

URSS


193

165

Canada

102

102

92

Etats-Unis

76

73

68

Inde

198

189

170

Japon

168

138

142

Australie

66

54

51

Nouvelle-Zélande

48

40

31

VI. - Migrations en milliers


DES NATIONAUX

DES ETRANGERS


Emigration

Immigration

Immigration

Emigration


1923

1929

1923

1929

1925

1929

1923

1929

Allemagne

62,7

48,7

32,5

38,4

47,9

96

0,9

1

Autriche

4,6

4,8



4,4

7,4



Belgique

20,8

13,4

10,5

8,8

36,4

46,6

14,1

15,5

Espagne

55,5

49,4

37,8

39,8



1,6


France

1,8

3,5



176,2

179,3

54,4

38,8

Grèce

3,5

9,7


4,4





Hongrie

3,5

7,4

0,3

0,5





Italie

279

149,7

189

109,3





Norvège

7

8



0,3

0,6



Pays-Bas

3

3







Pologne

81

243,4

21,2

104,5





Portugal

19,2

40,3

16,8

14,2





Royaume-Uni

140,6

143,7

56,3

56,2

4,8

11,3



Suède

11,9

10,9

4,9

6,2





Suisse

3,5

3,7



44,8

61,8

0,8

0,8

Tchécoslov.

36,1

28,1

5

6,2

2,5

1,2



Yougoslav.

15

15,7

5,7

6



2,6

2,4

Canada



40

30,5

85

164,9



Etats-Unis

25,3

23,4



290

268,9

81,6

53,1

Inde

155

138







Japon

10,6

20

13,6






Le tableau V marque une baisse générale de la mortalité infantile (sauf en Roumanie, en Hongrie, Lettonie, Lituanie, Japon). Pour un pays peu chargé de naissances, la France garde une mortalité infantile relativement élevée. Sans doute l'éducation y est-elle moins développée en ce qui concerne la puériculture, l'hygiène de la première enfance.

Le tableau VI indique que d'une façon générale les pays à forte natalité ont une forte émigration et les pays à basse natalité une faible émigration et une forte immigration. Il faut noter que des mesures draconiennes sont prises par certains pays, comme l'Amérique, pour limiter l'immigration.

Ces tableaux pourraient être utilement complétés par d'autres sur la vie moyenne dans chaque pays. Sans doute seront-ils donnés au mot vie de ce dictionnaire.

A la question de population se rattache celle des subsistances. Y a-t-il assez de subsistances pour tous ? La presque unanimité des militants révolutionnaires répon­d affirmativement avec la plus grande assurance. Je ne suis point de cet avis. Je pense, au contraire, que les progrès agricoles, les progrès industriels, ceux des transports, etc., n'ont pas apporté à une humanité, sans cesse croissante, le bien être qu'elle attendait d'un développement prodigieux de la technique et j'avance que, dans l'hypothèse d'un partage équitable, la part individuelle serait insuffisante. Mais cette question, comme la précédente, sera sans doute traitée au mot subsistances.

- Gabriel HARDY.