RÉFÉRENDUM
n. m.
Théoriquement, le référendum apparaît comme une atténuation du système
représentatif et comme un moyen d’obtenir un gouvernement populaire
mixte, semi-direct ou semi-représentatif. Il suppose une assemblée
élue, chargée d’élaborer les lois ; mais ces dernières ne deviennent
définitives que si elles sont ratifiées par l’approbation du peuple. Le
référendum peut, d’ailleurs, être appliqué dans des circonstances et
avec des modalités bien différentes. En Suisse, le référendum est
obligatoire pour les lois constitutionnelles fédérales et cantonales.
Il est facultatif pour les lois fédérales ordinaires, votées par les
deux Chambres (le Conseil National et le Conseil d’Etat). Dans ce
dernier cas, la demande de référendum doit être faite, dans le délai de
90 jours après leur adoption, par 30.000 citoyens votants ou par huit
cantons. Les signatures des pétitionnaires doivent être légalisées par
les autorités communales et sont examinées par le conseil fédéral qui
se prononce sur leur caractère régulier ou irrégulier. Les électeurs
répondent par « oui » ou par « non ». Pour les lois cantonales
ordinaires, le référendum est obligatoire dans certains cantons,
facultatif dans d’autres. En France, on tenta vainement d’introduire
cette institution au moment de la Révolution. Certains ont considéré
les plébiscites, en usage sous Napoléon 1er et Napoléon III, comme une
sorte de référendum. La troisième République, qui marque chez nous le
triomphe complet du parlementarisme, n’a pas admis cette institution
d’allure trop populaire. Appliqué selon des modalités variables, le
référendum existe ailleurs qu’en Suisse, ainsi en Allemagne et aux
Etats-Unis. Dans ce dernier pays, son fonctionnement est assez complexe
et diffère selon les Etats. Autrefois il était préconisé par les
socialistes des divers pays et prenait place parmi leurs principales
revendications. Ses apologistes voient en lui un obstacle au despotisme
des assemblées législatives et aux abus du parlementarisme ; il
donnerait une autorité plus grande à la loi en la faisant ratifier par
le peuple lui-même. Mais lorsqu’on n’admet pas que la majorité fasse la
loi à la minorité, lorsqu’on refuse à quiconque le droit d’imposer sa
volonté à autrui, le référendum apparaît aussi injuste dans son
principe que les autres procédés servant à la confection des textes
législatifs. Et le peuple n’est pas plus désintéressé que les
assemblées parlementaires ; la corruption électorale a pris des
proportions trop grandes à notre époque pour que quelqu’un ose le nier.
Avec le référendum l’iniquité triomphe sans peine lorsque l’opinion
publique est façonnée d’une façon méthodique et prolongée. Ce qui se
passe dans les pays où cette institution existe démontre que les
partisans du progrès ne doivent pas tourner leurs espoirs de ce
côté-là.