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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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A
Article mis en ligne le 4 juillet 2022

Abbeville Institute (Caroline du Sud) : association regroupant, selon ses dires, plus d’une centaine d’universitaires et de « chercheurs », créée en 2002 notamment par Donald W. Livingston*, avec le soutien d’Eugene Genovese, historien marxiste de l’esclavage devenu réactionnaire. Elle édite une revue et un blog en vue de restaurer l’image et les traditions « positives » du Sud. Livingston prétend que le Sud aurait subi un « nettoyage ethnique » et que les Blancs auraient été autant victimes de l’esclavage que les Afro-Américains !

Abbey, Edward (1927-1989) : de nombreux romans et essais de cet écrivain américain ont été traduits en français. Il était à la fois opposé à l’immigration et partisan du port des armes à feu, mais Le Monde et son (principal) éditeur français nous le présentent comme un écolo sympathique, un anarchiste non violent qui aurait été surveillé toute sa vie par le FBI. Pas un mot sur ce passage de ces Confessions of a Barbarian (1963) extrait du journal qu’il tint entre 1951 et 1989 : « Suis-je raciste ? Je suppose que oui. Je ne souhaite certainement pas vivre dans une société dominée par les Noirs, les Mexicains ou les Orientaux. » (Cité sur le site du SPLC [1]*.)

Abernethy, Virginia [2] (née en 1934) : anthropologue et professeure de psychiatrie américaine d’origine cubaine, violemment opposée à l’immigration (!) pour des raisons à la fois économiques et sanitaires (!), elle s’est présentée aux élections présidentielles de 2012 comme vice-présidente pour l’American Third Position*, parti qui promeut la « séparation ethnique ».

accélérationisme : ce concept fumeux a plusieurs acceptions, mais, à l’extrême droite, il désigne ceux qui souhaitent augmenter (« accélérer » ) les conflits interethniques aux Etats-Unis, ou dans d’autres pays. Pour ce faire, les fascistes préconisent de voter pour les candidats les plus radicaux (de droite ou de gauche) ; d’attaquer et d’agresser les minorités ethniques et les Juifs ; et de commettre des attentats, pour aboutir au chaos et à la fondation d’un État 100% « blanc ». Cette idéologie a été revendiquée par le tueur du massacre de 51 musulmans à Christchurch en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2010, et est fréquemment mentionnée dans des forums et salons de discussion des suprémacistes blancs. Elle a pris son essor aux Etats-Unis après que les militants d’extrême droite les plus radicaux (comme ceux d’Atomwaffen Division*) eurent constaté que Trump n’allait pas assez loin et qu’il fallait passer à une offensive plus violente et ne pas compter sur ce président. Cette idéologie a inspiré, parmi d’autres facteurs, différents tueurs pseudo « solitaires », qu’ils soient antisémites (comme celui qui tua une femme et blessa cinq personnes dans la synagogue de Poway en Californie, le 27 avril 2019) ou racistes anti-immigrés (comme celui qui tua 23 personnes dans un magasin Walmart à El Paso le 3 août 2019).

alternativeright.com : site fondé en 2010 par Richard Spencer* et qui a probablement donné son nom au mouvement de l’alt-right, même si l’expression était apparue bien avant.

alt-light (ou alt-lite) : courant d’extrême droite supposé être plus modéré, moins violent et plus intello que l’alt-right. Elle prétend rejeter le suprémacisme* blanc prôné par Richard Spencer*. Les passerelles idéologiques et personnelles entre les deux courants sont cependant très fréquentées.

alt-right [3] : L’Alt-right rassemble des individus aux appellations très diverses comme les « réalistes raciaux* », « les archéofuturistes », les « anarchocapitalistes », etc. Selon Shane Burley, « l’Alt-Right défend le nationalisme racial, l’inégalité entre les peuples et les races, les rôles de genre traditionnels, l’antisémitisme, la nécessité d’une hiérarchie et une hostilité générale contre la démocratie. Ce qui différencie ce courant des néonazis qui vocifèrent en brandissant des svastikas, c’est le fait que l’Alt-Right rassemble des individus doués en informatique, qui emploient des éléments de langage intelligents et reconnaissables, sont issus de la classe moyenne supérieure et ont fait des études universitaires ». Comme l’écrit Blair Taylor, « l’alt-right se fonde sur une politique identitaire blanche qui ne fait que récupérer un héritage philosophique que la gauche a temporairement emprunté à la droite [4] ».

