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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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Libre pensée arabe (Situation actuelle) III
Mohamed El Khébir
Article mis en ligne le 20 septembre 2020

}}L’apostasie est passible de la peine de mort dans 12 pays : Afghanistan, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Iran, Malaisie, Maldives, Mauritanie, Nigeria, Somalie, Soudan, Yemen. Bahreïn, Brunei, Comores, Gambie, Irak, Koweït, Tanzanie,Oman,, elle est punie par des peines de prisons.

Ailleurs, là où l’apostasie n’est pas inscrite dans le code pénal, on poursuit les blasphémateurs pour trouble à l’ordre public, atteinte à la dignité des croyants, etc....

Le problème n’est pas tant l’athéisme en soi que le fait de le déclarer publiquement. C’est contre ceux qui clament leur défection à l’islam que les autorités religieuses se mobilisent. Et la charge est forte : elles condamnent l’athéisme comme blasphème (faute religieuse), atteinte à la morale (faute sociale) et trouble à l’ordre public (faute politique). De tels chefs d’accusation conduisent à l’ostracisme, la discrimination, le rejet, la persécution ou encore à une condamnation pouvant aller de l’amende à la peine de mort.

Au cours du demi-siècle écoulé, l’attitude envers les apostats a varié d’une relative indifférence, avant les années 70, à la répression, après. En Égypte, dont la législation ne prévoit pas la peine de mort pour apostasie, ils risquent de perdre leurs droits civiques, d’être lynchés par une foule en furie ou tués par un proche chargé de laver l’honneur de la famille ou par des islamistes. C’est ce qui est arrivé en 1992 à Farag Foda, qui appelait dans ses écrits la sécularisation de la société égyptienne et qui s’opposait frontalement au courant islamiste : il a été assassiné par des membres du groupe Gamaa Islamya après qu’un conseil d’Al Azhar l’a déclaré blasphémateur et apostat. Et c’est arrivé aussi à Turan Dursun , ancien imam turc devenu athée et militant socialiste, assassiné par des terroristes islamiste en 1990. Beaucoup décident donc de chercher refuge dans un pays non musulman, généralement en Occident.

Turan

Beaucoup d’athées adoptent donc par prudence des attitudes en apparences religieuses : port du voile pour les femmes, fréquentation de la mosquée ; ces comportements contraires à leur convictions entraînent souvent des troubles psychologiques (dépressions, anxiété,…). D’autres s’engagent ouvertement dans la lutte pour la défense de leurs idées qu’ils jugent avant tout être une lutte politique : si la religion est une forme de surveillance qu’exercent ceux qui détiennent le pouvoir, la religion devient politique, et tout rejet de la religion constitue de ce fait un acte politique.

Un de ceux-là affirme : « Aussi longtemps que des incroyants sont persécutés, aussi longtemps que la religion s’immisce dans la vie privée des gens, je ne peux pas la rejeter simplement comme une affaire strictement personnelle.  ». Ce que les plus politisés de ces dissidents appellent de leurs vœux, ce pour quoi ils s’engagent, c’est la fin des menaces et des intimidations dont souffrent les apostats et l’instauration d’une société séculière au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Hassan_Abdel-Samad

Pour sa part, Hassan Abdel-Samad [1] prédit que « … la sécularisation de l’Égypte n’est pas qu’une possibilité, c’est une certitude. Ce qui est moins clair, c’est le prix que le pays devra d’abord payer. L’Histoire me dit que le sang coulera. »

Combien y a-t-il d’athées et de non religieux dans les pays musulmans ?

Étude arab-barometer [2].

Une étude menée en 2013 et répétée en 2018 sur les sentiments religieux dans 11 pays arabes a montré que la part de personnes se disant athées est passée de 8% à 13% en cinq ans (soit plus de 50% de progression), le chiffre atteignant même 18% d’athées chez les moins de 30 ans !
Les plus nombreux à se déclarer athées sont les tunisiens (près de 30% des sondés) étonnamment suivis par les libyens (environ 25%) qui sont 3 fois plus nombreux à se dire athée en 2018 qu’en 2013 : un effet de la guerre civile ?

Brian Whitetaker a mené une enquête publié sous le titre « Arabs whithout god » [3], sur les parcours et motivations d’athées ex-musulmans du monde arabe anglophone.

Pour nombre d’entre eux, ces choix ont été « l’aboutissement d’une longue réflexion personnelle ». La route vers l’incroyance, souligne-t-il, « démarre avec des doutes personnels ». Ils se posent d’abord des questions sur ce qui leur paraît illogique dans les textes sacrés : pourquoi les non-musulmans sont-ils destinés à l’enfer bien que nombre d’entre eux soient sympathiques ? Pourquoi Dieu qui contrôle tout et connaît le futur laisse-t-Il certains se fourvoyer avant de les punir comme s’Il était totalement étranger à leurs choix ? Pourquoi le vin est-il prohibé alors que les musulmans vertueux pourront en boire sans compter au paradis ?

