REBELLION
n. f. du lat. rebellio
« Révolte, résistance ouverte aux ordres de l’autorité légitime ».
Voilà, donc, d’après le Dictionnnaire Larousse, la définition du mot.
Il semble clair que la rébellion soit l’acte de désobéissance, d’un ou
de plusieurs individus, àl’autorité - tout simplement, sans ajouter le
qualificatif : légitime - Car ce qui paraît légitime aux éducateurs
plus ou moins officiels des enfants du peuple ne l’est pas pour nous,
qui ne sommes ni des écoliers naïfs, ni des étudiants prétentieux, mais
des individus conscients à la recherche de toutes les vérités.
Le mot Rébellion a pour synonymes : Émeute, Insurrection, Mutinerie.
Mais comme tous les synonymes sont imparfaits, il nous paraît
nécessaire d’analyser, ici, chacun de ces mots et d’autres encore comme
: Résistance, Révolte pris dans leur vrai sens et selon les actes, les
faits, les théories, les raisonnements qui se rapportent à ces
différents mots ( voir ces mots ). Nous devons les examiner avec notre
raison et notre mentalité qui ne sont certes pas la raison et la
mentalité bourgeoises soumises à l’autorité légitime. Par le fait même,
nous sommes en rébellion, en résistance ouverte contre la façon de
comprendre ces mots selon l’enseignement officiel. Selon le Droit
bourgeois : « Pour que la rébellion constitue une infraction
punissable, il faut : 1° Qu’il y ait « attaque ou résistance avec
violence et voies de fait » ; 2° que cette attaque ou résistance soit
dirigée contre « les officiers ministériels, les gardes-champêtres ou
forestiers, la force publique, les préposés à la perception des taxes
et des contributions, les porteurs de contraintes, les préposés des
douanes, les séquestres, les officiers ou agents de la police
administrative ou judiciaire » ; 3° que les personnes ainsi déterminées
agissent « pour l’exécution des lois, des ordres ou ordonnances de
l’autorité publique, des mandats de justice ou jugements ».
La rébellion constitue un crime : a) lorsqu’elle a été commise par plus
de vingt personnes, soit armées, soit non armées (dans le premier cas,
elle est punie des travaux forcés à temps ; dans le deuxième, de la
réclusion) ; b) lorsqu’elle a été commise par une réunion armée de
trois personnes et plus, jusqu’à vingt (elle est alors punie de la
réclusion). En toutes autres circonstances, la rébellion est un simple
délit, puni correctionnellement.
L’article 219 du Code pénal assimile aux réunions de rebelles les
émeutes qui peuvent éclater dans les ateliers publics, les hospices ou
les prisons. Celui qui fait acte de rébellion est un rebelle : il
refuse d’obéir à l’autorité légitime, il se révolte.
Mais la rébellion ne peut être considérée comme un forfait que si elle
est vaincue. Les rebelles victorieux sont des héros, des justiciers,
des sauveurs de toutes sortes de belles entités, selon les
circonstances, les lieux, les motifs et les buts de la rébellion. Selon
le point de vue où l’on se place, la Rébellion est sainte, héroïque,
sacrée ou elle est horrible et criminelle. Dans toutes les Révolutions,
ou politiques, ou religieuses, ou sociales, sont ordinairement
considérés comme rebelles ceux qui se révoltent contre un joug, une
tyrannie, un régime. Que ces rebelles aient conquis le Pouvoir, ou
renversé le tyran ou transformé le régime, ce sont, alors, les vaincus,
s’insurgeant à leur tour, qui deviennent les rebelles.
En principe, le Rebelle a toujours tort, selon les soutiens ou les
partisans de l’ordre établi. S’il réagit dans son acte de rébellion,
s’il est vainqueur, alors, il n’a plus aucun tort. Il est le héros de
la Justice, de l’Indépendance, du Droit, de la Liberté. Si les
combattants de la Commune. n’avaient pas été vaincus par l’armée de
Versailles, en mai 1871, ils eussent été les fondateurs immortels du
Régime Républicain pour lequel ils sont morts.
La rébellion c’est, pour l’agent des mœurs, l’honnête femme qui résiste
à l’infâme maladresse, à l’ignoble erreur de ce voyou légal qui arrête
souvent, à tort et à travers, des malheureuses coupables de se trouver
seules sur la voie publique. Cet individu est assermenté et quand il
prétend avoir vu cette femme, non accompagnée, proposer par ses allures
le commerce de son corps, il est cru sur parole, car il est assermenté.