Alternative fur Deutschland : parti populiste et d’extrême droite créé en 2013, il se prétend « ni de droite ni de gauche », et fédère des militants venant de groupuscules néonazis comme de partis « respectables » (FDP, CDU, CSU) ainsi que d’intellectuels influencés par la Nouvelle Droite. Ce parti rassemble des individus climatosceptiques, opposés à l’euro, à l’islam, au multiculturalisme, à la parité hommes-femmes, à la « repentance allemande » et à l’immigration. Certains ont des positions néolibérales, notamment en matière de retraites, d’autres protectionnistes. Ce mouvement a 81 députés nationaux (sur 736) et 228 députés régionaux (sur 1 884). Ses huit députés européens appartiennent au même groupe parlementaire que le Rassemblement national.

American Conservative, The  : magazine et site fondé notamment par Pat Buchanan*, en 2002. Il abrite un ensemble de blogs et organise aussi des conférences. Selon sa déclaration d’intention, son idéologie repose sur trois piliers : 1) la défense des intérêts de la république américaine qui n’a pas vocation à être un empire (sic !) et à intervenir militairement partout ; 2) la défense des communautés et entreprises locales, et donc la limitation de l’immigration ; 3) la défense des valeurs familiales et traditionnelles occidentales.

Le tout est accompagné de tirades (« de gauche ») contre les monopoles, le complexe militaro-industriel, les multinationales et Wall Street (opposé à Main Street*, l’Amérique profonde, de souche ou totalement « assimilée ») et (de droite) contre le politiquement correct, l’intervention de l’Etat et les « révolutionnaires culturels » (traduire les antiracistes, les anticolonialistes, les partisans des LGBTQIA++ et les féministes). Ce cocktail idéologique très spécifique trompe de nombreux militants d’extrême gauche ou de gauche, comme en témoigne l’accueil enthousiaste qu’ils ont réservé à l’article puis au livre de John Mearsheimer et Stephen Walt sur le « lobby pro-israélien) (publié par l’éditeur « de gôche » La Découverte), universitaires parfaitement réactionnaires et procapitalistes.

American Freedom Party (voir American Third Position*).

American Nazi Party : organisation créée en 1959 par George Lincoln Rockwell sous le nom de World Union of Free Enterprise National Socialists, baptisée ANP en 1960, puis National Socialist White People’s Party en 1967. Si à l’époque le groupe compte environ 500 membres, ses effectifs fondent, d’abord après l’assassinat de son fondateur par un autre fasciste, puis sous le coup des divergences idéologiques et du coût d’un procès pour l’assassinat de quatre militants et d’un sympathisant d’un groupe maoïste lors d’une marche à Greensboro en 1979. L’ANP se dissout en 1983 et certains de ses anciens membres fondent alors The New Order, qui existe toujours.

American Renaissance [5] : groupe de réflexion (think tank), revue et site de la New Century Foundation créée en 1990 par Jared Taylor* et qui prétend se livrer à « l’étude de l’immigration et des relations raciales afin de mieux comprendre les conséquences de la diversité croissante de l’Amérique ». En réalité, cette organisation « promeut des études et des recherches pseudo-scientifiques visant à démontrer l’infériorité des Noirs par rapport aux Blancs [6] » en évitant « les insultes raciales ouvertes ». La revue et le site « accueillent régulièrement [...] des racistes » comme Richard Lynn qui affirme « qu’il y a moins de psychopathes chez les Blancs que chez les Noirs parce que ces derniers souffrent d’un “trouble de la personnalité” caractérisé par une pauvreté de sentiments, un manque de honte, un mensonge pathologique [7] ». Toute la lie de l’extrême droite nationale (suprémacistes blancs, néonazis, négationnistes et eugénistes) mais aussi internationale (dont Nick Griffin*, néofasciste britannique et Bruno Gollnisch du Front national) participe aux conférences annuelles de l’American Renaissance, et, du moins jusqu’en 2006, on y rencontrait même quelques Juifs d’extrême droite. Cette année-là, leur présence a provoqué une crise ; les antisémites l’ont emporté et ceux qui étaient racistes mais pas antisémites ont créé un groupe rival, suivant la logique classique des groupuscules d’extrême droite. Depuis, il semble que American Renaissance ait pris un coup dans l’aile et se soit orienté de plus en plus vers le nationalisme blanc radical. La revue a cessé de paraître en 2012 mais le site est toujours très actif, bien que ses publications aient été suspendues en raison de ses « messages de haine » sur Twitter, Facebook, Amazon et YouTube.

