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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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Article mis en ligne le 4 juillet 2022
dernière modification le 25 juin 2022

MacDonald, Kevin (1944-) : ex-militant hostile à la guerre du Vietnam, professeur de psychologie, il est l’auteur d’une trilogie destinée à expliquer que les Juifs sont « génétiquement poussés à détruire les sociétés occidentales [1] ». Ses « travaux » sont évidemment bien accueillis par les suprémacistes blancs et les néonazis d’autant que MacDonald publie désormais depuis 2009 un magazine on line, The Occidental Observer, pour défendre « l’identité blanche » et soutenir des individus comme le tueur Anders Breivik* qu’il présente comme un « penseur politique sérieux » !

Main Street  : ce terme, qui signifie la « rue principale » d’une ville, possède plusieurs sens. Il peut désigner aussi l’ensemble des PME américaines ; ou les petits actionnaires opposés aux gros actionnaires ; et enfin être employé de manière péjorative pour désigner « le matérialisme, la médiocrité, ou l’esprit de clocher censé caractériser la vie d’une petite ville », selon l’Oxford Dictionary. Quand l’extrême droite utilise l’expression Main Street, ou quand elle l’oppose à Wall Street on peut aussi y voir une opposition (factice mais très répandue dans les mouvements altermondialistes) entre les vaillantes petites entreprises productives (et leurs salariés), d’un côté, et, de l’autre, la Bourse et ses gros actionnaires rapaces et « mondialistes » (Wall Street).

Malheur National Wildlife Refuge : ce « refuge faunique national » fut créé en 1908 et faisait partie au départ d’une réserve très importante dont les Amérindiens furent expropriés à la fin du XIXe siècle. Un petit groupe de miliciens euro-américains occupa ce lieu en janvier-février 2016 et tira sur les agents du FBI et de la police venus les déloger.

Man Swarm  : le sous-titre de ce livre de Dave Foreman* est très explicite : « Comment la surpopulation tue la nature sauvage ». Et les solutions avancées sont peu originales, puisqu’il préconise de stopper la procréation et les... flux migratoires aux Etats-Unis.

manosphère : réseau de sites Web et de forums en ligne qui regroupent des hommes misogynes prétendant être dominés, exploités et discriminés par les femmes. Cela va de blagues sexistes et de conseils de drague, jusqu’à des textes justifiant le harcèlement sexuel, le viol et la violence conjugale. Dans cette « macho-sphère », les plus radicaux sont les « incel » (célibataires involontaires), individus, entre 20 et 40 ans, qui ont eu très peu de relations amoureuses, voire aucune, finissent par détester le « beau sexe » et font l’apologie, dans l’anonymat permis par la Toile, de certains tueurs de femmes.

Manson, Charles (1934-2017) : proxénète, musicien raté, fondateur d’une secte apocalyptique où les femmes sont ses esclaves, il organise – par vengeance, pour des raisons financières, et pour des raisons idéologiques (provoquer une guerre raciale en faisant endosser à des Noirs des assassinats commis par ses disciples) – plusieurs meurtres, dont le plus célèbre fut celui de Sharon Tate, l’épouse de Roman Polanski.

«  marxisme culturel  »  : aux Etats-Unis, terme utilisé par la droite et l’extrême droite pour désigner la domination (imaginaire) de l’enseignement supérieur, secondaire, voire primaire par des idées marxistes ou de gauche. De façon explicite ou implicite, cette expression cible les intellectuels considérés comme « juifs » (Horkheimer, Marcuse et Adorno, même si le second était athée et le troisième catholique) qui sont à l’origine des analyses de l’école de Francfort. Cette théorie est avancée « depuis le milieu des années 1990 par la Free Congress Foundation for Cultural Conservatism [et bien d’autres groupes réactionnaires américains] : un petit groupe de philosophes allemands, connu sous le nom d’École de Francfort, aurait conçu une forme culturelle de “marxisme” [...]. La méthode, selon William Lind [directeur de cette fondation], consisterait à manipuler la culture pour qu’elle soutienne l’homosexualité, l’éducation sexuelle, l’égalitarisme et autres, jusqu’à ce que les institutions et la culture traditionnelles soient finalement anéanties. “Ils ont élaboré un plan qui vise à détruire la culture occidentale.” Le “ils” auquel Lind fait référence est un groupe comprenant Theodor Adorno, Max Horkheimer et Herbert Marcuse, tous juifs ayant fui l’Allemagne et fréquenté l’université de Columbia dans les années 1930. Lind accuse Marcuse, qui lança le slogan “Faites l’amour, pas la guerre”, d’avoir inventé les concepts de “tolérance” et de “politiquement correct”. Il ajoute sombrement qu’Adorno et Horkheimer, qui “ont passé les années de guerre à Hollywood”, ont probablement conspiré pour utiliser les films comme “mécanisme de conditionnement social” afin de faire accepter aux Américains crédules des “perversions” comme l’homosexualité [2]. »