Le magistrat donne rarement tort à l’auteur d’une arrestation opérée
par l’un de ces bandits des Mœurs et, s’il soutient qu’il y eut
rébellion, la malheureuse n’est pas seulement flétrie de la mise en
carte, c’est-à-dire inscrite et assujettie aux règlements ignominieux
de filles soumises et ainsi matriculées dans le troupeau des
prostituées, elle doit répondre de l’accusation d’injures et coups à
agent de la force publique et se voit condamnée sans délai à plusieurs
mois de prison. À la prison de Saint-Lazare, elle fait connaissance
d’autres rebelles, victimes de la Police presque toujours, en tout cas,
victimes de la société qui prétend que la réglementation policière de
la prostitution est une institution magnifique, digne de la société
bourgeoise qui règlemente ce dont elle a besoin. En effet, la
Prostitution est nécessaire à la pourriture bourgeoise, au nom de sa
morale hypocrite, comme le Militarisme et la Caserne lui sont
indispensables au nom de son Patriotisme. Pour l’un et pour l’autre, ce
sont les enfants du Peuple qui sont enrôlés et sacrifiés. S’ils osent
se regimber, au moment de l’enrôlement ou après, ils sont
d’inqualifiables rebelles, de monstrueux mutins et, pour ceux-là, le
Code n’est pas tendre. Ne faut-il pas, au gré des profiteurs du Régime
bourgeois, de la chair à plaisir et de la chair à canon ?
Il y a également rébellion dans les masses exploitées. On ne vénère pas
les enrichis du travail des autres. La classe ouvrière, par moment,
semble prendre conscience de sa force et de sa valeur. On a pu le
constater, surtout avant la terrible guerre de 1914-1918, au temps où
le Prolétariat savait s’organiser en dehors des politiciens et des
intellectuels et, confiant en lui-même, croyait à son émancipation
sociale par sa propre action, directement exercée contre tous ceux qui
exploitent, commandent, trompent, asservissent. Il était sur la bonne
voie du syndicalisme révolutionnaire, se suffisant pour affranchir les
producteurs du Patronat, du Salariat et de l’Autorité sous toutes ses
formes. Les travailleurs reviendront à ces efficaces méthodes. Ils
répareront les dégâts de la désunion causée par la question politique
et ils rattraperont le temps perdu.
Il nous faut parler ici d’un genre de rébellion particulièrement
intéressant. Cela se passa pendant la guerre de 1914-1918 et l’on en a
parlé depuis. Des volumes, des articles de journaux ont donné des
éclaircissements sur ces faits connus maintenant et classés sous le
titre de Mutineries dans l’Armée française, en ce sens, de
significatives rébellions contagieuses.
C’est ainsi que, dans le journal l’Œuvre, Paul Allard a publié sous ce
titre une série d’articles, d’après les Comités secretsqui se sont
tenus à la Chambre des députés, sur les Mutineries de 1917.
Ces articles ont fait sensation et nous pensons que le volume qui
paraîtra aura le succès de curiosité qu’il mérite. Il faut savoir ce
que furent ces mutineries d’après les Comités secrets. Voici donc ce
qu’annonçait Paul Allard, dans le journall’Œuvre, du 26 août 1932 :
« C’est le 29 juin 1917 que s’ouvrit - dans quelle atmosphère de fièvre
et de passion ! - la deuxième série des Comités secrets : celle où
furent longuement évoquées les fautes commises par le Haut Commandement
dans la conception et l’exécution de la meurtrière et criminelle
offensive du 16 avril 1917 et ses conséquences les plus directes et les
plus douloureuses : les mutineries.
« Et c’est une des premières révélations historiques aujourd’hui
incontestées des Comités secrets de juin et juillet 1917 : la révolte
des « poilus » - qui s’étendit d’une manière insoupçonnée du peuple
français et des combattants eux-mêmes - sur tous les fronts, même les
plus lointains (Salonique, Palestine, etc.), résulte de l’inutile
massacre de plus de 100.000 soldats français, victimes de l’impéritie
et d’on ne sait quel délire d’orgueil et de vertige de triomphe facile
du Haut Commandement, représenté par les généraux Nivelle, Mangin,
Micheler et Mazer. »
Et Paul Allard continuait en promettant des révélations sensationnelles
- sur les rebellions militaires.