American Revolutionary Vanguard : groupe rouge-brun créé par Keith Preston* à la fin des années 1990, pour, selon ses propres termes, « unir toutes les formes de pensée anarchiste, décentralisée, libertaire, anti-étatique et anti-autoritaire autour de l’objectif commun d’abolir l’État et de décentraliser le pouvoir vers le niveau de la communauté naturelle ». Derrière ce charabia, se cache en fait un projet « national-anarchiste* », « pan-sécessionniste* », qui fait l’éloge des « mouvements de libération nationale », de la Palestine au Tibet en passant par l’Ecosse, le Rojava et le Pays Basque. Évidemment, ce groupe se défend d’être (proto)fasciste...

amerika.org (dont le sous-titre est « furthest right », le plus à droite) : ce site tient un langage très cash selon le SPLC* : « les gens se répartissent en trois groupes : un groupe massif de travailleurs (90%) à qui il faut dire ce qu’il faut faire ; un groupe moins important de personnes qui sont capables de suivre des principes (9%) ; et un groupe relativement rare de penseurs, de leaders et de créateurs (1%). Ces derniers constituent des castes informelles, qui ont les capacités d’appartenir au groupe dominant, qui servent d’autorités locales ainsi que de dirigeants, et entre les mains desquelles la plupart du pouvoir et de la richesse est concentré pour la sécurité de tous. » Ce site défend l’ordre, le capitalisme, la religion, la famille, la tradition, la constitution d’un seul groupe ethnique homogène dans chaque nation ; il considère que les droits de l’homme détruisent la civilisation occidentale, et doivent être remplacés par un cocktail hétéroclite de valeurs issues, entre autres, de l’ordre des Templiers, de la mythologie germano-nordique, des valeurs des confédérés sudistes et des saints patrons des trois anciens royaumes d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse représentés dans le drapeau du Royaume uni.

American Third Position : (devenu en 2013 l’American Freedom Party [8]) : créé en 2009, entre autres, par un avocat d’affaires raciste (William D. Johnson [9]) et un universitaire (Kevin MacDonald*), ce groupe hostile aux Juifs, aux Afro-Américains et aux immigrés est devenu populaire dans les milieux nationalistes blancs et néonazis (d’où sa référence à la Troisième Position*). Il a cherché à canaliser le ressentiment des classes populaires au moment de la crise financière de 2007-2010 et l’hostilité face à Obama, et s’est présenté plusieurs fois aux élections, en recueillant très peu de voix. Il prétend vouloir « offrir des incitations financières aux immigrants récents pour qu’ils retournent dans les pays d’où ils viennent » et il s’oppose à « l’intégration dans les écoles et la diversité sur les lieux de travail » en invoquant la liberté de choix des parents. « L’American Freedom Party tente de séduire un public peut-être plus indépendant ou libertarien, en dehors des nationalistes blancs. Sa déclaration d’objectifs et la section “Problèmes” de son site Internet expriment des inquiétudes concernant la criminalité, l’économie, les attaques de drones et la surveillance gouvernementale, ainsi qu’une mauvaise gestion financière, une “base industrielle vidée de sa substance” et une “infrastructure en ruine” [10]. » Mais son véritable projet est de « défendre les intérêts des Américains blancs ».

