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ZÈLE n.m. (du grec zélos, ardeur, empressement)

Le zèle c'est l'ardeur agissante que l'on déploie en faveur soit d'une cause, soit d'une idée, soit d'une personne que l'on aime particulièrement. Si de vieilles et sottes religions continuent de prospérer, si d'ignobles partis politiques attirent une clientèle nombreuse, c'est qu'ils ont des recruteurs enthousiastes, dont l'esprit de prosélytisme est contagieux. Parce qu'ils se laissent guider par le sentiment, non par la raison, la plupart des hommes s'avèrent moins sensibles aux arguments intellectuels, qu'aux mobiles d'ordre affectif.

Certes, nous déplorons que la vérité froide et nue rencontre si peu d'amants, même à notre époque de progrès scientifique, et que l'on continue de préférer les fables ou les mythes trompeurs aux rigides conclusions imposées par l'observation impartiale et la déduction logique. Espérons qu'un jour les causes justes triompheront par la seule force de l'évidence rationnelle. Mais, pour hâter cet heureux temps, un travail d'éducation individuelle et collective s'impose qui, de la part de ses protagonistes, requiert beaucoup de zèle et de désintéressement. Zèle bien différent de l'agitation incohérente et désordonnée, dont le résultat s'avère habituellement négatif ; zèle qui se refuse à user de contrainte comme le font si volontiers nos adversaires et qui reste toujours respectueux de la liberté d'autrui. Mais zèle méthodique, réfléchi, tenace, qui ne laisse jamais le champ libre aux ennemis de la vérité, et dont la persistance surmonte des obstacles en apparence infranchissables.

L'exemple personnel, une bienveillante compréhension, la douceur gagnent souvent les esprits d'une façon plus certaine que de violentes critiques, de brusques accès de mauvaise humeur, des discussions mesquines et à perte de vue. Néanmoins, la rudesse convient parfois ; et l'on doit savoir, en certains cas, riposter vertement. Un zèle mal compris et hors de saison nuit à une cause beaucoup plus qu'il ne la sert. A côté des adversaires de mauvaise foi, il y a place pour des contradicteurs sincères qu'il ne faut pas rebuter par l'aigreur acariâtre de propos inconsidérés.

Ceux qui passent leur existence à critique les autres, sans jamais rien faire eux-mêmes, accomplissent une oeuvre négative qui n'est pas sans utilité. Toutefois, quand des appréciations respirent la malveillance ou le parti pris, elles ne grandissent point celui qui les émet. Ne décourageons pas les hommes entreprenants et hardis qui se dépensent pour une oeuvre féconde et belle, même si nous estimons préférable de nous croiser personnellement les bras.

L. BARBEDETTE