Beaucoup ont glissé vers l’athéisme après s’être forgé une image très négative de la divinité en islam : « irascible, irrationnelle, injuste et se comportant pour l’essentiel de la même manière qu’un dictateur arabe ou un patriarche familial vieux jeu ».

Mariam_Namazie

En France, ces dernières années, on a commencé à parler dans la presse grand public des athée originaires de pays musulmans : article dans le Monde (L’athéisme, ce tabou du monde musulman), une interview de Mariam Namazie dans le Point (« Il y a un tsunami d’athéisme dans le "monde musulman"  »), un article dans le journal La Croix (sic !)(«  L’athéisme progresse dans le monde musulman »).

Rôle d’internet.

Internet sert aussi bien aux non religieux qu’au religieux.

Internet et les réseaux sociaux sont les principaux canaux d’expression de l’irreligion et de l’athéisme : selon une enquête il y aurait 200 à 250 groupes facebook (arabophones, anglophones ou francophones) regroupant de quelques dizaines à plusieurs centaines de personnes vivant ou originaire de pays musulmans et revendiquant leur incroyance.

Kareem_Amer

C’est sur la toile qu’une autre expression visible de l’athéisme a fait son apparition ces dernières années. En 2007, Kareem Amer est le premier blogueur condamné à quatre ans de prison pour « insulte envers l’islam ».

Des activistes se servent d’internet pour porter une critique de la religion et des sociétés musulmane : j’en citerai deux :
 Sherif Gaber militant et activiste égyptien pour la liberté de conscience, plusieurs fois arrêté par la police égyptienne et condamné à 3 ans de prison en septembre 2019,
 Hamid Abdel Samad (auteur du livre « Le fascisme islamique  ») et animateur de la chaîne TV Box of islam sur internet

On peut voir sur des chaines de télévision en langue arabe des émissions au cours desquelles des athées ou des libres penseurs sont invités :
Sayyid al Qimni, intellectuel et érudit égyptien n’hésitant pas à se déclarer publiquement mécréant en s’en prenant à l’enseignement de l’université islamique al Azhar

ahmad_harkan

Ahmad Harkan, qui a plusieurs fois tenté d’exprimer ses opinions athées, qui est aujourd’hui interdit de sortir du territoire égyptien.

Ces émissions à grand spectacle donnent parfois lieu à de curieuses scènes conflictuelles allant parfois jusqu’au pugilat, et donnant un succès de scandale à leurs contradicteurs…

Au Maroc, en 2009, quelques dizaines de personnes ont lancé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui dénonce « les lois liberticides » du Code pénal marocain et défend la liberté de conscience, de culte, d’orientation sexuelle et plus généralement l’instauration d’un État laïc au Maroc. Le MALI a fait sien un propos de Taha Hussein : « 

Seules des femmes émancipées donneront des générations d’hommes libres
 ». Ses membres les plus médiatisés sont Zineb El-Rhazaoui, et Ibtissam Lachgar, qui assument leur athéisme.

Ibtissam_Lachgar
Zineb_El-rhazaoui

 En Tunisie, en 2017, le gouvernement a reconnu officiellement l’association des libres penseurs tunisiens, grande première dans la région.
 En Turquie, l’association athée Ateizm Denergi est reconnue, mais son président, Tolga Incir, est la cible de Nihat Hatipoglu, président de l’Association pour la charia, qui a menacé de lui couper la tête et les mains…
 En Grande Bretagne, Mariam Namazie, d’origine iranienne, militante du parti communiste ouvrier d’Iran, crée en 2007 le Council of ex-muslims, reconnue par le gouvernement britannique, dans le but de venir en aide aux personnes originaire de pays musulmans persécuté pour leur athéisme ou leur dissidence. Selon elle, le regard porté par une grande partie des Occidentaux sur les dissidents musulmans ayant trouvé asile en Occident pose problème : ils sont considérés comme une masse absolument homogène alors qu’une grande diversité de croyances, de pratiques religieuses et de convictions politiques les caractérisent.

Et cette vision « essentialisée  » produit deux effets opposés. Les pro islamistes de gauche ne voient en eux qu’une « communauté » à défendre. Mais ils ne saisissent pas qu’en prenant fait et cause pour les « droits des musulmans à pratiquer leur religion », ils défendent un système radicalement contraire à leurs propres «  valeurs progressistes  ». Quant à l’extrême droite, elle ne veut voir en eux qu’une masse compacte envahissant l’Occident sans du tout comprendre que beaucoup de ces musulmans cherchent à fuir les mouvements islamiques totalitaires et rêvent de laïcité.