Le samedi 27 août, paraissait le second article. Parmi d’autres choses,
on y lisait :
« Ce n’est pas de la gauche ni de l’extrême gauche que partirent les
réquisitoires les plus passionnés contre le haut commandement : c’est
un député de la droite, le lieutenant Ybarnegaray, qui exerça sur
l’assemblée un « effet foudroyant », par le récit pathétique et indigné
qu’il fit, d’une voix tremblante d’émotion et les yeux encore pleins
d’horreur :
« Je vois et je verrai toute ma vie, sur l’immense plateau de l’Aisne,
un quart l’heure après le départ des vagues d’assaut, ces groupes
errants de noirs courant au hasard, cherchant leurs chefs, se faisant
massacrer par les mitrailleuses et aussi par nos propres 75 !... A six
heures du matin, la bataille était commencée : à sept heures, elle
était perdue !... Nous étions loin du rêve du matin ! Le rêve, c’était
la marche en avant, l’offensive joyeuse, hardie, rapide !... Et alors,
de tout ce désordre, de toute cette douleur, de toute cette terre
sanglante, c’est une immense désillusion qui monte !... Et aussi le
reproche, la colère, les mots violents, vers ceux qui, dans un geste
imprudent, ont ainsi sacrifié le meilleur de nos soldats !... »
» Albert Favre, Abel Ferry, de nouveau Ybarnegaray, et enfin,
le capitaine d’artillerie Albert Lebrun, apportent, ensuite, un
ensemble de faits écrasants.
» M. Albert Lebrun résuma, avec son éloquence sobre, précise
et dépouillée de polytechnicien, les fautes commises par les grands
chefs militaires.
» Pour sortir de la situation où nous sommes - conclut le
futur chef de l’État - il faut trouver autre chose ! Le gouvernement
n’a pas su contraindre le haut commandement à abandonner cette sorte
d’omniscience qu’il affecte (applaudissements) ni l’obliger à s’adapter
aux faits, et à ne pas se laisser surprendre par eux comme nous l’avons
été depuis le début de la guerre ! Ce sont ces faits que nous ne
voulons plus voir se reproduire ! ” (Vifs applaudissements sur tous les
bancs.)
» M. Diagne, défenseur-né des troupes noires, fit, à son
tour, un récit émouvant, appuyé de menaces précises, du « massacre des
noirs de l’armée Mangin. »
Il révéla qu’avant son interpellation, un officier d’ordonnance du
général Mangin était venu lui demander, au nom de son chef, de retirer
son interpellation. Faisant allusion aux événements du 16 avril, il lui
en a donné cette explication
« Nous avons été desservis par le temps : le marronnier du 21 mars n’a
pas fleuri ! C’est là notre seule faute ! » (Bruit sur tous
les bancs.)
Quant aux malheureux nègres, « fondus par le feu, en débandade par
suite de l’absence des chefs tués, obligés par le froid de mettre leur
fusil sous le bras, en parapluie, incapables de se servir de leurs
grenades, de mettre baïonnette au canon, voués à un véritable massacre
sans utilité par l’inimaginable légèreté des généraux. » M. Diagne
conclut :
« Et c’est à ces hommes-là que vous demandez de finir la guerre pour
vous ? Non, messieurs ! Je n’accepte pas cette idée. Je ne veux pas
vous humilier : ce n’est pas digne de la France ! »
Le dimanche 28 août 1932, sous la signature de Paul Allard, paraissait
dans l’Œuvre, un troisième article, intitulé : La parole est à M.
Laval. Le député d’Aubervilliers avait signalé à la Chambre combien
était mauvais l’état moral du pays en général et, plus
particulièrement, celui des soldats du front.
C’était bien une révolte militaire, cette rébellion, cette mutinerie si
grave, si contagieuse que ceux de l’arrière qui en avaient eu
connaissance en tremblaient de frayeur ou en tressaillaient d’espoir en
la Révolution possible et en la paix immédiate.