Mason, James (1952-) : à l’âge de 14 ans, il commence à explorer l’idéologie de la suprématie blanche et rejoint le mouvement de jeunesse de l’American Nazi Party (ANP) de George Lincoln Rockwell. Mason quitte l’école à l’âge de seize ans pour travailler au siège de l’ANP. Après l’assassinat de Rockwell en 1967, Mason reste actif dans la mouvance néo-nazie et adhère au Parti national-socialiste du peuple blanc (NSWPP) – le successeur de l’ANP – et au Front de libération national-socialiste (NSLF). En 1980, Mason prend en charge la rédaction et la publication de Siege, le mensuel national-socialiste du NSLF. Même si le NSLF a disparu en 1982, Mason a continué à produire Siege jusqu’en 1986. Pendant cette période, Mason commence à correspondre avec deux des disciples de Charles Manson* incarcérés, puis avec Manson lui-même. Bien que leurs contacts aient cessé à la fin des années 1980, James Mason continue à tenir en haute estime la vision du monde de Charles Manson, notamment l’idée que le « système » va se consumer et s’autodétruire, miné par ses contradictions internes, ce qui permettra l’avènement d’un nouvel ordre dans lequel, selon ses propres mots, il n’y aura même « pas besoin de camps de concentrations, car pas un seul contestataire ne survivra assez longtemps pour se rendre dans ce genre de refuge ». Il est devenu la référence idéologique des groupes néonazis les plus violents aux Etats-Unis, notamment l’Atomwaffen Division*, déjà responsable de cinq meurtres [3].

McInnes, Gavin : fondateur à la fois du magazine Vice (qu’il a quitté en 2008) et des Proud Boys* (qu’il a créé en 2016 pour s’en dissocier en 2018), il ne cache pas ses positions réactionnaires et racistes : « Je ne veux pas que notre culture soit diluée. Nous devons fermer les frontières maintenant et laisser tout le monde s’assimiler à un mode de vie occidental, blanc et anglophone » ; « La culture occidentale est supérieure à toutes les autres, le racisme est un mythe créé par des libéraux blancs coupables, l’islam est une culture de la violence et le féminisme “vise à démasculiniser les hommes” ». Pour diffuser ses idées, il a créé plusieurs chaînes et émissions. « Au fil des ans, il s’est pris pour un conservateur branché. Il présente souvent ses outrances verbales et ses insultes comme une forme de détournement des tabous alors qu’il défend des idées usées et périmées sur le genre, la sexualité, la race, la religion et l’égalité [4]. »

McVeigh, Tomothy (1968-2001) : ex-engagé volontaire, ce sympathisant d’extrême droite fit exploser un camion piégé devant un bâtiment fédéral, à Oklahoma City, le 19 avril 1995, tuant 168 personnes et en blessant 680 autres, dans l’objectif de provoquer une « deuxième révolution américaine ».

Métapolitique : mot prétentieux utilisé pour désigner le combat culturel mené par la Nouvelle Droite européenne, et qui a consisté à tenter de récupérer des concepts empruntés à la gauche, et à se réclamer de Debord, Foucault, Deleuze, Guattari, Marx, Lénine, Babœuf, Blanqui, Proudhon, etc. Ce concept a été ensuite adopté et adapté dans le monde anglosaxon, notamment par l’Alt-right* et l’alt-light* américaines, mais aussi par des néonazis et des néofascistes.

Metzger, Tom [5] (1938-2020) : membre de différentes organisations de plus en plus radicales (John Birch Society, Minutemen, Ku Klux Klan, White Aryan Resistance*), il se présente aux primaires démocrates pour le Congrès en 1980 où il obtient 37% des voix, ce qui lui procure une certaine notoriété. Éditeur d’un mensuel raciste et antisémite qui fait la promotion des groupes musicaux adeptes du « pouvoir blanc », il recrute dans le milieu des skinheads d’origine européenne tout en soutenant... la Nation de l’Islam*. Condamné à 5 million de dollars pour incitation au meurtre suite à l’assassinat d’un étudiant éthiopien par trois skinheads, assassinat qu’il considérait comme l’accomplissement d’un « devoir civique », son organisation s’écroule et son influence diminue considérablement. Il fut l’un des premiers à utiliser la télévision par câble pour sa propagande néonazie et il se servit d’Internet jusqu’à sa mort pour diffuser la haine raciale. Mêlé à un attentat organisé par deux de ses amis suprémacistes blancs en 2012, il réussit à ne pas être inculpé de complicité.