 D’autres conseils d’ex-musulmans existent : USA, Allemagne, France. :
La situation des membres de Mukto Mona, association de libres penseurs du Bangladesh, est dramatique ; plusieurs de ses membres ont été assassinés par des terroristes : Avijit Roy, son fondateur, Ahmed Rajib Haider, Washikur Rahman.

Taslima Nasreen, gynécologue et écrivaine bengalie a du se réfugier en Europe après qu’elle a été menacée de mort pour ses positions sur le droit des femmes et son opposition aux partis islamistes.

Il existe des groupes d’athées et libres penseurs en Indonésie, en Inde, au Sri-Lanka, en Malaisie : ils sont pour la plupart dans la clandestinité, sont menacés ...

Des femmes se font entendre :

 

Ayaan-Hirsi-

Ayan Hirsi Ali née en Somalie, opposée à l’excision et au sort réservé aux femmes, réfugiée au Pays-Bas puis aux USA,
 Wafa Sultan, syrienne réfugiée aux USA, qui s’est fait connaître en 2006 du grand public de langue arabe lors d’une émission télévisée pendant laquelle elle portait la contradiction à un théologien musulman qui l’a accusé d’hérésie.
 

Chala_Chaffik.

Chala Chaffik publie différents ouvrages pour analyser la dimension totalitaire de l’islamisme en tant qu’idéologisation de l’islam. Elle défend par exemple que le voile des femmes constitue la bannière du projet politique islamiste en ce qu’elle symbolise le contrôle sur la liberté de la femme, déclarant « le voile marque le corps comme un lieu de péché ». Elle argumente que la mondialisation crée des terreaux pour le développement de mouvements identitaires néo-conservateurs, qualifiant l’islamisme comme le « plus virulent et spectaculaire ». Elle place la laïcité comme l’unique voie pour développer les droits des femmes
 

Rana_Ahmad.

Rana Ahmad a fui son pays, l’Arabie saoudite, car elle y était menacée de mort en raison de son athéisme. La jeune Saoudienne a écrit un livre [4], « Ici, les femmes ne rêvent pas », pour raconter son histoire. « J’ai quitté l’islam quand j’ai compris que les femmes, dans d’autres pays, pouvaient vivre comme elles voulaient et qu’elles étaient libres ».

Quelques auteurs

 

Ismail_Adham.

L’Égyptien Ismaïl Adham (1911-1940), écrivain et critique littéraire d’Alexandrie, provoque la colère du recteur d’Al-Azhar au début des années 1930 après avoir mis publiquement en doute l’authenticité des hadiths. En 1936, il publie Pourquoi je suis athée, qui suscite une violente polémique.
« J’ai abandonné les religions et toutes mes croyances, écrit-il, et j’ai placé ma foi seulement dans la science et la logique scientifique. À ma grande surprise, cela m’a rendu beaucoup plus heureux qu’à l’époque où je luttais pour ne pas perdre la foi ». Ce personnage demeure très controversé, en raison de sa tendance à la mythomanie et selon certains de ses impostures au regard de son soi-disant parcours universitaire.

 En 1945 le philosophe égyptien Abdelrahman Badawi publie « Histoire de l’athéisme en islam  ». L’auteur est un existentialiste, il a suivi l’enseignement à Paris d’ Alexandre Koyré, mais il se présentera comme croyant. Son ouvrage, réédité en 1993, circule librement sur internet.

 Abdallah al Qassimi (1907-1996) Voici ce qu’en dit Hamid Zanaz :

Abdallah_Al_qassimi

Non seulement il a renié et rejeté tout le patrimoine religieux islamique, mais Abdallah Al Quassimi voulait le détruire entièrement. Il a prôné, sa vie durant, une déconnexion totale avec tout ce qui est islamique. Et il ne parle pas de l’extérieur de ce patrimoine, Al Quassimi savait de quoi parler. Savant religieux dans une première vie, il a écrit plusieurs ouvrages où il a défendu férocement la religion islamique, voire le wahhabisme. Mais le cheikh n’a pu résister à sa raison, il a annoncé son athéisme acerbe dans des livres devenus aujourd’hui des classiques de l’athéisme arabe contemporain. Et en dépit de l’environnement conformiste et toute l’hostilité manifestée à son encontre, il n’a jamais renoncé à sa thèse principale : dieu n’existe pas et l’islam est l’obstacle majeur devant l’évolution des sociétés arabes. Les pouvoirs culturels officiels ont tout fait pour occulter sa pensée et son œuvre. Même après sa mort, ils ont essayé de profaner sa pensée en achetant quelques tristes témoignages évoquant son virtuel retour à la foi islamique avant sa disparition ! Mais l’internet ne cesse de le ressusciter et le présenter aux jeunes générations arabes islamisées par l’école dans tous les pays arabes (hormis la Tunisie).
Dorénavant la lecture de ses livres est possible gratuitement sur le net. Mais aucun n’est traduit en français….
« Les Hommes trouvent leurs religions comme ils trouvent leurs patries, leurs terres, leurs maisons et leurs parents. Ils les trouvent c’est tout, ils ne les cherchent pas, ne les comprennent pas, ne les choisissent pas. »
« Les religions ne triomphent que dans les combats qu’elles évitent, elles ne se battent ni contre la raison ni par le biais de la raison. Elles ne rentrent jamais dans des bagarres libres contre la raison. Et c’est pour cela qu’elles restent triomphantes. »