Le lundi 29 août, l’Œuvre insérait, sous le titre : Le Rapport du
général Pétain, un quatrième article. Voici des extraits de ce rapport :
« Des actes d’indiscipline collectifs - écrit le général Pétain - se
multiplient de façon inquiétante depuis quelques jours. Une compagnie
qui doit participer aux nouvelles attaques sur le moulin de Laffaux,
refuse de monter en ligne. Dans les cantonnements, partout sont posés
des papillons : « A bas la guerre ! Mort aux responsables ! » Les
hommes déclarent hautement qu’ils ne veulent plus se battre tandis que
dans les usines, leurs camarades gagnent 15 à 20 francs par jour. »
» ...19 mai : un bataillon qui devait faire la relève se
disperse dans les bois. »
» 20 mai : un dépôt, divisionnaire désigné pour renforcer un
régiment parcourt les rues au chant de l’Internationale, fouille la
maison du commandant de dépôt, envoie trois délégués chargés de porter
les réclamations. »
» 26 mai - Les hommes de quatre bataillons qui doivent
remonter dans le secteur se rassemblent dans le cantonnement du
quartier général de la division. Les efforts du major et des officiers
sont vains pour obtenir la dispersion du rassemblement. »
» 27 mai : Dans la région de La Fère-en-Tardenois, un
bataillon doit être embarqué en auto pour entrer en ligne. Les meneurs,
excités par la boisson, parcourent le cantonnement en poussant des
cris. Ils tirent des coups de fusil et empêchent l’embarquement. Au
lever du jour, les mutins courent à la gare pour prendre des trains
d’assaut. Un fort détachement de gendarmer !et les en empêche. »
» 29 mai : Les régiments qui doivent se mettre en marche
manifestent, se forment en cortège et chantent l’Internationaleen
criant : « On ne montera pas ! On ne montera pas ! »
Le mardi 30 août 1932, un cinquième article sur les Mutineries dans
l’Armée française, d’après les documents secrets. Cet article, dans
l’Œuvre a pour titre M. Diagne à la Tribune. L’auteur montre M.Diagne
plaidant avec ardeur la cause des troupes nègres particulièrement
éprouvées. Il ajoute : « Les nôtres sont venus ici pour accomplir un
devoir patriotique. Mais, à aucun moment, il ne saurait être question,
- et si le gouvernement ne m’en donne pas l’assurance, je suis décidé à
le répéter en séance publique, - en aucune circonstance, ni aujourd’hui
ni demain, il ne saurait être question de demander aux nôtres
d’accomplir une besogne qui n’est pas celle de soldats. »
Et le mercredi 31 août 1932, le journal l’Œuvre publie son sixième
article sous le titre : Au tour de M. Dalbiez.
« Le 29 juin, lit-on, c’est M. Victor Dalbiez qui, à 3 h. 35, la séance
publique étant close et les tribunes évacuées, prit la parole :
— Il est indispensable que la Chambre soit mise au courant
des renseignements que la Commission de l’armée a reçus du ministre de
la guerre. Le pays souffre de ce régime du silence qui lui a été imposé
depuis si longtemps. Le résultat de ce silence c’est que la légende -
la légende qui se crée et se propage - démoralise beaucoup plus
sûrement le pays que la vérité ! Si nous n’avions pas eu peur de la
vérité depuis le début de la guerre, et surtout si nous n’avions pas eu
peur de la dire au pays, nous ne serions pas, aujourd’hui, en proie à
de vives inquiétudes au sujet de l’état moral de nos combattants !
» Non, messieurs, nous ne pouvons pas continuer la guerre les
yeux fermés ! Vous savez que cela nous a conduits à deux doigts de
l’abîme, car les gouvernements se laissent prendre eux-mêmes aux
formules qu’ils servent au pays !
» Et nos chefs militaires s’hypnotisent, eux aussi, sur des
formules ! Quand ils disent aux combattants qu’il faut passer, coûte
que coûte, la formule leur suffit ! Ils ne savent pas que, lorsque les
mitrailleuses sont en action, il n’y a aucune volonté humaine, aucun
héroïsme qui puisse venir à bout de ces instruments-là !...
» Or l’attaque du 16 avril, cause essentielle des mutineries,
a été ordonnée alors que les états-majors savaient que les ennemis
étaient au courant de nos intentions. L’ennemi savait parfaitement
comment elle se déclencherait, à quelle heure elle se déclencherait et
comment elle serait conduite !...