MGTOWS (Men Going on Their Own Way) : apparue en 2003 aux Etats-Unis, et en 2015 en France, cette mouvance d’internautes animés par une prétendue « philosophie de vie » (?) incite les mâles à se méfier des femmes, à ne prendre aucun engagement sérieux envers elles et à avoir recours aux services de prostituées s’ils n’arrivent pas à faire abstinence. En soi, ces conseils n’ont rien de vraiment nouveau, mais ces idéologues prétendent offrir des justifications pseudo « scientifiques » (fondées sur la biologie et la psychologie évolutionniste) à des comportements misogynes et machistes millénaires. Certains hommes ne supportent pas les récentes conquêtes des femmes sur le plan individuel (avortement, contraception, divorce, lois punissant le viol et le harcèlement sexuel) et social (accès massif à l’enseignement supérieur ainsi qu’à de nombreux métiers et positions hiérarchiques qui leur étaient auparavant fermés). Aux Etats-Unis, les origines lointaines de ces communautés d’hommes [6] qui se posent des questions sur leur masculinité remontent au « mouvement de libération des hommes » apparu dans les années 1970 au Royaume Uni et aux Etats-Unis. pour interroger les « privilèges masculins », la circoncision (?!), le « patriarcat », les suicides masculins, etc. Selon Wikipedia, « Le mouvement a conduit à la formation de conférences, de groupes de sensibilisation, de centres pour hommes et d’autres ressources à travers les États-Unis. Le mouvement de libération des hommes en tant que mouvement féministe libéral conscient de lui-même s’est dissous à la fin des années 1970. Au début des années 1980, ses membres se sont scindés en deux courants opposés. Ceux qui avaient mis davantage l’accent sur le “coût des rôles sexuels masculins pour les hommes” que sur le “coût des rôles sexuels masculins pour les femmes” ont formé le mouvement des droits des hommes, qui se concentre sur les problèmes rencontrés par les hommes. Ceux qui voyaient le sexisme exclusivement comme un système créé par des hommes pour opprimer les femmes ont cessé de s’interroger sur les rôles sexuels et créé des organisations d’hommes pro-féministes axées principalement sur la lutte contre la violence sexuelle envers les femmes ».

Selon un article de Slate [7], la page Facebook anglophone des Mgtows aurait 35 000 supporters dans le monde, et la page francophone 3 200, ce qui est peu ; quant au forum r/Mgtow sur le site Reddit il atteindrait les 150 000 membres, chiffre déjà plus inquiétant. Les réseaux sociaux et Internet permettent à ces hommes de se renfermer dans leurs certitudes, de se radicaliser, et peuvent les encourager à adopter des comportements violents pour traduire en actes leurs frustrations et leur haine des femmes. L’usage généralisé de photos, de vidéos, de mèmes, de témoignages personnels a permis à cette mouvance de se solidifier et aux mouvements fascistes et suprémacistes blancs de déverser aussi leur propagande dans ce milieu réceptif.

Middleburry Institute : groupuscule qui prétend « étudier le séparatisme, la sécession et le droit à l’autodétermination » et sert surtout à faire la promotion de Kirkpatrick Sale*. Si ce dernier n’est plus actif sur YouTube et le Net depuis quelques années, il est un peu plus actif sur Facebook tout en ayant une audience réduite. Une série de conventions « sécessionnistes* » ont été parrainées par l’Institut Middlebury (que dirige Sale) et ont réuni des représentants de courants aussi variés que la Second Republic of Vermont*, des mouvements souverainistes à base ethnique d’Hawaï et du Québec, et des groupes d’extrême droite comme le Parti de l’indépendance de l’Alaska et la League of the South*.

Moeller van den Bruck, Arthur (1876-1925) : théoricien nationaliste, très actif au service de propagande de l’armée allemande durant la première guerre mondiale, il est l’un des théoriciens de la lutte des « peuples jeunes » et des « nations prolétaires » contre les « nations anciennes » en voie de « décadence », thème fasciste par excellence. Cet auteur a été récupéré par la Nouvelle Droite, car ses idées réactionnaires étaient superficiellement plus « présentables » que celles des idéologues ouvertement fascistes et néonazis.

MRAS (Men’s Rights Advocates ou Activists) : si une partie du « mouvement de libération des hommes », était plus à gauche dans les années 1970 aux Etats-Unis, les défenseurs des droits des hommes, quarante ans plus tard, sont massivement réactionnaires et monopolisés par des porte-paroles misogynes comme « Paul Elam, créateur du site internet A Voice for Men, qui a expliqué lors d’une conférence que le divorce "socialise les femmes pour qu’elles soient des parasites opportunistes dans la vie des hommes" [8] » et écrit dans son magazine A Voice for Men en 2010 : « Si je devais être appelé à faire partie d’un jury pour un procès pour viol, je jure publiquement de voter non coupable, même face à des preuves écrasantes que les accusations sont vraies [9]. » Autre exemple : « Interviewé par The Independent en 2015, Mike Buchanan, le leader britannique du tout nouveau Justice for Men and Boys (And the Women Who Support Them) Party [Parti en faveur de la justice pour les hommes et les garçons (et les femmes qui les soutiennent)] a carrément visé le féminisme : “Les hommes sont dépouillés de leur famille et deviennent des portefeuilles ambulants parce que cela convient à l’État. On sait parfaitement depuis quarante ans que l’objectif des féministes est de détruire la famille nucléaire [10].” » Un documentaire, The Red Pill, réalisé par une future ex-féministe [11] a malheureusement permis de les présenter comme des victimes dont les souffrances sont ignorées par tous ! En effet, partant de faits incontestables (par exemple les hommes constituent 78% des victimes de suicides et 90% des accidents du travail aux Etats-Unis) et de comparaisons absurdes (les cancers du sein et ceux de la prostate ; l’espérance de vie des hommes et des femmes), les militants des droits des hommes glissent vers une dénonciation de plus en plus radicale de l’égalité des droits entre les deux sexes.