« L’Homme ne désire pas la connaissance qui ferait souffrir sa volonté. Il préfère être idiot mais heureux qu’intelligent et miséreux. » « S’ils ne veulent plus s’éterniser dans le sous- développement et l’ignorance, et pour sortir de leur torpeur, les musulmans doivent bénéficier du patrimoine scientifique de l’humanité, et comprendre qu’il n’y a pas de savoir nocif ni ignorance utile. Et que la connaissance est l’origine du bien et le mal vient de l’ignorance.  »

« Emprisonner la femme entre quatre murs, c’est une forme de castration. Il est juste et mieux de ne pas faire de différence entre la femme et l’homme, ni dans le travail ni dans le vêtement. »
« Ceux qui ont tendance à emprisonner leur vie par des interdits, soit par obéissance à une religion ou à des vertus, ils dévoilent ce qu’il y a en eux comme dispositions pour fuir la vie. »

  Sadek Jalal Al Azm (1934-2016) :
Ce philosophe syrien rationaliste et athée, défendant la laïcité, connaisseur de la philosophie européenne a publié en 1969 «  Critique de la pensée religieuse  », ouvrage qui lui a valu quelques ennuis. Il n’a été traduit que tout récemment en italien. En français, on ne trouve qu’un recueil d’articles, « Ces interdits qui nous hantent » [5].

« Les fonctionnaires des institutions religieuses, d’abord et avant tout Al-Azhar, les facultés de la charia, les départements de décrets religieux, et ainsi de suite sont dans un état de complète stérilité intellectuelle. Le domaine a été abandonné à l’idéologie fondamentaliste des djihadistes, car c’est la seule qui soulève des pensées dignes d’être examinées et rejetées. C’est à cause de la stérilité des grandes institutions officielles qui sont considérées comme exemplaires.
Elles sont remplies de répétitions, d’ossification, de régression, de protection d’intérêts particuliers, ce qui perpétue le statu quo et la soumission aux autorités. Si l’État est socialiste, le mufti devient socialiste, si les dirigeants sont en guerre, le clergé est pro-guerre, si les gouvernements recherchent la paix, les autorités religieuses les suivent.

ll ne fait aucun doute que dans les pays musulmans le slogan « l’islam est la solution » est attrayant et attire les gens. Cependant, je crois que ce recrutement est superficiel et sentimental, puisque lorsque les gens examineront en profondeur la substance de ces slogans et la plate-forme qui les accompagne, ils commenceront à les remettre en cause.

De même, ils soulèveront des questions pressantes, par exemple : Est-ce que le sens de
« l’islam est la solution » est le rétablissement du Califat ? Et le rétablissement du Califat est-il un programme réaliste ? Et ainsi de suite. En Russie il y a un parti tsariste qui veut établir un règne constitutionnel tsariste. S’il réussit, alors peut-être que les islamistes réussiront à rétablir le califat.

Une blague de Joha…

Je donnerai pour conclure la parole à un personnage de conte, très populaire dans l’aire musulmane (de l’Asie centrale au Maghreb, en passant par la Grèce et la Sicile, où il a laissé quelques traces...). Il représente l’irrévérence, la gouaille et la ruse propres aux gens de peu qui se moquent des tyrans, de la religion et de ceux qui se disent nos maîtres. Il s’agit de Joha, connu aussi en Orient sous le nom de Nasr Eddin.

« À la fin de l’office du vendredi, l’imam, emporté par un élan mystique, s’écrie d’une voix forte :
Ô Tout-Puissant ! Donne-nous la foi ! Donne-nous la force et l’humilité ! Donne- nous le repentir de nos fautes ! Éloigne de nous les mauvaises pensées !...
À ces mots, Joha se lève et crie encore plus fort :
Ô Tout-Puissant ! Donne-moi des montagnes d’argent, une belle maison, des femmes, des baklavas à la pistache !...
Arrête, mécréant, blasphémateur, fils de chien !
Tiens ! Mais nous faisons pourtant la même chose l’un et l’autre, s’étonne Joha : chacun demande ce qu’il n’a pas. »