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ZOOLOGIE n.f. (du grec zoon, animal, logos, discours)

On définit habituellement la zoologie l'étude des animaux. Et cette définition suffit à donner une idée de l'importance et de l'étendue de cette branche des sciences naturelles. Au sens large, elle englobe même tout ce qui concerne la connaissance du corps humain.

Lorsqu'il s'agit d'animaux intérieurs, il est parfois difficile de les distinguer des végétaux. D'une façon générale les animaux manifestent leur sensibilité par des mouvements ou des cris ; ils se déplacent à volonté et introduisent dans leur bouche les aliments qu'ils ont pu saisir grâce à des mouvements d'ordinaire assez compliqués. A l'inverse, les végétaux ne témoignent d'aucune sensibilité ; immobiles et fixés au sol, ils ne parviennent à se nourrir qu'à l'aide de leurs racines et de leurs feuilles. Mais ces caractères superficiels et même arbitraires ne permettent pas de différencier nettement le règne animal du règne végétal. Certains plantes sont douées d'une sensibilité manifeste ; et, au dire de savants très sérieux, tous les végétaux, même les plus inertes en apparence, auraient une sensibilité que des expériences délicates arrivent à déceler. Les mouvements de la Sensitive, du Rossolis, de la Dionée, de l'Utriculaire, etc..., sont signalés dans les manuels de botanique même élémentaires. Chez les plantes les plus communes, pression, lumière, pesanteur déterminent des mouvements aujourd'hui parfaitement connus.

Dans le monde des infiniment petits, il devient presque impossible de savoir, en certains cas, si l'on est en présence d'animaux ou de végétaux, car les seconds se meuvent aussi facilement que les premiers. C'est grâce à la présence de certains éléments, de chlorophylle par exemple, que l'on opère une distinction qui reste forcément contestable et arbitraire.

Le nombre des espèces animales existant sur le globe est prodigieux. Pour les étudier plus facilement, on les ramène à des groupes hiérarchisés et de plus en plus généraux, qui permettent de dégager les caractères essentiels des différents êtres, de les coordonner et d'établir entre eux des rapports conformes à ceux qui existent effectivement dans la nature. On aboutit ainsi à une classification, qui n'est aucunement arbitraire puisqu'elle s'appuie sur les caractères profonds et permanents des espèces étudiées.

La division la plus générale des animaux consiste à les classer en Vertébrés et Invertébrés. Les Vertébrés seront eux-mêmes subdivisés en Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batraciens, Poissons. Les Invertébrés comprendront les Articulés, les Spongiaires, les Protozoaires. Chacun de ces groupes sera l'objet de divisions et de subdivisions nombreuses dont on parle longuement dans les livres de zoologie. Anatomie et physiologie occupent une place de plus en plus importante dans les sciences naturelles ; la partie purement descriptive n'est plus considérée comme l'élément essentiel. L'homme n'étant lui-même qu'un animal plus perfectionné, l'on peut et l'on doit rapprocher ce que nous savons de la constitution et du fonctionnement de son organisme de ce que la zoologie nous révèle concernant l'anatomie et la physiologie des autres animaux. De ces comparaisons se dégagent de précieux renseignements qu'utilisent la biologie générale et même la médecine.

Donner une vue d'ensemble des principaux groupes constituant le régime animal nous entraînerait trop loin et ne cadrerait plus guère avec l'esprit de cette Encyclopédie. Mais, lorsqu'il s'agit des animaux, un plaidoyer s'impose, croyons-nous, en faveur de ces habituelles victimes de la cruauté humaine. En théorie, sinon en pratique, la charité des occidentaux veut bien s'étendre à notre espèce dans ses différentes variétés ; elle ne dépasse pas ce domaine restreint où l'amour du moi garde une place prépondérante. L'Orient, si méprisé, a dû montrer la voie ; et depuis peu il est permis, chez nous, d'être bon pour certains animaux sans se couvrir de ridicule. Aux hommes la libre disposition des biens de ce monde, et la survie dans l'autre : pour eux la douleur a un prix, les larmes appellent une récompense, car justice leur est due au moins par delà la tombe. Les coups, la fatigue, avec les maigres joies d'une pauvre pitance, l'anéantissement au bout, voilà qui suffit, pensent nos catholiques, au reste des terriens. Raisonnements intéressés, peu généreux, où les contradictions abondent, car, aux regards de l'univers, peines et plaisirs de l'homme doivent se rapprocher beaucoup de ceux de l'animal. Ils prouvent un amour de l'existence, légitime certes, mais exclusif et qui s'accommode de l'injustice lorsqu'elle est profitable.

