Accueil


VIRGINITÉ (du latin virginitas ; de virgo, vierge)

La virginité c'est l'état dans lequel se trouve une personne vierge, c'est-à-dire ayant vécu dans une continence parfaite. Par extension, le mot : virginité est employé, dans un sens figuré, pour désigner, au moral et au physique, l'état de ce qui est intact. On dit : la virginité du cœur, en faisant allusion aux sentiments des personnes qui n'ont jamais aimé ; la virginité d'une forêt ou d'un gisement, lorsqu'ils n'ont jamais été exploités et sont tels que la nature les a produits.

Au point de vue sexuel, le terme s'applique aussi bien à l'homme qu'à la femme ne s'étant pas encore livrés à l'accouplement. Mais étant donné que, dans la plupart des sociétés humaines, on fait très peu de cas de la virginité masculine, alors que l'on attache une importance considérable à la virginité féminine, c'est presque toujours lorsqu'il s'agit de la femme que le mot est utilisé.

Il n'est pas à ceci que des raisons d'ordre social. En effet, l'homme peut connaitre les joies de l'exquise étreinte, sans que sa constitution anatomique soit en rien modifiée. Il n'en est pas de même de sa compagne : sauf circonstances tout à fait exceptionnelles, lorsque celle-ci s'abandonne pour la première fois à l'assaut du mâle, et que ses organes sont pénétrés, dans toute leur profondeur, par le membre viril en érection, cet acte ne peut avoir lieu sans que soit rompue la membrane hymen barrant l'entrée du vagin, à peu de distance de la vulve. Alors se produit ce que l'on nomme : la défloration. Celle-ci est définitive, la membrane lacérée ne se reconstituant plus. D'où possibilité, par un examen médical, de constater si une personne du sexe féminin a subi les derniers outrages d'une brute, ou bien accueilli les suprêmes hommages d'un galant.

Dans l'esprit du public, il ne peut y avoir virginité réelle, chez une fille, qu'autant que celle-ci est capable d'en fournir la preuve sur le fauteuil du gynécologiste. Ce procédé de contrôle n'est pas infaillible : le coït peut avoir eu lieu sans entraîner ni déchirure ni effusion de sang, notamment en cas d'hymen corolliforme, lorsque l'épousée eut affaire à un conjoint disgracié par un pénis à la fois trop mince et trop court. D'autre part, il se peut que la membrane hymen soit naturellement absente ou qu'elle ait été détruite par accident. Enfin il est à considérer qu'une jeune fille ardente, mais avisée, aura toujours faculté de conserver jusqu'au jour du mariage légal sa virginité anatomique, même en accordant ses faveurs à une série d'amants, si, en se donnant à eux de toutes les manières dont une femme est capable de se donner, sauf la principale, elle possède assez d'empire sur elle-même pour ne pas succomber à la tentation de l'offrande décisive.

Ce qui rend précieuse, pour la plupart des hommes, la conservation de l'hymen jusqu'au soir des noces, ce n'est pas seulement la satisfaction d'amour-propre de penser qu'ils sont élevés au rôle d'initiateur, c'est encore et surtout la quasi-certitude que n'était pas enceinte déjà la femme dont ils ont accepté devant le maire la responsabilité, dont, par conséquent, les enfants seront à leur charge, inscrits à l'état civil comme étant nés de leurs œuvres.

Il est absurde de présenter la conservation indéfinie de la virginité sexuelle comme une vertu, parce qu'elle est plus souvent le résultat de la sécheresse du cœur et de la frigidité des sens, ou encore de la peur de la grossesse et du scandale, qu'elle n'est le signe d'une moralité élevée. Il est non seulement absurde, mais inhumain, de considérer comme une souillure la défloration, alors qu'il s'agit d'un acte entièrement normal, conséquence de l'amour, et sans lequel ne pourrait être assurée la perpétuité de l'espèce.

S'il n'est pas bon que des rapports conjugaux aient lieu entre des sujets trop jeunes, encore inaptes à la procréation, s'en abstenir totalement n'est pas chose meilleure, lorsqu'il s'agit de personnes formées, ayant atteint l'âge où ceci acquiert la valeur d'une nécessité d'ordre physiologique, pour l'équilibration de l'être humain.

Chez les hommes, l'abstinence sexuelle détermine des pertes séminales involontaires, des névralgies testiculaires, des maux de tête, de la dépression morale et de la surexcitation nerveuse, un sommeil agité accompagné de rêves épuisants. Cela peut conduire aux formes les plus graves de la neurasthénie.

Chez les femmes, on voit apparaître la langueur, l'insomnie, les digestions pénibles, une irritabilité capricieuse remplaçant la gaieté, des troubles menstruels, l'anémie, des perturbations émotives et génésiques. Il n'est pas rare de voir de fort belles filles, pleines de santé et de vigueur, se transformer en quelques années, sous l'influence d'un célibat qui se prolonge, et devenir maigres, jaunes, mélancoliques ou acariâtres, précocement hommasses.

Pour l'homme comme pour la femme, la virginité stagnante c'est encore, sans profit aucun pour l'intellect, une propension dangereuse aux déviations sexuelles, suites fréquentes de refoulements prolongés.

Se résigner à tous ces maux peut être justifié par d'impérieuses nécessités sociales. Il est insensé de les accepter par scrupules moraux, ou fanatisme religieux, lorsque l'on pourrait jouir d'une existence plus heureuse et conforme aux exigences naturelles.

C'est dans l'harmonieux développement de toutes, pour le plus grand bénéfice de chacune, que nous pouvons porter nos facultés, quelles qu'elles soient, au maximum de puissance durable et non dans la compression barbare d'une moitié de notre être, soi-disant au bénéfice de l'autre moitié.

- Jean MARESTAN