androphilie  : les fascistes aiment utiliser des termes ambigus, leur donner un autre sens et ainsi les recycler à leur avantage. Ainsi, Jack Donovan* a écrit un livre au titre retors : Androphilia : Rejecting the Gay Identity. Reclaiming Masculinity (Pour l’androphilie. Rejetons l’identité gay et reconquérons notre masculinité). Comme l’explique Matthew N. Lyons : « Donovan prône l’“androphilie”, c’est-à-dire l’amour ou le sexe entre hommes masculins. Il ne se dit pas gay, rejette la culture gay comme étant efféminée, et justifie l’homophobie comme étant une défense de la masculinité enracinée dans les besoins de survie collectifs de la bande des mâles. Cela peut ressembler à de la haine de soi, mais Donovan ne cache pas sa propre sexualité ou ne s’en excuse pas ; il la définit d’une manière radicalement opposée à la politique LGBT dominante [11]. »

Anelauskas, Valdas  : nationaliste lithuanien, considéré comme un « dissident » (certains insinuent qu’il n’aurait rejoint l’opposition que pour pouvoir quitter son pays, alors sous domination soviétique), il obtient l’asile politique aux Etats-Unis. Au départ proche des milieux ultraconservateurs et anticommunistes, il est désormais l’une des références de l’extrême droite antisémite, négationniste et favorable au séparatisme blanc.

Anglin, Andrew [12] (1984-) : athée, antiraciste et végétalien durant son adolescence, il vire néonazi, négationniste, complotiste, suprémaciste blanc et ardent soutien de Donald Trump. Il est l’éditeur du site The Daily Stormer* (dont le nom s’inspire du journal nazi Der Stürmer) qui a eu beaucoup de problèmes avec la justice, les hébergeurs et les moteurs de recherche du Net, depuis un article injurieux publié le lendemain de la mort de Heather Heyer, tuée par un militant d’extrême droite lors du rassemblement Unite the Right*, à Charlottesville, le 17 août 2017 (Virginie)

Arktos : fondée en 2009 par un homme d’affaires suédois (qui distribuait des disques et CD pour le « pouvoir blanc » et des colifichets nazis) et un éditeur américain. Très liée à Identity Evropa*, cette maison a publié en anglais des essais des fascistes Alexandre Douguine* et Alain de Benoist, et est aujourd’hui l’un des plus grands distributeurs mondiaux de la littérature d’extrême droite.

Aryanisme.net [13] : ce site antisioniste, antisémite, néonazi et végétalien fait aussi l’apologie de l’Islam – puisque Hitler l’admirait et qu’il s’agit d’une « religion de guerriers » ! En dehors de sa partie « blog », presque toutes les autres composantes du site comportent surtout des rubriques vides.

Asatru : croyance en les dieux et déesses Ases, divinités associées à Odin (prétendu créateur du monde) et qui coexistent avec d’autres divinités, les Vanes et les Dises, dans la mythologie nordique. En 1973, le gouvernement islandais a reconnu l’Asatru comme une religion officielle. Politiquement, les adeptes de l’Asatru sont considérés comme plutôt à gauche en Islande, mais à l’extrême droite en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Atomwaffen Division [14] (2015-2020) : créé en 2015, ce groupe « accélérationniste* » néonazi américain est responsable d’au moins cinq meurtres aux Etats-Unis, mais il a des émules dans d’autres pays (Allemagne, Italie, Pays Baltes). Comme tous les groupes fascistes, ses références idéologiques sont très hétéroclites puisqu’elles vont du futurisme italien* à Oussama ben Laden, en passant par Julius Evola* et le néonazi James Mason*. Il a dû se dissoudre en 2020 suite à de nombreuses poursuites judiciaires (notamment pour avoir provoqué des interventions du SWAT – équivalent du GIGN – contre des opposants politiques en répandant de fausses informations contre eux), et certains de ses membres ont rapidement constitué une nouvelle organisation : le National Socialist Order dont l’objectif est de « soutenir le renversement de tous les gouvernements contrôlés par les Juifs dans le monde entier afin de libérer la race aryenne ». Il appelle ses membres à s’armer et à se tenir prêts à « s’emparer du pouvoir local par tous les moyens nécessaires »... Et la démocratique Amérique laisse ce groupe agir en toute impunité, ce qui fait qu’une nouvelle Atomwaffen Division est aussi apparue en 2021 !

Attack the System : site web « pansécessionniste* » issu de l’American Revolutionary Vanguard*. Tous deux ont été fondés par Keith Preston*.