Un élargissement de notre pitié s'impose, une extension de notre bienveillance aux humbles formes de la vie, à tout ce qui souffre et meurt. En oubliant de le prescrire, morales et religions d'Occident ont laissé, pendant des siècles, se multiplier les douleurs muettes de nos frères innocents et parfois si fidèles. Dans la profusion des espèces semées par la nature, certains animaux sont nuisibles, d'autres utiles. Nous détruisons les premiers par intérêt ; le sort des seconds vaut rarement mieux, car c'est pour leur chair qu'habituellement nous les nourrissons. De l'avis commun, prolonger leur agonie, multiplier leurs peines serait criminel. Certes, la nature nous donne l'exemple de la cruauté. Sans pitié comme sans scrupules, elle livre les faibles en pâture aux forts ; elle fait parfois de l'amour du carnage, de la soif du sang de nécessaires conditions d'existence. Autant qu'une mère elle est une tombe ; à la joie elle associe volontiers la douleur, et la plante même n'est point exempte, peut-être, d'imprécises souffrances.

Mais l'homme a dépassé ce stade, grâce à sa conscience et à sa raison ; il n'est plus l'esclave d'une nature aveugle. A lui donc d'adoucir, tout au moins, le trépas de la bête ; et qu'une fin soit mise aux vivisections atroces, pratiquées sans anesthésie préalable par des carabins dépourvus de coeur. La science, espérons-le, découvrira un jour des possibilités nouvelles et heureuses, qui sauvegarderont la vie de nos serviteurs silencieux ; la destruction des germes assurera la disparition, sans douleur, des espèces dangereuses. Dès aujourd'hui, mettons un terme au martyre des éternels enfants que sont les animaux. Enfants chez qui sommeillent d'étranges virtualités : à preuve ceux qui pensent et calculent à la manière des hommes. Qu'ils soient pour nous des compagnons et des amis, non des souffre-douleur !

Comprenons aussi que dans l'univers tout s'enchaîne et se tient, que des rapports étroits nous relient à l'animal et à la plante. En pleine nature, quand la houle des verts aux nuances infinies se constelle de fleurs éclatantes, quand les corolles déversent à torrent leurs parfums, et que les mille bruits de la vie s'élèvent en harmonieux concert, il arrive au moi de se fondre, vibrant à l'unisson d'un rythme souverain. Et devant l'éternel tourment de la mer agitée, et devant les pics altiers aux robes virginales, s'élargit aussi, dans un envol divin, l'horizon borné de notre personne. Tressaillements d'une âme sensible aux frissons de la terre ; intime communion des hommes et des choses ; fraternité totale dans l'universalité de ce qui vit.

Poésie, dira-t-on. Poésie sans doute, mais qui a le mérite de se confondre avec la vérité ; poésie dont les racines plongent, non dans la fiction, mais dans un savoir que n'obscurcit nul préjugé. Car elle est aujourd'hui évidente, la fondamentale identité de ce qui pense et de ce qui vit, de ce qui vit et de ce qui est. Minéraux, plantes, animaux, humains, comme les branches dans l'arbre, la verdure et les fleurs, sont seulement les étapes d'un même devenir vivant. Partis de communs germes, ils se rejoignent dans une semblable destinée ; sous la diversité des formes et des individualités transitoires s'avère la pérennité d'éléments primordiaux. La mort ne peut atteindre que la synthèse éphémère des personnes ; tout se meut, tout vit dans le cosmos, et la matière inorganique elle-même recèle de sourdes aspirations. La pitié n'est donc point trompeuse qui nous incline vers l'oiseau blessé ou la rose qui meurt ; et c'est faire oeuvre de rédempteur que d'apprendre aux hommes qu'il est temps de s'aimer. L'interdépendance des terriens est un fait que les recherches positives ont rendu plus certain. Et, puisque les virtualités d'amour et de pensée, en sommeil chez le végétal, s'épanouissent chez l'homme en magnifiques floraisons, à lui d'instaurer l'ère d'une paix souveraine, à lui de soumettre le monde à l'empire de la raison.

L. BARBEDETTE