» M. Victor Dalbiez montra, à l’aide de documents, que les
chefs d’unités savaient - et certains pleuraient en donnant aux poilus
l’ordre de sortir de la tranchée - qu’ils conduisaient leurs troupes à
une mort inutile. En vingt minutes, des unités entières ont été
fauchées. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que quinze jours après,
lors des attaques du 5 mai, les mêmes erreurs, les mêmes fautes, les
mêmes crimes ont été commis. »
Enfin, le jeudi 1 septembre 1932, parait le septième article sous ce
titre : Et M. Abel Ferry lui-même :
« Pourrons-nous passer un quatrième hiver de guerre ? demanda ensuite
d’emblée M. Abel Ferry. Le pourrons-nous dans les circonstances
présentes ? Chacun de vous connaît maintenant, messieurs, la crise
morale, douloureuse, par laquelle passe l’armée française. Le poilu
n’est pas tel que le représentent les journaux. C’est une pauvre chose
héroïque qui souffre, qui souffre beaucoup et qui, actuellement, est
arrivé à un degré d’usure physiologique dont, ici, vous n’avez pas
idée. » Voilà ce que disait, en pleine guerre, un député français qui
devait, plus tard, être tué à l’ennemi, M. Abel Ferry. Il n’hésitait
pas à demander au gouvernement, pour calmer la révolte des héros, des
sanctions contre les chefs responsables des plus grandes fautes...
Après avoir ainsi exposé les causes - strictement militaires - des
mutineries de l’armée, la Chambre entendit les rapports de délégués au
front.
Et, d’abord, M. Aristide Jobert.
M. Jobert n’hésita pas à opposer ceux qu’elles avaient chargés, au
front, de missions d’enquête.
Il fit une antithèse liminaire, l’impunité des coupables haut placés et
l’impitoyable sévérité pour les véritables victimes : ceux qui se sont
mutinés à la suite de ces effroyables aventures. C’est immédiatement
après que, sur tout le front, se produisirent, dans l’armée, des
révoltes.
Quant aux causes de la révolte, il y a, d’abord, le retard systématique
des permissions ; les cantonnements défectueux ; le repos dérisoire
donné à certaines unités combattantes ; les brimades...
Mais, ô surprise... après ce septième article... silence et déception.
Sans prévenir, l’Œuvre avait cessé cette publication d’articles sur les
Mutineries militaires de 1917. Que s’était-il donc passé ? Comment
expliquer cette suspension soudaine ?
C’est le 10 septembre 1932 que parut une explication sous le titre : La
Fin des Mutineries.
« Nous continuons, disait Paul Allard, de recevoir, à l’Œuvre, une très
abondante correspondance dont le thème essentiel est celui-ci : «
Pourquoi ne poursuivez-vous pas la publication de vos passionnantes
révélations sur les mutineries dans l’armée française en 1917 ? »
» Pourquoi ?
» Pour une très simple raison. C’est que l’Œuvre est un
journal qui se pique de suivre l’actualité quotidienne et ne se
considère pas comme un dépôt d’archives historiques, que le sujet des
mutineries est immense et qu’il fallait bien arrêter ce récit à un
certain moment sous peine d’encombrer, indiscrètement, les colonnes
d’un journal auquel je suis très sincèrement reconnaissant d’avoir bien
voulu présenter à sa clientèle avertie les bonnes feuilles du livre que
les Éditions de France vont lancer, dès octobre prochain, sur les «
Dessous de la guerre » révélés par les comités secrets.
» Au surplus, mon éditeur a eu la gracieuseté de m’autoriser
à faire bénéficier les lecteurs de l’Œuvre des extraits les plus
importants relatifs aux mutineries. Je lui en sais gré ; mais je ne
puis lui demander de pousser l’abnégation jusqu’à me permettre de
publier le texte intégral de mon livre dans les colonnes de l’ Œuvre...
»
Nous voici maintenant fixés sur ce que furent les rébellions pendant la
guerre.
Cela nous dispense d’y ajouter d’autres arguments. Aussi bien, les mots
résistance, révolte restant des synonymes de rébellion nous pouvons
nous y reporter. Nous y trouverons sans doute un sens particulier qui
dissipera toute confusion entre ces divers mots d’une ressemblance
toute relative. Le mot Rébellion n’a de réelle parenté qu’avec le mot
Mutinerie : Au point de vue militaire, il en est le frère jumeau. Au
mot Mutinerie nous avons donné une documentation sur ce qui passa
particulièrement dans la marine. Pour le mot Rébellion, l’occasion
s’est heureusement présentée d’utiliser les précieux documents fournis
par les articles de Paul Allard sur les Comités Secrets.
G. Yvetot